J-17

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La neige avait recouvert le paysage. Un ciel sale et sombre pesait sur le pensionnat. Tous les enfants se sentaient d’humeur chagrine sans vraiment connaître la cause véritable de leur malaise.
Etait-ce l’éloignement des familles ? Cela faisait tout de même plus d’une semaine qu’on n’avait plus droit à la peau parfumée de Maman, aux bisous barbe de trois jours de Papa, aux petits plats amoureusement mijotés ou jetés à la volée dans le micro-onde. Ah ! la bonne pizza du dimanche soir… Noël en avait l’eau à la bouche. Les disputes frères et sœurs semblaient loin. Pourquoi se chamailler une voiture de pompier quand on avait à disposition une voiture de police ? Ou le poupon sans cheveux alors que l’autre était parfait aussi ? Aucun des enfants présents dans le réfectoire n’aurait pu l’expliquer. Pourtant, les chicaneries, les bagarres de coussins, les courses poursuites, tout ce qui fait les saveurs de la fratrie reste suspendu dans l’esprit de ces jeunes. Personne ne le reconnaîtrait, bien sûr : aspirant Père Noël, on ne pouvait pas s’autoriser à avouer sa tristesse… C’était une chance d’être ici, et donc, il fallait en être digne. L’humeur grognonne, planait sur le petit déjeuner, comme un vol de hannetons un soir du mois d’avril. On n’entendait que les cuillères contre la faïence des bols.

Le Père Noël entra, imposant dans sa longue tenue rouge et blanche. Il fit le tour des tables, l’air préoccupé observant avec attention les frimousses qui paraissaient toutes avoir pris dix centimètres en longueur.

- « Enfants, cela ne va pas ce matin : conclut-il après sa tournée d’inspection. Vous allez tous entrer chez vous. Après quoi nous verrons !

- Non, non, moi ça va ! s’opposa un des apprentis. Je reste !

- J’ai dit, vous exécutez ! » intima le vieux bonhomme

Décidément, c’était une sale journée pensaient-ils tous. Voilà maintenant qu’on les obligeait à rentrer chez eux !

- Une seule consigne, continua le vieux Noël, pas un mot à vos familles sur ce qui se passe ici ! Compris ?

- Mais, ils vont bien s’apercevoir qu’on est revenu puisqu’on est parti un jour et qu’ils sont sans nouvelle de nous : objecta un enfant.

- Ne vous inquiétez pas de cela, j’ai mis des clones dans vos familles. Et tout ira bien. Si vous respectez votre parole, vous serez de retour ici dès ce soir.

On finit le petit déjeuner et tous s’évaporèrent d’un coup au milieu de poussières d’étoile. Pffff… Pfffff… plus rien, plus personne.

Le vieux Noël, troqua sa tenue de gala contre un jogging gris et informe, les lutins s’égaillèrent dans leurs appartements. Le pensionnat reprenait son souffle.

Quelque part dans le monde, les petits Noël regagnaient leurs pénates, au soleil, sous la pluie ou sous la neige. Des retrouvailles tout en retenue, car il ne fallait pas éveiller le doute. Cependant, ils pouvaient se laisser aller à câliner leur maman un peu plus que d’habitude car pour elle, ce n’est jamais trop !! Il y eut bien quelques situations délicates ou cocasses à gérer, rien de grave malgré tout.

Le Papa de l’un d’eux ne comprenait pas quelle sorte d’amnésie avait gagné son fiston qui ne se souvenait plus de la magnifique note de mathématique obtenue en mathématiques, ou ce petit frère qui n’en revenait pas que son ainé ait oublié la chanson qu’il lui avait apprise la veille. L’amour gommait ces petites bizarreries : on était ensemble ! Papa faisait du pop-corn ou des cornes de gazelle, les cœurs étaient au chaud dans ce cocon de miel.

Après la fameuse pizza de Maman, il fallait réintégrer le pensionnat. Ils étaient prêts, réconfortés, consolés par la tendresse des parents et l’espièglerie des frères et sœurs, ils avaient récupéré et pouvaient reprendre le cours de leur apprentissage.

Miraculeusement, Noël se retrouva ainsi dans son petit lit, au milieu d’un dortoir endormi. Il soupira d’aise :

Demain on saurait, peut-être !

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