J-11

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Noël s’éveilla. Il faisait bon, il avait chaud, il sentait le moelleux du matelas. Avant d’ouvrir les yeux, il leva les bras pour vérifier l’absence d’un plafond ou plutôt du plancher. Non, il ne sentait rien. Il ouvrit les yeux, réjoui de constater qu’il avait bel et bien réintégrer son lit douillet. Il se pelotonna entre les draps en attendant la sonnerie de la cloche qui ne manqua pas de retentir. A regret, il quitta sa couche, se demandant bien ce qu’il allait advenir de lui aujourd’hui.

Ses camarades, s’extirpaient les uns après les autres… Dame Fatigue se pendait aux bras, faisait ployait les dos, agrippait le ventre, alourdissait les semelles, plombait les pensées des petits apprentis ; Les gestes étaient lents, sans ressors. Ils finirent, cependant, par arriver péniblement jusqu’au le réfectoire. Le Père Noël les attendait, l’œil pétillant, le sourire resplendissant.

« Et bien et bien mes jeunes amis… Tout cela manque d’entrain ! Allons ! Comment voulez-vous amener du bonheur avec des museaux aussi longs ?

- Père Noël, pardon mais vous nous avez gâté et nous n’avons pas beaucoup dormi…

- Oui, oui, dit-il en balayant l’argument d’un geste brusque.

- Bon, prenez votre petit déjeuner et je vous dis tout après.

La curiosité, la faim et la bonne odeur du chocolat réveillèrent les papilles des enfants. Dès le dernier bol rangé, le Père Noël reprit la parole.

« Aujourd’hui, entrainement de vol dans le traîneau ».

Les sourires s’élargirent sur les visages : on allait voler ! Adieu lassitude ! On allait voler !

Les jeunes se remirent à babiller, la vie reprenait ses droits !

Le vieux Noël sourit :

« Curieux comme d’un coup tout le monde va mieux !! » se moqua-t-il avec tendresse, « allons-y ! »

Les enfants partirent en courant vers les rennes qui, surpris, cessèrent de brouter et s’immobilisèrent d’un air suspicieux : « allons bon, que vont-ils encore inventer, ceux-là ! » s’interrogeaient-ils inquiets.

Les jeunes se retournèrent : personne, le Père Noël n’avait pas suivi… Ses rhumatismes ? Ben non, il était en pleine forme ! Ils revinrent en arrière. Le vieil homme les attendait dans l’entrée, d’humeur joviale :

« Ah vous êtes plus pressés que d’habitude ! Vous pensez bien que je ne vais pas vous confier les rennes tout de suite, les malheureux ! Je suis farouchement opposé à la souffrance animale, moi !!

- Mais…mais…

- Pas de mais, venez !

Piteusement, les enfants suivirent le vieil homme. Ils arrivèrent dans une salle immense sans toit. Il faisait un froid polaire, la neige recouvrait les moindres recoins. Emmitouflés comme des esquimaux, les Noëls se serraient les uns contre les autres, histoire de se réchauffer. A ce moment-là, Noël se demanda s’il n’en manquait encore pas un ou deux. Il balaya vite cette idée.

Devant eux, de drôles de monticules s’étalaient à perte de vue : « des simulateurs de vol » indiqua le vieux Noël. Un grand « Waouh ! » partit du cœur de l’assemblée. « Allez-y, bande de chenapans » ordonna-t-il « « et n’oubliez pas qu’il ne s’agit pas d’un jeu ! ».

Comme une volée de moineaux ceux-ci s’égaillèrent et se répartirent entre les différentes machines. Dans chacune d’elles, un lutin attendait le pilote amateur…

Toute la journée, on décolla, on vola, on atterrit… Au départ, le lutin aidait à la tenue des rênes. « Monte un peu les bras… attention, surveille le cadran… Non, tu n’es pas assez attentif ! Mais regarde devant toi, bon sang !! Tu vas te crasher ! Ca y est tu as décroché un renne ! Méfie-toi, nous allons entrer dans une zone de turbulences ! Freine, mais freine espèce de freluquet ! Allez, on remet les gaz, vite !! Attention, virage au frein. Surveille l’anémomètre, on va encore perdre un renne, si tu continues comme ça. Stop ! On arrête. » : ordonnait le lutin hirsute, en sueur et complétement déprimé.

Patiemment, il reprenait les rudiments du vol : « ici, l’anémomètre qui permet de surveiller la vitesse, là, le compas, la boussole si tu préfères. Cet instrument, c’est l’altimètre, il indique la hauteur. Celui-ci c’est le variomètre il sert à anticiper la vitesse de montée ou de descente. Et là l’horizon artificiel, il est très important car la nuit du 24 décembre, il n’y aura aucune visibilité ! Il peut neiger, pleuvoir, y avoir un brouillard à couper au couteau. Tu dois pouvoir voler coûte que coûte ».

On repartait alors… Petit à petit, Noël parvenait à maîtriser son enthousiasme et le lutin devait admettre que celui-ci progressait. Bien sûr, on perdait encore des rennes (c’était des faux, ce n’était pas grave) ; on percutait encore quelques planètes, on prenait un peu feu en s’approchant trop près d’une étoile ou on négociait des virages un peu trop serrés mais dans l’ensemble, Noël évoluait bien et la trajectoire du traineau était moins chaotique.

« Demain, nous apprendrons à atterrir avec précision. » proposa le lutin

- Mais je sais déjà » protesta Noël

- Avec précision, j’ai dit…

L’enfant dut en convenir. Pour la précision, il n’était pas au point : il voulait atterrir sur le toit de maison de Loïc, il se retrouvait dans le champ derrière chez Laura, ou dans la rivière, ou dans la mer… Il avait une bonne marge de progression.

Le soir venu, Noël, Noël et les autres se couchèrent le cœur léger. C’était chouette cette journée…

Chaque jour qui passait les rapprochait de la nuit de tous leurs espoirs :

Dans moins de douze jours, on saurait.

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