Minuit. La cloche sonna. Noël ouvrit les yeux, immédiatement conscient qu’il touchait au but. Il était là, on ne l’avait pas renvoyé chez lui ! Plus de compagnon autour de lui, même la pièce avait changé : plus petite, plus coquette. Elle ressemblait étrangemement à la chambre du Père Noël, celle qu'il avait visité lorsque le vieux bonhomme était malade.

Il descendit du lit et se rendit à la salle de bain. Ce qu’il aperçut alors dans le miroir, le stupéfia.

Il s’approcha, toucha son visage du bout des doigts, puis son corps. C’était bien lui, il en était sûr…

Pourtant, il ne parvenait pas à se reconnaître. Des longs cheveux blonds encadraient agréablement un visage fin, ses yeux d’ordinaire bleus envoyaient des éclats dorés. Il ressemblait à s’y méprendre à la fille Noël. « Bon, ok… ». Plus rien ne l’étonnait maintenant, non qu’il fût blasé mais l’expérience lui avait appris que tout pouvait arriver. Il se jeta sous la douche et dût en convenir : il était une fille.

Il laissa couler l’eau chaude, puis s’entortilla dans une grande serviette. Son regard fut à nouveau attiré par le miroir.

Mille petites lignes étaient apparues sur son visage, tracés légers ou plus profond qui racontaient la longue vie d'un Père Noël expérimenté. Une abondante barbe blanche avait poussé en l’espace de quelques minutes, douce et légère elle accompagnait chaque mouvement de sa bouche. Noël grimaça, elle suivait. C’était bien SA barbe. Il dût convenir qu’il avait également prit un peu d’embonpoint… Un petit ventre bien rond pointait sous la serviette… Il sourit et il aima son sourire chaleureux.

Il descendit, prit, seul son petit déjeuner puis la horde de petits lutins vint le trouver. Joyeux comme des petits oiseaux au printemps, ils entouraient Noël de leurs rires, de leurs chants et de leurs babillages. Noël passa à nouveau devant un miroir et constata que son apparence s'était encore modifiée. Sa peau était devenue sombre comme un ciel sans lune et ses bras musclés semblait tendre le tissu de la manche. « Peu importe mon apparence, pensa-t-il, j’ai une mission à accomplir ! ». Il s’élança vers le traîneau. Les lutins avaient harnaché les rennes, ils étaient tout simplement magnifiques. Leurs sabots luisaient dans l’obscurité, leurs bois de velours étaient lustrés. « Oui, tout est prêt » songea-t-il. Il se contempla une dernière fois dans un miroir. Ses cheveux avaient repris leur couleur de neige, le bonnet rouge lui donnait fière allure et la traditionnelle houppelande l’enveloppait chaudement.

« Allez, les rennes, c’est parti ». Il fit un décollage impeccable et s’envola.

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Il se rappela alors les paroles du vieux bonhomme : « je suis tout le monde à la fois, aussi bien jeune que vieux, autant fille que garçon, autant blanc que noir de peau, handicapé ou bien portant ». Je suis le Père Noël de tous les enfants. Et cette perspective l'emplit d'un joie limpide comme l'eau du torrent.