Mais, revenons sur terre. Finalement, c’est mon neveu qui a raison, ce n’est pas la période pour raconter des histoires aux clients. Ce sont les derniers jours avant les fêtes et les dernières occasions d’exploser le chiffre d’affaires, ce fameux chiffre d’affaires sur lequel mes responsables bien assis dans leur bureau ont les yeux braqués jour et nuit, celui qui déterminera mon pourcentage, celui qui me fera partir en vacances en Espagne ou en Thaïlande, selon le montant !

Les clients sont fatigués, énervés, ils n’ont pas fini leur liste de Noël, il reste à trouver un cadeau pour la belle-mère ou le petit ami de leur fille. Ils sont prêts à prendre n’importe quoi. Ils trainent avec eux des adolescents renfrognés, des enfants hurlants, ils encombrent les travées du magasin trop petit avec des poussettes énormes et des parapluies dégouttant de bruine. Ils arrivent en force, c’est aussi la balade du dimanche. Mais bon sang, ils n’ont pas autre chose à faire le dimanche qu’à courir les magasins ?

Ce n’est pas vraiment ma période préférée. On ne fait plus que de la vente à la chaine, pas de conseil, il y a trop de monde, il faut aller vite. Et il faut avoir l’œil aussi, sur la casse et les vols que favorise cette foule qui musarde avec ses gros manteaux d’hiver fumants dans l’espace minuscule comme des éléphants dans une maison de poupée.