Première rencontre

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Tête baissée, genoux fléchis Laetitia fonçait sur la piste enneigée. Derrière elle suivait son amie Marine. Les deux fillettes avaient pris du retard sur l’ensemble du groupe car Laetitia avait fait une chute au début de la piste. Elles se dépêchaient maintenant pour rejoindre les moniteurs et les autres élèves qui devaient les attendre au bas de la piste. Mais tout à coup celle-ci se divisa en deux. Laetitia et Marine ralentirent : quel embranchement fallait-il prendre ? D’un commun accord les deux fillettes optèrent pour le chemin de droite qui leur semblait plus praticable que celui de gauche où l’on voyait poindre des rocailles sous la neige et où des sapins plantés çà et là au beau milieu de la piste se révélaient autant d’obstacles pour des skieuses aussi débutantes qu’inexpérimentées.

Mais que cette piste était donc longue ! Il semblait aux deux fillettes que celle ci s’allongeait indéfiniment et que jamais elles ne parviendraient à rejoindre leur groupe. Tout à coup un fait étrange se produisit : la piste se mit à monter vers les sommets de la montagne au lieu de continuer à descendre vers la vallée. Les deux jeunes skieuses commencèrent par ralentir puis par la force des choses furent bien forcées de s’arrêter.

Au même moment le ciel se couvrit de nuages jusqu’à devenir tout noir, le vent se leva et une tempête de neige d’une rare intensité se déchaîna.

Les deux fillettes terrorisées se prirent par la main. Elles tremblaient de peur. Elles étaient perdues c’était sûr et certain. Jamais plus elles ne retrouveraient le chemin pour rentrer à la Pousterle. Jamais plus elles ne retrouveraient leurs camarades ni leurs moniteurs. Jamais plus elles ne reverraient leurs parents, leur famille. Tout s’arrêtait là. Elles allaient mourir dans cette tempête de neige qui ensevelirait leurs corps jusqu’au printemps et lorsque les sauveteurs les retrouveraient, les deux fillettes ne seraient plus que des cadavres raidis par le gel…

Toutes à leurs pensées Laetitia et Marine ne firent pas attention à ce qu’elles prenaient pour le hurlement du vent dans les arbres, pas plus qu’elles n’entendirent dans un moment d’accalmie de la tempête la neige crisser sous des pas…

Ce ne fut qu’au moment où l’ombre passa près d’elles que les deux petites filles sentirent une présence à proximité.

- Il y a quelqu’un ? Je suis sûre d’avoir vu quelqu’un ! Mais dans cette tempête il ne nous a certainement pas remarquées ! Gémit Laetitia au désespoir.

- J’ai aussi l’impression d’avoir vu une ombre passer près de nous ! Mais ce n’est peut-être qu’un arbre balancé par le vent… Il n’y a personne ici ! Nous sommes perdues ! Personne ne serait assez fou pour se promener en montagne par un temps pareil ! Répondit Marine.

- On va crier très fort. Si c’est vraiment quelqu’un il nous entendra et viendra à notre secours ! Proposa Laetitia.

- Ohé ! Au secours ! A l’aide ! Nous sommes perdues ! Ohé ! Au secours ! Hurlèrent les deux fillettes d’une seule voix, profitant d’une nouvelle accalmie de la tempête.

Un rugissement épouvantable qui figea instantanément le sang dans les veines des jeunes skieuses leur répondit.

- Qu’est ce que c’est ? Tu crois que c’est le bruit du vent ? Demanda Laetitia en claquant des dents de terreur.

- C’est peut être le bruit d’une avalanche. répondit sa compagne tout aussi terrorisée.

- Je ne crois pas. Gémit Laetitia paniquée. On aurait plutôt dit un lion ou un ours !

- Oh mon Dieu ! Mais qu’est ce que c’est que cela ?

A deux pas des fillettes blêmes de peur se dressait une énorme créature velue, mi-homme, mi singe mesurant plus de deux mètres de haut. Ses bras pendaient jusqu’à terre et il semblait rire de leur terreur.

- L’a… l’a… l’abo… l’abominable… l’abominable homme des neiges ! Bafouilla Marine. - Aaaaah ! Aaaaah ! Aaaaaah ! Le Yéti ! Le Yéti ! C’est le Yéti ! Aaaaaaaah ! Au secours ! Le Yéti va nous dévorer ! Hurla Laetitia folle de panique en s’agrippant désespérément à la manche de son amie.

Laetitia hurlait toujours en s’accrochant à sa camarade lorsque tout à coup comme une musique céleste s’éleva la voix de monsieur Verdier :

- Laetitia ! Laetitia ! Voyons calme-toi ma chérie !

- Oh monsieur ! Vous êtes là ! Vous nous avez retrouvées ! Au secours ! Sauvez nous ! C’est le Yéti ! Il va nous dévorer! Au secours ! Continua-t-elle.

- Laetitia ! Réveilles-toi ma puce. Tu as fait un cauchemar. Il n’y a pas de Yéti ici. Tu es dans l’autocar et tu es en train de secouer ta voisine comme un prunier. Calme-toi. Tout va bien. Tu vois tu as réveillé tous les élèves avec tes cris de terreur… Allons tout va bien, calme toi !

S’éveillant tout à fait et reconnaissant son instituteur Laetitia devint rouge de confusion.

- Oh mince ! Je dormais ! Ce n’était qu’un cauchemar ! Oh mais quelle horreur ! S’exclama-t-elle avant de raconter brièvement son terrible cauchemar à monsieur Verdier qui l’écouta en souriant puis lui tendit la bouteille d’eau qu’il venait d’extirper du sac de la petite fille afin que celle-ci puisse se rafraîchir et se remettre de ses émotions.

- Oh mon Dieu! Je croyais vraiment que le Yéti allait nous dévorer ! C’était un rêve tellement réel ! Ajouta la petite fille encore mal remise de ses émotions.

- Ce n’est pas grave. La rassura monsieur. Tu es un peu inquiète parce que c’est la première fois que tu pars aussi loin sans tes parents et que tu ne sais pas très bien ce qui t’attend là bas. Alors tu es nerveuse et tu te laisses emporter par ton imagination ! En attendant tu nous as bien fait rire avec ton Yéti ! Allez ! Essaye de dormir plus sereinement maintenant sans quoi le chauffeur risque d’attraper une crise cardiaque !

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