Oubli

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Je m’apprête à faire un pas en avant lorsque j’entends une voix au loin.

« COUVRE-FEU DANS TRENTE MINUTES !!! »

Je n’ai plus le choix. Je fais des pas à reculons, refusant de quitter du regard cet homme au-delà du mur… Mais je dois partir et m’y force.

Toute la nuit, je reste silencieuse, agaçant au passage Léticia, perdant mon regard de l’autre côté de ma fenêtre dans les lumières de la civilisation où se trouve peut-être mon consolateur, mon inconnu.

Dès le lendemain matin, je cours vers mon coin. Je ne sais trop quoi faire. Parler à un mur ? Hier au moins je devais dire merci mais vous vous imaginez saluer un mur ? C’est ridicule ! Complètement ! Mais alors je me souvins de ses paroles.

« Je pourrais t’attendre toute ma vie… »

Et je le fis.

-Salut…

Et rien… Je me sens alors ridicule ! Mais qu’est-ce qui m’a pris de considérer les paroles d’une voix derrière un mur ? Je me trouve alors vraiment bête. Et pourtant, dès lors, chaque matin et chaque fin de cours voit arriver mon guet. Je suis devenue la gardienne officielle de mon coin et ce, une semaine durant.

Vendredi après-midi, je suis épuisée. Toutes les nuits, je ne trouve pas le sommeil à force de rêveries et en journée, je n’ai pas le temps de me reposer entre les cours et les surveillances.

Sans savoir quand, je m’endors et je rêve de bras. Des bras fermes et virils me serrant contre un torse dont j’ignore le propriétaire, mais qui dégage une senteur et une chaleur qui me font me sentir à ma place, insouciante, aimée. Toujours le même rêve depuis mes quatre ans.

Mais je suis réveillée en sursaut par un bruit fort et brut !

« COUVRE-FEU DANS TRENTE MINUTES !!! »

-Bon sang !

-Eh ! Ca va ? Dis une voix venant du mur.

Je n’en reviens pas ! C’est la même voix ! C’est lui ! Il y a une minute je rechignais d’avoir été réveillée mais maintenant, me voilà sur mes pieds en deux secondes.

-Quelqu’un a crié ! Ca va ?

Quelqu’un a crié ? Qui ça ? Moi ?

C’est alors que je me rappelle que j’ai bel et bien crié en sursautant au réveil et avec le recul, j’en suis heureuse !!! Par contre, je suis moins heureuse qu’il n’ait pas reconnu ma voix.

-Ca va ?? Persiste-t-il.

-Oui. C’est bien toi ?

Mon corps se colle instinctivement au mur comme pour me rapprocher de mon interlocuteur.

-Euh… Répond-t-il. Moi ? On… On se connait ?

Il m’a vraiment oublié. Complètement. Moi qui pensais que je ne pouvais pas être plus blessée que je ne l’ai déjà été.

-Non, on ne se connait pas, lui réponds-je la voix brisée. Définitivement.

Et je m’en vais en vitesse malgré les sons qui s’échappent du mur.

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