Ce fut un Père Noël en pleine forme, complètement guéri qui entra en trombe dans le dortoir. Les jeunes dormaient encore paisiblement !

« Debout là-d’dans ! » : ordonna-t-il.

- Déjà ?

- Nous avons un très grave problème : continua le bonhomme. Vite, courez sous la douche, prenez un solide petit déjeuner et rejoignez-moi au plus vite ». Cela dit, il tourna les talons et redescendit avec une agilité surprenante pour un si vieux bonhomme.

D’un bond, tout le monde fut sur pied. Sans un mot, ils exécutèrent les ordres au plus vite, puis se rendirent dans la cour où le Père Noël, l'air catastrophé, contemplait visiblement l'étendu d'un désastre :

« En quelques mots : les cadeaux ne sont pas prêts ! Un véritable coup dur ! Toutes les étiquettes se sont envolées et je serai bien en peine de dire si ce paquet est pour Lola ou pour Bastien ou encore pour Jules ou Gina ! expliqua-t-il dans un souffle.

Les enfants percevaient clairement son émotion. Le vieil homme était touché !

« Père Noël, nous allons tout remettre en place. D’ici demain matin les étiquettes seront à leur place et si cela ne suffit pas, nous ne dormirons pas. On sait qui a fait cette farce stupide ? » demanda le petit blond ? »

Le Père Noël secoua la tête : « Est-ce si important à cette heure ?

- Non », en convinrent les jeunes.

Plein d’énergie propre à de jeunes gens désireux de faire plaisir, d’aider et d’arranger les choses, les cinq compagnons se lancèrent à l’assaut de la montagne de paquets.

C’était tellement haut ! A côté, les plus hauts sommets himalayens ressemblaient à de vulgaires collines !

Parvenus au point le plus élevé, les Noël échangèrent un regard.

« Et maintenant, on fait comment ? »

- On tâte et on essaie de deviner…

- Ben oui mais comment savoir si le camion de pompier est destiné à Louis ou à Dino ?

- Ou à Laetitia, rétorqua la fille Noël, moi, par exemple, je n’ai jamais aimé les poupées, mon petit frère, si. Par contre, les véhicules, j’adore !"

Il fallut se résoudre à redescendre pour retrouver les lettres, les commandes.

Réalisant l’ampleur de la tâche, les enfants perdaient un peu de leur enthousiasme. En bas, le vieil homme les attendait. Il n’avait pas bougé depuis leur départ. Soucieux, il regardait sa petite armée battre en retraite.

« Père Noël, c’est fichu… On arrivera jamais à retrouver les propriétaires de tous les paquets. Il reste vingt-quatre heures et nous ne sommes plus que cinq. Pleurnichaient-ils

- Et moi ! rajouta le vieux bonhomme

- Et nous ! lancèrent les lutins qui venaient d’arriver

- Et nous aussi ! ajoutèrent les elfes qui voletaient autour de la montagne

- Et nous aussi ! conclurent les rennes.

Personne ne s’étonna d’entendre la proposition des animaux : on n’en était plus là !

On retourna dans la grande bibliothèque et chacun prit un monceau de lettres, et le ré-étiquetage put commencer.

A deux heures du matin, la montagne avait perdu un dixième de sa hauteur, à quatre heures, il restait encore plus de trois quarts. Personne cependant ne songeait à déserter. Il fallait s’accrocher. A six heures, on atteignit la moitié. Enfin à dix-sept heures, le renne Blini attrapa le dernier paquet et apposa une belle étiquette rouge et argent au nom de « Bastien » !

« Ouf ! fini ! s’exclamèrent les enfants en chœur.

On entama une petite danse de la joie, puis réalisant l’heure, on décida d’un commun accord d’aller dormir un peu avant le grand moment qu’ils attentaient tous.

Avant de sombrer dans un sommeil profond, Noël se repassa les événements de la nuit. Quelle belle leçon d’entraide ! Il comprenait que face à un problème, chercher un coupable ne servait à rien, il fallait réfléchir, puis agir et ensemble.

Il eut du mal à terminer sa réflexion : ne pas se décourag… Avant même de terminer ce mot, il était parti dans des rêves, le cœur et l'esprit légers de celui qui a bien accompli son travail.