Chapitre 5

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La clairière baignait dans un calme habituelle, quelques oiseaux extravertis chantaient des odes à l’amour, et se déplaçaient à travers le feuillage des pins avec élégance. L’eau de la cascade en arrière fond contrebalançait cette cacophonie. Un cerf et son troupeau broutait tranquillement et les écureuils sautaient de branche en branche en quête de nourriture.

Le troupeau de chevreuil se redressa d’un coup. Une ombre, vive comme l’éclair était passée près d’eux. Elle n’était pas cachée et ne cherchait pas à les chasser. Elenwë contempla le troupeau de chevreuil qui la dévisageait. Elle ne leur ferait pas de mal et ils el sentaient bien. Certains l’ignoraient et étaient retournés à leur repas verdoyant. Le cerf la dévisageait prêt à protéger sa famille. Elle se hissa le long d’un sapin et poursuivit sa route. Elle suivait les traces que sa proie avait laissées dans le sol. Des empreintes d’une taille hors du commun ne pouvant appartenir qu’à un dragon. Il ne devait pas être âgé mais suffisamment pour venir se nourrir par ici. Elle ne voulait pas le tuer, loin de là, simplement lui faire rebrousser chemin et l’envoyer chasser ailleurs. D’autant plus que cette corvée lui avait été confiée par son oncle. Un besoin de prouver ses qualités et ses capacités, lui avait-il dit avant son départ. Ces terres étaient sacrées et devaient être protégées à tous prix. C’était en quelque sorte des foutaises puisque selon elle, si une chaine alimentaire existait, c’était justement l’œuvre de la nature véritable. Chaque chaine était dévorée par celle du dessus, les plus puissants dévorant les plus faibles. Les elfes n’avaient pas à protéger ces terres. Elles se protégeaient elle-même par toutes les vies qui les habitaient.

Elle glissa sur les branches robustes des chênes, sauta avec souplesse d’arbre en arbre, et atterrie en toute légèreté près de la cascade sur le sol rocailleux de la montagne. Le soleil l’aveuglait mais elle distinguait parfaitement le sommet du mont devant elle. S’il y a bien un endroit que les dragons apprécient, c’est l’altitude et l’air frais. La perceptive de grimper pendant des heures le long de l’imposant rocher ne l’enjouait pas réellement mais il valait mieux s’atteler à la tâche et ne pas trop réfléchir.

Elle traversa la rivière, l’eau glacée lui trempait les cuises. Elle remarqua tout à coup que du sang se mêlait à l’eau. En se rapprochant de la cascade elle remarqua une forme sombre qui était échoué sur le bas côté. Elenwë se mit à courir contre la force de l’eau de peur de trouver une victime du dragon qu’elle pourchassait. La personne était enchevêtrée dans un ensemble sombre, elle le saisit par-dessous les épaules et le hissa sur la berge.

Elle chercha désespérément le visage de l’inconnu, c’est alors qu’un sentiment de terreur lui glaça les sens et la vue. Un humain était devant elle. Elle fit un bond en arrière pour s’éloigner de l’individu. Comment avait-il pu arriver ici ? Il ne s’agissait pas d’un humain ordinaire, forcément un qui pouvait utiliser la magie. Son visage était blanc, limite aveuglant. Ses yeux marqués de rides sombre et ses lèvres presque violettes. Bien qu’il soit à l’article de la mort, il émanait de lui une force sans pareil, elle le sentait. Lui venir en aide ferait d’elle une fugitive, une hors la loi. Domptant sa peur, elle se rapprocha et le secoua. Il n’émit aucune réaction. Etait-il mort ? Pour s’en assurer la jeune femme se pencha pour écouter s’il respirait. Un faible souffle se répercuta sur sa joue et l’horreur la saisie. Qu’était-elle censé faire ?

Les humains étaient la cause de l’isolement de son peuple. Ils étaient le mal incarné, l’horreur et la terreur d’un seul tenant. Elle devait le tuer sur le champ et le laisser pourrir sur cette berge pour être dévoré par les prédateurs de la forêt. Elle dégaina son poignard et le porta à la gorge du sorcier. Il était jeune. Peut-être aussi jeune qu’elle. Bien qu’il soit à l’article de la mort, il était d’une beauté très singulière. Le sang provenait de ses poignés. Il se les était sans aucun doute tranché pour pouvoir passer le voile.

Elenwë se redressa, pointa le poignard vers le cœur de l’aventurier, déterminé à l’achevé. Les humains n’avaient pas de pitié pour les elfes. Son oncle lui avait donné tellement de livres sur l’extermination des elfes par les humains depuis les derniers millénaires qu’elle frémissait de rage. Ils s’amusaient à capturer des elfes, les disséquaient et tentaient d’absorber leur essence magique pour devenir des sorciers plus forts, plus puissants. Seuls ceux capables d’un sacrifice hors du commun pouvaient traverser la barrière magique érigée entre leurs deux mondes. Le mourant devant elle avait voulu se donner la mort pour pouvoir passer. Pourtant le Grand Eru lui-même veillait à leur protection, comment était-il possible qu’il ait laissé un tel monstre passer ?

Un profond sentiment de dégout la saisie.

Dégout à l’égard de l’étranger.

Dégout contre elle-même. Son bras refusait de lui obéir. Le poignard restait suspendu en l’air, à quelque centimètre du cœur du jeune homme. Elle le regarda, comment son cœur pouvait-il être partagé ? Des larmes de frustrations coulèrent le long de ses joues. Pourquoi Eru l’avait laisser franchir le voile ? Elle cria. Son crie se répercuta dans toute la clairière, brisant le calme et la sérénité du lieu. Elle baissa son arme. Elle ne pouvait se résigner à tuer un innocent. Même s’il était sûr que cet homme était un danger sans pareil pour son peuple, et qu’il allait sans aucun doute lui vouloir du mal, elle ne pouvait pas le tuer. Son honneur et ses croyances primait sur sa peur et son dégout.

On lui avait appris la clémence et la paix. La haine et la rage se confondait avec ses idéaux. Son peuple libre, en paix et en sécurité. La sécurité n’était pas dans l’isolement. Ils ne pouvaient pas rester cachés, ils ne devaient pas se cacher. Ces frères et sœurs pensaient vivre dans un monde en paix et en sécurité. Cette pensé la fit sourire. Quelle liberté ? Elle ne pouvait même pas quitter la forêt. La liberté n’était pas en cage. Il fallait en sortir. Elle baissa son regard sur le sorcier et scruta son visage. Peut-être qu’il était la clé.

Elle souffla et regarda le ciel. Il était bleu et parsemé de quelque nuage. Le vent caressait son visage, il chantait lui aussi à travers les branches des sapins. L’odeur de la forêt était douce et fraîche. Elle pria le grand Eru pour ne pas se faire tuer par les siens, ni bannir pour ce qu’elle s’apprêtait à faire.

Persuadé d’avoir fait le bon choix, elle hissa le sorcier inconscient sur son flanc droit et passa son bras droit par-dessus ses épaules. Elle rebroussa petit à petit chemin pour trouver un abri. Lorsqu’elle arriva près du troupeau de chevreuil, ils la regardèrent et s’enfuirent en un instant. Le sorcier agonisait. Elenwë ne faisait pas d’effort pour qu’il ne souffre pas à chaque pas. Ses frères et ses sœurs ont été suffisamment tyrannisés par les humains, elle n’allait certainement pas être douce en plus d’être clémente.

Elle se fit une promesse. Elle serait la grande libératrice de son peuple.

Le Cerf observa au loin cette scène étrange.

L’odeur des ténèbres suivait les deux jeunes gens.

Le calme paisible de la forêt était remplacé par un calme glacial.

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