Découverte

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J’ouvre la bouche comme guidée par mon âme lorsque je suis interrompue par une personne me sautant dessus.

C’est Léticia. Je ne l’ai même pas entendu arriver alors que la connaissant, elle n’a pas dû être très discrète.

J’étais pour ainsi dire, complètement connectée à l’inconnu. Cet inconnu avec qui je me suis coupé du monde comme il ne m’était jamais arrivé. Cet inconnu qui m’a fait découvrir d’autres émotions…

J’en veux à Léticia de m’avoir volé ce moment, mais je sens bien la tristesse dans son étreinte. Elle s’en veut déjà assez. Et maintenant qu’elle m’a réveillé, je me demande bien ce qui m’a piqué de parler à un inconnu au point de vouloir lui dévoiler ma vie et mes secrets les plus enfouis. Pour moi, une experte du renfermement, ça m’étonne. J’ai dû devenir folle pendant l’appel ! C’est ça !

-Pardonne-moi !!! commence alors Léticia. Je ne pouvais pas savoir ! Je ne pouvais pas ah Seigneur !

-Ca va t’inquiète ! Partons d’ici.

Je l’aide à se lever et elle ne veut pas me lâcher mais ses regrets sont déjà passés, je le vois !

-J’ai entendu un cri perçant venant d’ici et tout le monde s’est dit que c’était le fantôme et c’est ton coin favori et je me suis dit que je pouvais pas lâcher ma copine comme ça ! Je te jure j’avais les chocottes mais je me suis dit : « Léti ma vieille ! Tu l’as mise dans cette merde ! C’est à toi de tout réparer ! »

Léticia ne reprend même pas son souffle alors que se dirige vers nos cellules, et je jette alors un regard à ce mur auquel je n’ai même pas dit aurevoir, ou merci simplement. Je regrette.

On arrive dans nos chambres et je suis ailleurs. Ma tête, mon âme est toujours près du mur. Dix minutes à parler seule, Léticia finit bien par se rendre compte que je ne suis pas le moins du monde avec elle.

-Tu m’en veux toujours, c’est ça ? demande-t-elle fatiguée. Non je comprendrais vraiment mais s’il te plait parle-moi !

Je finis bien par sortir de mon mutisme au cri de détresse que me lance mon amie.

-Non ! Non non ma puce t’inquiète ! Je… J’ai… J’ai un devoir à rendre et j’ai du retard ! Je dois… Je dois…

-Voir une prof ?

-Voilà ! Donne-moi quelques minutes !

Je sors alors en trombe et dépasse le bureau des enseignantes. Je me dirige à pleine vitesse vers ce coin de mur, vers ce refuge qui maintenant est source de réconfort.

Près de ce coin, ma course se fait plus lente, et j’y arrive enfin essoufflée. Mais là, blocus.

J’ai couru comme une folle pour parler à un mur. Décidément, quelque chose ne va pas. Je dois être malade.

J’observe ce coin un moment comme attendant un signe qui n’arrive pas. Je me décide à m’avancer, lentement.

Enfin face au mur, je ne sais que faire. Mes mains se lèvent alors et se posent délicatement sur le mur froid, guidées par l’émotion et non la raison, comme pour ressentir la présence de cet inconnu, le toucher. Mais mon corps comprend bien que ce n’est pas suffisant.

Je colle alors mon front au mur mais, délicatement et surtout naturellement, mon corps se rapproche du mur. Une tentative inutile de ressentir le corps de cet inconnu à travers le mur, cet inconnu qui n’est peut-être pas là.

« Qu’est-ce qui m’arrive ? »

Je me le demande sans parvenir à me décoller de ce mur froid.

-Merci… Dis-je au mur dans un souffle.

Et là…

-Je savais que tu reviendrais… dis le mur.

Je me décolle alors précipitamment du mur. Il était là tout ce temps. Il m’a attendu.

-Je pourrais t’attendre toute ma vie… D’ailleurs j’ai l’impression de l’avoir déjà fait…

Je n’arrive pas à concevoir ce qu’il me dit, à comprendre. D’ailleurs mon cœur bat beaucoup trop vite pour permettre à mon cerveau de réfléchir. Je n’arrive pas à répondre, les yeux grand ouverts, le souffle coupé.

Dans un élan de panique, je me retourne alors et cours vers les bâtiments mais, près du dernier tournant qui me mènera hors de portée de vue de mon coin, je stoppe ma course. Inexplicablement, mon cœur qui me demande de fuir tient également à rester. C’est clair, je déraille déjà ! Mais je me retourne tout de même. Je m’apprête à faire un pas en avant lorsque j’entend une voix au loin.

« COUVRE-FEU DANS TRENTE MINUTES !!! »

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