J-3

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La cloche retentit comme d’habitude. Noël se réveilla et constata que son cœur battait la chamade sans raison… Il observa les alentours sans constater quoi que ce soit d’étrange. Le grand coffre avait maintenant disparu. Rien ne justifiait le malaise qu’il ressentait.

Un à un les cinq apprentis se levèrent. Tous semblaient patraques.

Dans le réfectoire, rien d’anormal non plus.

Les lampes étaient allumées, les bols du petit déjeuner fumaient et la pièce embaumait la brioche tiède. Malgré tout, les jeunes n’avaient pas très faim. Ils chipotaient dans leur assiette, laissant les raisins ou la croute du gâteau. La petite Noël tournait la cuillère dans son bol sans jamais s’arrêter, les yeux ailleurs.

« Hey ! Je crois que ton chocolat est vraiment bien mélangé… tu peux le boire ! Lui suggéra Noël.

- J’sais pas, j’ai pas faim.

- Mange, ensuite, on a beaucoup de… »

Soudain des éternuements, une toux rauque et profonde parvint jusqu’à leurs oreilles. Les enfants s’interrompirent immédiatement, l’oreille à l’affut.

Qui était malade ? Un lutin ? Un elfe ? Ils n’osaient même pas imaginer que cela puisse être le Père Noël !

Et pourtant…

Les quintes de toux reprirent. Les enfants se précipitèrent dans l’escalier. Devant la porte de la chambre du Père Noël, lutins et elfes tenaient un conciliabule… Visiblement, ils n’étaient pas tous d’accord.

Noël s’avança et demanda :

« Qui est malade ? »

Les petits êtres échangèrent un regard.

« Alors ?  » insista-t-il.

Nouvel échange de regard sans un mot.

Du fond de la chambre, une voix fatiguée monta.

« Laissez-les entrer… ils ne risquent rien. Ils ont le droit de savoir ».

Alors, lutins et elfes s’écartèrent à contrecœur. Les jeunes pénétrèrent dans l’antre du Père Noël.

Celui-ci adossé à de multiples coussins était livide. Des gouttes de sueur perlaient de son front. Il avait abandonné son bonnet rouge et ses cheveux hirsutes retombaient sur ses yeux. Seules, deux tâches rouges sur les pommettes mettaient un peu de vie sur ce visage bien las.

« Comment c’est possible dit Noël que vous soyez malade, vous, le Père Noël ?

Le vieil homme sourit :

- La grippe ne fait pas dans la dentelle, il lui en fallait un, c’est moi !

- Mais…, mais…, la grippe, c’est une semaine au lit ! s’affola un des jeunes.

- Vous êtes formés maintenant, à vous de prendre la relève ! Vous conduirez parfaitement le traîneau. Les rennes ont confiance en vous, il n’y aura aucun problème. Moi, je vais me reposer, j’en ai besoin. Allez, filez, il reste pas mal à faire. Emmenez les elfes et les lutins avec vous, ils ne vont tout de même pas passer leur journée à se lamenter, non d’une pipe ! » : Il dit cela en montant le ton pour se faire entendre de l’extérieur de la chambre. Puis, reprenant une voix normale « Je vous préviens, ils vont vous en faire voir de toutes les couleurs, à vous de vous faire obéir ! »

Il n’avait pas menti ! Aussitôt la porte de la chambre refermée, les petits êtres entreprirent une danse effrénée. Noël se souvenait des misères que lui avaient fait endurer les petits elfes. Naïf, il pensait que les lutins seraient plus amènes. Quelle erreur : se faufilant entre les jambes des apprentis, les lutins n’avaient de cesse que de faire tomber Noël, Noël et les autres ! Les jeunes avaient beau vitupérer, gronder ou menacer, rien n’y faisait. Les petits monstres continuaient leur course folle… les elfes s’envolaient puis redescendaient brutalement et atterrissaient dans les cheveux qu’ils tiraient ensuite longuement avec délectation.

Tout à coup, la petite Noël s’arrêta net de se fâcher, elle croisa les bras sur sa poitrine et se contenta de regarder intensément un des lutins qui, stupéfait, s’immobilisa. Alors, elle détourna les yeux sur un autre, puis sur un autre encore. Progressivement, comme hypnotisées, les petites créatures interrompirent leurs pitreries et leurs attaques sournoises. Noël ne les lâchait pas des yeux.

Alors, pour asseoir un peu plus son influence, d’une voix tranquille, elle lança :

« Allez, tout le monde, au travail. Toi, oui toi qui est plein d’énergie », dit-elle en pointant du doigt un des elfes qui riait encore sous cape, « tu vas rester près du Père Noël et répondre au moindre de ses désirs ». Elle avait à peine élevé la voix en fin de phrase comme pour signifier qu’il était inutile de protester.

La suite de la nuit, se déroula tranquillement. Au petit matin, les enfants retournèrent dans la chambre du Père Noël, elfes et lutins s’engouffrèrent à leur suite.

Le vieil homme semblait plus en forme.

« Allez, maintenant au lit, je vous félicite, vous avez su gérer une situation nouvelle avec talent ! Bravo ! Je vous dis à demain ! »

Couché dans son lit douillet, Noël dû en convenir : la petite Noël, l’avait épaté, sans hurler, rien qu’avec des mots, elle avait su se faire entendre ! Puis, les mots fétiches du Père Noël lui revinrent en mémoire :

« Le cœur, Enfant, le cœur ! ».

Le soleil dans l’entrebâillement du rideau caressa sa joue avec douceur. Il s’endormit, content d’avoir compris, convaincu qu’il s’en souviendrait

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