Je me retiens de pleurer alors que je me recroqueville sous ma couette. Quelle cruche je fais ! Je suis toujours en tenue de classe mais je m’en fou. J’ai chaud mais je m’en fou. Léticia m’observe mais je m’en fou.

J’ai envie de disparaitre.

Le jour se lève et je me réveille instinctivement. J’ai dormi je ne sais pas quand mais j’ai absolument mal dormi. Les bras, qui habituellement m’enlacent tendrement, ont manqué de m’étouffer aujourd’hui.

Léticia m’observe de loin mais ne dit pas un mot pour une fois. Elle sait que j’ai besoin de digérer.

Tout le long des cours j’ai une tête de morte vivante et du coup personne me calcule, même pas les profs.

Lorsque les cours finissent enfin, je veux rentre aux dortoirs mais non. Je me dis que ça serait lâche de ma part de juste disparaitre comme ça. Il doit bien comprendre que j’ai vu son coup bas venir de loin. Il comprendra si je disparais juste me direz-vous. Mais ce n’est pas assez ! Et n’allez pas croire que je veuille une dernière fois écouter sa voix !

Je me dirige alors vers mon coin pour l’ultime combat ! Il m’a laissé comprendre qu’il y serait encore aujourd’hui.

Lorsque j’y arrive, je suis plus très sure de moi.

« Allez ma vieille ! Te dégonfle pas ! »

Je m’encourage ainsi et finit par crier plus que parler.

-Brandon !

-Mileva ? entends-je de l’autre côté du mur. Tu es venu…

-Je suis venu te dire adieu.

-Ad… Quoi ? Comment ça ?

-Tu veux arrêter de fumer pour une personne que tu ne connais pas. Mais à qui est-ce que tu voulais faire croire ça ?

-Je te connais figure toi !

Actuellement, on se crie dessus plus qu’on ne se parle.

-Ahhh on se connait ? dis-je sarcastiquement.

-Oui ! Tu es Mileva Epée, 16 ans, et tu es enfant unique, en internat depuis 4 ans et ta meilleure amie c’est…

-Ah ! le coupe-je. Mais c’est que monsieur a bien retenu notre conversation de la dernière fois ! Et je ressemble à quoi monsieur Je-sais-tout ?

Je fixe le mur d’un air de défi. Aha ! On se connait pas ! Et j’ai raison et il le sait et ça fait mal. Ca me fait mal de voir qu’il ne riposte même pas. Alors c’était vrai…