Un appel au secours

Après avoir vainement tenté de calmer les larmes de sa jeune amie Quentin se résolut une fois de plus à examiner le fameux puits d’où il lui semblait avoir entendu monter des bruits de voix. Leurs ravisseurs étaient sûrement là en bas. Mais pourquoi diable les avaient ils kidnappés ?

Une hypothèse germa dans le cerveau embrumé par la fièvre due à sa récente blessure du jeune garçon. Hypothèse qui lui semblait peu réaliste mais tout de même. Et si les deux enfants avaient été kidnappés par le traître qui avait volé les embryons du Yéti au laboratoire? Qui pouvait savoir après tout si le professeur Lussac tout en recherchant le Yéti qui s’était échappé de son laboratoire secret ne les avait pas repérés alors qu’ils erraient dans la montagne ? A moins encore que le professeur n’ait déjà retrouvé la cachette du Yéti et attendant le bon moment pour le récupérer car cela ne devait pas être chose facile, n’ait aperçu la créature transporter les deux rescapés dans la vieille maison. Car Quentin était de plus en plus persuadé que c’était la créature ou du moins la vieille sorcière au cours de sa métamorphose en Yéti qui les avait transportés dans la maison.

Le jeune garçon fit part de ses réflexions à Laetitia qui approuva :

- Tu as probablement raison opina cette dernière.

- Mais cela ne nous dit pas comment nous allons sortir de ce piège…

Quentin eut alors une idée désespérée :

- Et si on croyait à cette histoire de don dont nous a parlé la vieille sorcière ? Tu pourrais peut être essayer de le maîtriser et d’appeler le Yéti ou la vieille sorcière au secours !

- Mais c’est elle qui dit que j’ai le don ! Objecta Laetitia. Moi je n’en sais rien. Et même si c’était le cas je ne saurais même pas comment m’y prendre.

- Concentre-toi très fort et appelle au secours dans ta tête. Après tout on ne risque rien et cela peut très bien fonctionner qui sait ! Essaye !

- Mais si la sorcière est encore transformée en Yéti et que cela fonctionne ? Objecta Laetitia.

- Même en Yéti je pense qu’elle ne te ferait aucun mal. Elle est persuadée que tu as ce fameux don. Tu es une collègue en quelque sorte ! Répliqua Quentin.

- Une collègue ! Merci bien ! Dis tout de suite que tu me prends pour une sorcière ! Se révolta la petite fille.

- Qui sait ? Ironisa le jeune garçon. Allez, essaye au moins, concentre toi !

Bien que n’y croyant pas tellement Laetitia, par acquit de conscience ferma les yeux et se concentra le plus fort qu’elle put en pensant à l’abominable homme des neiges ainsi qu’à la vieille sorcière.

- Au secours ! Madame la sorcière ! Monsieur le Yéti ! Au secours ! Madame la sorcière, vous avez prétendu que j’avais le don et que j’étais parvenue à vous appeler au secours lorsque nous étions perdus dans la neige ! Et pourtant je ne savais absolument pas que je vous appelais ! Maintenant nous sommes prisonniers des méchants dans une espèce de vieille galerie. Quentin affirme que nous sommes dans la vieille mine abandonnée située sur l’autre versant de la montagne. Alors si vous m’entendez venez vite à notre secours ! Si j’ai vraiment le don comme vous le prétendez, vous devez m’entendre ! Au secours ! Madame la sorcière ! Au secours ! Monsieur le Yéti ! Venez vite nous délivrer s’il vous plaît !

Assise par terre Laetitia se concentrait de toutes ses forces en délivrant son message.

Une fois celui-ci terminé, la petite fille voulut ouvrir les yeux et se relever, mais à peine eut elle saisi la main que Quentin lui tendait que ses forces l’abandonnèrent. Tout son corps fut parcouru de tremblements convulsifs, ses yeux se révulsèrent et la petite fille retomba en arrière, inanimée…

Pris de panique Quentin la secoua. Qu’avait-il fait ? Qu’était-il arrivé à Laetitia ?

C’était à nouveau par sa faute ! C’était à cause de lui et de sa peur panique de ne plus jamais sortir d’ici que Laetitia avait perdu connaissance en voulant tester son don ! Tout cela en espérant appeler la vieille sorcière au secours ! Ce qui avec un peu de malchance se révélerait complètement inutile !

Heureusement il semblait y avoir plus de peur que de mal. Sa jeune compagne reprenait des couleurs. Son visage livide revenait à la vie…

Laetitia ouvrit les yeux effarés comme surprise de se trouver là !

- Que s’est-il passé ? Murmura-t-elle. Oh mon Dieu ! Je me rappelle ! Le Yéti ! La sorcière ! Je les ai appelés au secours et tout à coup j’ai reçu comme une décharge électrique dans la tête ! J’ai aussi vu comme un éclair blanc passer devant mes yeux ! Jamais encore je n’avais ressenti une pareille chose ! C’est horrible. Jamais je ne recommencerai. J’ai bien cru que j’allais mourir !

Quentin lui passa doucement la main dans les cheveux.

- Allons c’est fini ! Oublions cela. C’était idiot de jouer à ce petit jeu-là. Fit l’adolescent à moitié convaincu seulement. En effet si Laetitia était entrée en transes au point de perdre connaissance en essayant d’appeler à l’aide ce n’était peut être pas par hasard…