J-7

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« Eh ! » cria une voix dans l’immense dortoir. Devant le peu de réaction, la voix se fit plus insistante : « Hé ! Ho ! Réveillez-vous, il y a un truc bizarre dans notre chambre ! glapit l’un des pensionnaires. Noël entrouvrit les yeux : « Non, ce n’était pas possible, c’était déjà le matin ? ». Il aurait voulu dormir encore, son rêve était délicieux ! La curiosité doublée de cet avertissement sonore, avait raison de son désir de rester au chaud dans le monde merveilleux du sommeil.

Effectivement, au beau milieu de la pièce, un énorme coffre trônait. Les jeunes s’extirpèrent tous du lit pour s’approcher de ce meuble étrange. Haut jusqu’au plafond, il offrait des faces extraordinaires aux yeux des spectateurs. En effet, à la manière d’un écran géant en trois dimensions, les sculptures qui le composaient, prenaient vie, se modifiaient. Soudain, plus rien, puis, une autre scène se présentait. Noël, Noël et les autres étaient captivées quand l’un d’eux se reconnut :

« Hep ! mais là, c’est moi quand j’étais petit ».

On pouvait voir un bébé délicat sourire face à une caméra. Noël avança une main hésitante et l’écran trembla comme s’il était constitué d’eau. Le noir se fit à nouveau et chacun, tour à tour, put contempler sa tête de tout petit, entouré de Maman ou de Papa. Le petit blond avait la larme à l’œil. Il réprimait mal de tout petits reniflements.

Puis, les jeunes eurent droit à quelques images d’eux enfants. Ils faisaient du vélo, grimpaient aux arbres, jouaient à la poupée, se disputaient avec leurs frères ou leurs sœurs, prenaient des mines gourmandes en dégustant des gâteaux, faisaient la grimace devant une assiette d’épinard.

Dans l’entrebâillement de la porte, le Père Noël apparut.

« Enfants, ne vous laissez pas distraire, il reste beaucoup de travail. Ne vous inquiétez pas, vous aurez l’occasion de suivre les événements et même beaucoup plus ! » dit-il avec un sourire énigmatique.

A contrecœur, les apprentis obéirent. En pénétrant dans le grand réfectoire, ils eurent la surprise de constater que l’immense coffre les avait précédés !

Même s’ils commençaient à avoir l’habitude des surprises de Noël, ils marquèrent cependant un temps d’arrêt bien légitime.

Les scènes du coffre se succédèrent pendant tout le petit déjeuner. Puis, à nouveau, le vieux Noël prit la parole :

« Approchez-vous, j’ai quelque chose pour vous » ordonna-t-il.

Sans hésiter, les enfants s’approchèrent. Le vieil homme décrocha alors des morceaux du coffre de la taille d’un cadran de montre qu’il distribua à chacun. Puis il continua :

« Voilà, vous êtes équipés. Vous allez continuer votre dur labeur tout en continuant à analyser les images qui se présenteront à vous. Je vous donne rendez-vous ici-même en fin d’après-midi et nous ferons le point tous ensembles ».

« Aie ! Aie ! Aie ! », pensa Noël, « cela signifie qu’il y a une leçon là-dessous ! Il va encore falloir réfléchir ! Mais à quoi ? et comment ? » s’inquiétait-il.

Toute la journée les apprentis Père Noël s’employèrent à effectuer les tâches habituelles : emballer les cadeaux, répondre aux courriers, prendre soin des rennes, s’entraîner à descendre dans les cheminées ou sur le simulateur de vol, les yeux rivés sur leur écran portatif… Bien sûr, ils étaient tout de même bien moins efficaces. Faire deux choses à la fois, n’est jamais chose aisée, mais enfin, quand on est aspirant Père Noël, tout doit être possible !

A dix-huit heures, ils se présentèrent comme prévu dans le réfectoire. Un grand feu crépitait dans la cheminée, il faisait diablement froid !

Les lutins et les elfes entouraient le vieil homme. On avait disposé les chaises en demi-cercle. Les jeunes prirent place et un lutin vint récupérer les écrans individuels. Le Père Noël décréta la séance ouverte par un seul mot : « Alors ? ».

Personne ne pipa mot. Embarrassés, ils l’étaient sérieusement car ils ne comprenaient absolument pas ce qu’on attendait d’eux. Les elfes, toujours prompts à s’énerver, prenaient un air revêche.

« Alors ? » répéta le Père Noël.

Même silence lourd. Toute la journée, ils avaient vu défiler des vidéos, des photos d’eux petits, moyens, grands, adultes même, vieux messieurs à barbe blanche ou sans barbe… Ils ne voyaient vraiment pas ce qu’ils pouvaient en dire…

« Qu’on va grandir ? » : osa l’un d’eux…

« Oui, c’est évident mais encore ? »

« Qu’on a été des bébés avant ? » tenta un autre ;

« Oui…, Oui… et ?»

Le silence s’abattit à nouveau sur le groupe. Les elfes se faisaient plus menaçants. Noël trouvait qu’ils manquaient vraiment de patience, ceux-là !

« Bien », conclut le bonhomme, « vous n’êtes pas prêts… Cette nuit, vous allez rester près du grand coffre et vous allez réfléchir, observer encore. Nous ferons un point demain matin au petit déjeuner ». De toute façon, il est important que vous entrainiez à ne pas dormir toute une nuit, car c’est ce qui vous attend si… » Il ne termina pas la phrase qu’ils connaissaient tous…

Ils dinèrent en silence. Ils n’en menaient pas large : une nuit sans dormir !

Les lutins, les elfes, et le Père Noël prirent congé.

On resta là, à contempler ce objet bizarre qui faisait défiler en boucle des images du passé, du présent ou du futur !

« On n’est pas dans la mouise ! », murmura la petite Noël.

Ils savaient tous, qu’ils devaient réussir pour être encore là demain.

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