Pourquoi ? Pourquoi j’ai écouté Léticia ? Je savais ! Je savais ce qui se passerait quand je prenais ce téléphone !!!

Je suis adossée dans un coin de la grande muraille qui cerne les alentours de ma prison, les joues baignées de larmes, le cœur déchiré. Ce qu’elle m’a dit, je le savais déjà ! Mais que ça fait mal de l’entendre…

Sans savoir quand, je suis au sol les mains sur la tête, dans ce coin caché derrière les vieux labos de l’internat, dans ce refuge qui a bien voulu de moi avant l’arrivée de Léticia.

Personne ne vient ici car on dit que c’est hanté, mais pour moi peu importait le fantôme de ces lieux, il ne serait pas plus blessant que les fantômes de mon passé.

Je ne tiens plus. J’ai l’impression que seize années de souffrances essayent de s’extirper de moi. Et alors j’entend un cri, étranglé et effrayant, comme celui d’une âme en peine. Et je me rend compte que j’ai crié.

La peur d’avoir été entendue me calme un moment. Personne n’approche et alors, je me recroqueville, collant ma joue sur le mur froid.

Ca fait du bien.

Beaucoup de bien.

Je deviens de plus en plus apaisée. C’est alors que j’entend une voix.

-Tu vas mieux ?

Elle est douce et suave. Je me décolle alors du mur en vitesse et ouvre les yeux qui s’étaient déjà fermés d’eux-mêmes.

Personne aux alentours.

Mince l’histoire du fantôme c’était peut-être pas faux finalement ! Mais rapidement je me rends compte que je me trompe car un son incompréhensible provient du mur. J’y recolle alors mon oreille et entends à nouveau la voix.

-Tu m’entends ? Ou tu t’es endormie ?

Et je me rends compte que depuis le début, quelque chose me rentrait dans l’oreille.

-Chuuuuuut… reprend-t-il alors doucement comme pour me bercer.