Le cauchemar continue

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Après le goûter on rejoignit la salle de classe où les élèves rédigèrent la première lettre à leur famille. Il y avait tant de choses à raconter pour cette première journée !

Laetitia se demanda si elle devait parler de son cauchemar. Elle avait envie d’être rassurée par ses parents au lieu d’entendre sans arrêt les railleries des autres et elle avait surtout désespérément besoin d’un câlin en cette fin de journée épuisante. A nouveau les larmes n’étaient pas loin mais la fillette se reprit. Elle n’était pas un bébé tout de même ! Les autres ne donnaient même pas l’impression de penser à leurs parents, alors pourquoi était-elle aussi sensible?

La petite fille décida de ne pas parler de son cauchemar et d’écrire une belle lettre à ses parents dans laquelle elle décrivit le voyage, l’arrivée, le centre, la chambre et la balade de cet après-midi. Elle expliqua aussi que le paysage était magnifique mais qu’il n’y avait pas de neige, que les montagnes étaient magnifiques, les moniteurs très gentils et la nourriture excellente. Puis rajouta un petit paragraphe pour chacun de ses frères et sœur, excepté Xavier qui ne s’intéressait tout de même pas à elle ! Laetitia plia sa lettre qu’elle glissa dans l’enveloppe. Ensuite n’ayant plus rien à faire ses yeux se fermèrent d’eux mêmes…

- Aaaaaaaaaaaaaaah !!! Aaaaaaaaaaaah !!!

Les élèves en lâchèrent leurs stylos. Il y eut plus d’une rature sur les lettres destinées aux parents et monsieur Verdier faillit tomber de sa chaise.

- Aaaaaaaaaaaaaaah !! Aaaaaaaaaaaah !!!

- Laetitia ! Laetitia ! Que t’arrive-t-il encore ?

- Elle s’est endormie monsieur. On dirait qu’elle fait de nouveau un cauchemar. Répondit Sabrina.

Sylvie la secoua tandis que monsieur approchait.

- Laetitia ! Laetitia ! Réveille-toi ! Ma parole on va s’imaginer que je te torture. On n’a pas idée de hurler ainsi ! Allons Laetitia réveille-toi. Tu es en classe pas dans la montagne en train de te faire dévorer par le Yéti!

- Le Yéti ! Le Yéti ! Je l’ai vu ! Monsieur au secours! ! Protégez moi ! Il va me dévorer ! Au secours !

- Laetitia ! Calme-toi ! Tu es en classe. Il n’y a pas de Yeti ici. Il n’y a que moi et cela risque d’être pire si tu continues à hurler ainsi.

La petite fille se mit à sangloter.

- Le Yéti ! Il était là ! Je l’ai vu ! Je l’ai vu par la fenêtre. Il me regardait en souriant. Je vous le jure.

- Voyons ma puce tu dormais. Tu es très fatiguée et tu auras fait un nouveau cauchemar en t’imaginant être éveillée ! Allons ne pleure plus calme-toi. Va te passer un peu d’eau sur le visage. On va bientôt dîner et à mon avis fatiguée comme tu l’es, tu ne prolongeras pas beaucoup la veillée.

En se rasseyant à son pupitre Laetitia encore toute tremblante changea brusquement d’avis : elle allait écrire une lettre à son frère Xavier dans laquelle elle lui expliquerait son cauchemar récurrent ainsi que ses visions. L’ombre qu’elle avait aperçue dans le bois ainsi que le visage velu et moqueur qu’elle avait aperçu derrière la vitre de la classe était bien réel. Laetitia ne dormait pas lorsque la face grimaçante du Yéti lui était apparue, de cela la petite fille était sûre et certaine. Ce n’était pas un rêve.

- Après un excellent repas suivi d’une bonne douche bien chaude, Laetitia pensa que monsieur Verdier avait raison et qu’elle ne prolongerait pas la veillée. Ses yeux se fermaient tous seuls et elle n’aspirait plus qu’à une seule chose : poser sa tête sur un oreiller douillet et dormir, dormir, dormir… Dormir d’une traite jusqu’au lendemain matin.

Pourtant au beau milieu de la nuit quelque chose éveilla la fillette. Était-ce un bruit ? Était-ce le sentiment d’une présence ? Laetitia n’aurait pu l’affirmer avec certitude. Il devait être très tard car la nuit était noire et l’on n’entendait pas le moindre bruit si ce n’était celui, régulier des respirations des autres dormeuses.

Laetitia se leva et s’approcha de la fenêtre pour regarder les étoiles et penser très fort à ses parents ainsi qu’à ses frères et sœurs. C’est alors qu’elle aperçut à nouveau l’ombre. Au moment précis où les nuages, chassés par le vent laissèrent passer un rayon de lune…

Cette fois il ne pouvait tout de même pas s’agir d’un promeneur à une heure pareille ! Il ne pouvait pas non plus s’agir d’un animal car l’ombre approchant, Laetitia put constater que celle-ci se tenait droite et marchait debout comme un homme… ou comme un grand singe…

Néanmoins l’ombre semblait trop grande, trop massif, trop… Velue ? Pour qu’il s’agisse d’un homme !

Refrénant son envie de plonger la tête la première sous la couverture, Laetitia scruta l’obscurité. La chose semblait hésiter, s’approcha encore un peu, recula puis sauta sur place en levant les bras au ciel et en poussant un rugissement de fauve.

Au même moment la chose fut éclairée par un nouveau rayon de lune émergeant des nuages et elle était assez proche pour que la petite fille pût l’observer en détail, les yeux agrandis d’horreur car il s’agissait bel et bien de la créature de ses cauchemars qui avait pris corps dans la réalité et se trouvait là, au dehors à moins de cinquante mètres du centre.

Le Yéti ! C’était bien le Yéti !

Une créature velue mesurant plus de deux mètres de haut, poilue comme un singe mais à visage presque humain malgré son sourire de carnassier fait d’énormes crocs capables sûrement de déchiqueter un être humain !

Laetitia se pinça afin d’être bien sûre qu’elle ne rêvait pas et ne put s’empêcher de sourire malgré sa terreur, en songeant à Christian le copain policier de papa que l’on appelait le Yéti ! C’était vrai qu’il lui ressemblait avec ses deux mètres de haut, ses longs cheveux et ses joues mal rasées.

La petite fille se pinça à nouveau puis se frotta les yeux. Elle se risqua à jeter un autre coup d’œil par le carreau mais cette fois le Yéti avait disparu. Les nuages avaient chassé la lune, on ne voyait presque plus rien au dehors mais les abords de La Pousterle semblaient sereins. Plus aucune trace de la créature qui semblait avoir disparu aussi vite qu’elle était apparue.

Laetitia était-elle en train de perdre la raison ? Elle sentit à nouveau la terreur l’envahir et retint bravement un nouveau hurlement qui aurait probablement éveillé tout le voisinage si elle l’avait poussé…

Les jambes tremblantes, la gorge sèche, la petite fille se rassit sur son lit puis se redressa à nouveau. Non. Ce n’était pas possible ! Elle ne rêvait pas puisqu’elle s’était pincée par deux fois.

Il ne restait donc que deux solutions : soit elle était en train de perdre totalement la raison, soit elle avait bel et bien aperçu une énorme créature poilue, mi singe, mi-homme, l’abominable homme des neiges autrement dit, le Yéti ! Créature que jusqu’à présent tout le monde pensait imaginaire, sortie tout droit de l’imagination des romanciers pour enfants.

Laetitia avait beau essayer de se rassurer en tentant de se persuader que le Yéti n’existait pas ailleurs que dans Tintin au Tibet, elle n’y parvenait pas.

Était-elle en train de vivre une aventure étrange, inexpliquée comme les héros des romans Chair de poule qu’elle aimait particulièrement en vivait quotidiennement ou justement avait-elle tant lu de ces romans que son esprit perturbé imaginait maintenant des monstres partout ?

Assise sur son lit Laetitia n’en finissait pas de se triturer l’esprit mais vaincue par la fatigue, elle finit par s’endormir sans avoir trouvé de réponse à ses innombrables questions…

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