Une tentative ratée

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Une tentative ratée.

Quentin et Laetitia clignaient les yeux éblouis par la lumière éclatante du soleil et son reflet sur la neige dont ils avaient été déshabitués par quarante huit heures d’enfermement dans la maison de la sorcière d’abord, dans la vieille mine ensuite…

Le petit groupe formé par les deux enfants et leurs ravisseurs se trouvait dans une clairière à l’entrée du vieux village abandonné où rien pas même un panache de fumée ne trahissait la présence de la vieille femme. Au milieu de cette clairière se trouvait une énorme cage solidement arrimée sur un traîneau destinée au Yéti.

Le professeur Lussac intima l’ordre à Laetitia d’y grimper puis s’adressa au jeune garçon :

- Maintenant toi, tu vas faire exactement ce qu’on t’a expliqué. Tu vas fouiller le village à la recherche de la vieille. Attention ! Pas de faux pas. On tient ta petite copine. Ne l’oublie pas. Et sache que je n’hésiterai pas une seule seconde à l’éliminer. Un seul otage me suffit amplement pour faire céder les autorités. D’ailleurs celles-ci me prendront plus au sérieux encore s’ils constatent que je n’hésite pas à mettre mes menaces à exécution ! Alors prends garde ! Je n’ai pas envie de devenir méchant ni de faire couler le sang inutilement mais ne t’avise pas de me faire faux bond. C’est ton amie qui en pâtirait !

Laetitia s’installa donc dans la cage. La petite fille avait froid et peur. Elle était déçue aussi car son appel au secours lancé par télépathie dans la vieille mine n’avait pas été entendu par la vieille femme ! La petite fille n’avait donc pas le don ainsi que le prétendait la sorcière. Celle-ci s’était trompée. Le fait que le Yéti soit venu à son secours n’était qu’une simple coïncidence.

C’était la première fois que la petite regrettait que ce fameux don ne fût pas réel.

Pendant que Quentin s’activait à essayer de retrouver la sorcière Laetitia réitéra ses appels au secours mentaux à tout hasard mais sans réellement y croire. La petite fille fixa une des maisons du village qu’elle supposait être celle de la sorcière car elle était la moins délabrée de toutes et lança un nouvel appel adressé à la sorcière et au Yéti.

- Madame la sorcière ! Monsieur le Yéti ! Venez à notre secours ! Nous sommes prisonniers des méchants qui veulent récupérer le Yéti et nous prendre comme otages pour s’enfuir en Amérique du Sud ! Ils veulent se servir de nous pour vous prendre au piège ! Si vous m’entendez, ne venez pas ! Ils vont vous faire prisonniers vous aussi ! Et ils sont armés…

Soudain un nouveau voile rouge passa devant les yeux de la fillette qui tenta de résister à l’évanouissement. Du fond de sa torpeur, elle entendit ou crut entendre prononcer son nom mais ses oreilles bourdonnaient et ses tempes étaient comme enserrées dans un étau.

A nouveau la petite fille entendit une voix lui parler :

- Laetitia ! Laetitia ! Que suivit un murmure indistinct que la fillette ne comprit pas.

Luttant toujours contre la perte de conscience l’enfant vit Quentin revenir bredouille et annoncer au professeur Lussac que le village était vide. Ce dernier réprima difficilement sa colère tandis qu’un de ses collaborateurs s’apercevant de ce que Laetitia, devenue blanche comme une morte avait fini par perdre connaissance, interpellait son patron qui laissa exploser sa colère tout autant que sa panique.

- Nom d’un chien ! Qu’est ce qu’elle nous fait là ? Vite François essaie de la ranimer !

Mais le dénommé François n’eut pas le temps de faire un mouvement. Au même moment un rugissement féroce déchira le silence de la montagne et tous les regards se tournèrent vers l’endroit d’où il semblait provenir.

- Le Yéti ! S’exclama Lussac. Le Yéti ! Enfin !

L’homme en avait oublié Laetitia et son évanouissement prolongé qui pouvait se révéler dangereux.

- Dépêchez vous ! Hurla-t-il. Placez vous tous en position! Toi Quentin, fais-toi voir par lui ! Ensuite lorsqu’il t’aura aperçu grimpe dans la cage ! Allons dépêchez vous !

La suite se passa très vite. Quentin obéit à l’injonction du professeur Lussac et tenta de grimper dans la cage mais la porte grillagée se referma d’elle-même devant lui sans qu’il n’y eût à cela la moindre explication logique. Le bandit lança un terrible juron traduisant la rage et l’impuissance qu’il ressentait face à cette porte refermée qu’il lui était désormais impossible d’ouvrir ! En effet le Yéti était maintenant incapable d’entrer dans la cage et la porte était bien trop lourde pour que le jeune garçon puisse la rouvrir.

De même qu’il était hors de question que lui même ou l’un de ses collaborateurs se charge de la besogne.

Le professeur Lussac était sûr en effet que la bête ne ferait aucun mal aux enfants mais nettement moins sur qu’elle ne dévorerait pas avec joie l’un de ses hommes !

- Comment diable cette porte avait elle pu se refermer toute seule ?

Mais l’heure n’était pas à la réflexion. Le Yéti apparu à la gauche de la petite clairière s’approchait de seconde en seconde. Il se dirigeait vers les hommes de main du professeur de manière plus que menaçante au lieu de se diriger vers Quentin qui s’arrachait les ongles en tentant désespérément et vainement d’ouvrir la porte de la cage.

L’abominable homme des neiges se dirigeait vers les malfaiteurs, les obligeant à se regrouper et à marcher vers la cage. De surprise ceux ci avaient fini par laisser tomber leurs armes après avoir constaté que celles ci n’avaient aucun effet sur la créature. Dans le cas présent il valait mieux avoir les mains libres pour tenter de s’en sortir plutôt que de menacer la bête qui risquait de surcroît d’en prendre ombrage…

Machinalement Quentin s’écarta et la porte de la cage se rouvrit brutalement. Apparemment sans la moindre intervention humaine.

Laetitia calfeutrée dans le coin de la cage avait repris connaissance mais n’avait pas bougé. La petite fille se contentait d’observer la scène qui se déroulait devant elle.

Le Yéti repoussa la petite bande jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus faire autrement que grimper dans la cage. Alors Laetitia se leva, ouvrit la trappe du fond, sortit de la cage et fit coulisser le verrou tandis que l’abominable homme des neiges refermait la porte grillagée derrière les truands.

Stupéfait par ce qu’il venait de voir Quentin se décida enfin néanmoins à réagir. L’adolescent ramassa la chaîne et le cadenas que le bandit prénommé François avait laissé choir dans la neige du chemin afin de fermer solidement la porte de la cage. La petite bande de malfaiteurs était désormais sous clé. Impossible pour eux de s’échapper de la cage !

Les deux enfants étaient sauvés mais ils avaient eu chaud. Quentin se laissa glisser à terre, épuisé et tremblant d’émotion.

- Nous l’avons échappé belle ! S’exclama-t-il.

- Tu l’as dit ! Rétorqua Laetitia.

- Que fait-on maintenant ? Et le Yéti où est-il ?

- Comment ça où est il ?

Quentin eut beau scruter les environs de tous côtés, plus aucune trace de l’abominable homme des neiges n’était visible, pas même des traces de pas dans la neige…

- Ça alors ! Mais où peut-il bien être passé ? C’est incroyable, il a disparu comme par enchantement !

- Il s’est peut être retransformé en sorcière ! Émit Laetitia.

- On l’aurait vu tout de même ! Viens, on va vérifier au village !

Mais au village nulle trace du Yéti, ni d’ailleurs de la vieille sorcière. La neige s’était remise à tomber et la nuit n’allait probablement pas tarder. Peu soucieux de passer une nouvelle nuit en montagne, Quentin décida d’emprunter un des scooters des neiges des bandits afin de redescendre dans la vallée où les secouristes devaient probablement rechercher les deux enfants, sans se douter que ceux ci étaient bien plus enfoncés dans la montagne qu’ils ne l’imaginaient.

Aussi, sans se soucier des protestations du professeur Lussac qui allait jusqu’à proposer une substantielle somme d’argent à Quentin en échange de sa libération ainsi qu’à lui faire la promesse que jamais plus il n’entendrait parler de lui, l’adolescent enfourcha le scooter des neiges, aida sa jeune compagne à s’asseoir derrière lui, alluma le contact du véhicule et se dirigea doucement vers la vallée.

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