J-5

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Il faisait nuit noire quand la cloche retentit dans le vieux dortoir. La lune se reposait encore, mollement étendue sur les lourds nuages de neige. Dans les petits lits en fer, on grogna, on protesta qu’il était vraiment trop tôt… ou trop tard. On ne savait plus vraiment !

Puis, Noël se remémora les paroles du Père Noël : « désormais, nous vivrons la nuit pour nous préparer à la tournée du 24 décembre ». Dans quatre nuits, cela ne faisait plus aucun doute, on saurait. Noël se jeta à bas de son lit à la vitesse de l’éclair et courut jusqu’à la salle de bain. Plus de place pour la fatigue, plus de place pour la flemme, il fallait redoubler d’énergie : les enfants attendraient leurs cadeaux partout dans le monde, enfin… ceux qui fêtaient Noël ce jour-là !

Après un solide réveillon (il était minuit !), les jeunes apprentis virent arriver le Père Noël flanqué de ses lutins. Il avait un air solennel, de celui qui allait annoncer une nouvelle primordiale.

« Enfants, aujourd’hui, nous allons commencer l’apprentissage du vol en traîneau et descente de cheminée.

- Mais, nous avons déjà appris ! : protesta l’un d’entre eux

- Qui vous parle de simulateur de vol ? Non, aujourd’hui, nous allons réellement voler dans le ciel, nous poser sur quelques maisons pour vérifier vos capacités à manœuvrer le traîneau. «

Un brouhaha s’éleva dans le réfectoire. On pouvait entendre des « Chouette ! », « enfin ! », « Oups, je suis pas prêt, je crois ! ». Les yeux brillaient, les pommettes étaient rouges, on jubilait, on s’embrassait, c’était la fête !

Le vieux bonhomme reprit la parole :

« On se calme ! Restez bien concentrés, vous n’allez pas manier une trottinette mais un traîneau tiré par neuf rennes. Votre responsabilité est immense, ne vous dispersez pas. »

Il continua :

« Vous allez venir avec moi trois par trois, nous ferons donc trois voyages entre une heure du matin et quatre heures. Les autres, je vous recommande d’aller vous entraîner sur le simulateur de vol en m’attendant !»

« Tiens, pensa Noël, hier nous étions dix. Aujourd’hui neuf. Un Noël est donc parti… » Il chercha à la ronde mais n’eut pas le temps d’aller plus loin car le Père Noël l’appela. « On verra plus tard ! » se dit-il.

Habillés chaudement, les trois garçons embarquèrent à bord du magnifique attelage étincelant. Les rennes étaient harnachés de vert et de rouge, leurs yeux bleus brillaient dans la nuit. C'était magique !

« Prêts enfants ? » lança le Père Noël, « alors, accrochez-vous, on va décoller ».

Noël, songea que si le vieil homme ne se cramponnait pas, il n’avait pas de raison de le faire lui-même : il était jeune, plein de force, il saurait résister à la vitesse… Sauf que… non ! A peine avaient-ils démarré qu’il se retrouva cul par-dessus tête pour la plus grande joie de tous, rennes compris ! Tout le monde se gondolait.

Le Père Noël fit cesser les rires, eut un clin d’œil à destination de Noël pour lui faire comprendre qu’à vouloir faire le fort à bras, il s’était mis en fâcheuse posture .

On redécolla. Cette fois-ci, Noël n’hésita pas à empoigner le banc à deux mains.

On passait au-dessus de paysages enneigés, des montagnes si pointues qu’une mauvaise manœuvre aurait sûrement percé le fond du véhicule, puis l’instant d’après, on survolait des vagues menaçantes ourlées de fines dents blanches acérées prêtes à mordre si on s’approchait trop. Les jeunes comprenaient que voler par une nuit froide d’hiver, c’était bien dangereux.

« Qui veut essayer ? ».

Noël et ses compagnons observaient la pointe de leurs bottes avec grande attention… Personne ne soufflait mot.

« Personne pour se lancer ? Je suis là, les enfants, je reprendrai les rennes en cas de problème… »

- Moi, alors, murmura Noël.

Blanc de peur et de froid aussi, l’apprenti Père Noël se laissa guider et réussit à maintenir le traîneau suffisamment haut pour ne pas heurter un grand pont, un clocher ou un building de quarante étages. Le vieil homme le félicita. Les autres, alors s’enhardirent et tout le monde tenta l’aventure. Bientôt, il fallut rentrer et laisser la place aux autres équipages.

La nuit se termina comme les jours précédents : on terminait l’emballage des cadeaux, on écrivait les derniers courriers, on peaufinait encore ses connaissances en matière d’atterrissage.

Le jour gris commençait à pointer le bout de son rayon de soleil.

« Au lit, enfants, la nuit prochaine sera longue ! » ordonna le Père Noël.

Noël rejoignit son petit lit, heureux des heures passées en compagnie de ce vieil homme vraiment extraordinaire.

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