J-20

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Réveil, douche, petit déjeuner, appel… Tout ressemblait à la veille. Une seule différence : les Noël savaient à quoi s’attendre. Alors, le pas se fit plus modéré et on atteignit la salle à manger sans avoir fait trembler les murs, le vieil escalier ou les planchers vétustes. Bref, on prenait des habitudes !

Quand tout le monde fut attablé, il sembla à Noël qu’il y a avait un peu moins d’enfants. Cependant, les tables, les chaises, les bols étaient en nombre juste suffisants. Il en déduisit qu’il n’y avait aucun malade… D’ailleurs, un des lutins vint faire l’appel : pas d’absent. Comme aucun des jeunes n’avait été renvoyé. Ce ne pouvait être qu’une illusion d’optique.

Noël balaya cette impression et se concentra sur son petit déjeuner.

Le Vieux Noël n’apparut pas ce matin-là. Les garçons pensèrent qu’il faisait la grasse matinée puisqu’on connaissait tous le programme de la journée.

Sitôt le petit déjeuner achevé, tout le monde se dirigea vers le salon de lecture. Les piles de panières pleines de lettres étaient toujours là, quasiment aussi hautes que la veille. La nuit avait sans doute apporté de nouvelles messagères d’espoir écrites par des petits enfants plein d’attentes.

Noël plus confiant que la veille s’installa. Un lutin vint lui déposer un lot de lettres colorées et parfois même parfumées. Son camarade s’assit également et la journée démarra.

Бонйоур Пэре Ноёл

йьеспэре qуе ту вас биен ет qуе ле фроид не те гэле пас лес пиедс, çа мьембэтераит враимент qуе ту аттрапес ун рхуме юсте авант Ноёл. Йе мьаппелле Станислас, йе суис хыпер саге !

Данс мес чауссонс, йьаимераис биен qуе ту меттес ун робот, ту саис целуи qуи ест роуге ет блеу ет се трансформе ен цамион. Сьил те ресте qуелqуес соус, йьаимераис биен аусси уне таблетте.

Йе тьембрассе де тоут мон цоеур

Станислас

ПС : авец Маман он те прёпаре дес

Noël leva les yeux de son courrier. Alors, là, il était bleu ! « C’est une blague ! » pensa-t-il. Il croisa le regard de son comparse, qui lui aussi paraissait interloqué. Sans un mot, ils échangèrent leur courrier :

你好圣诞老人

我叫梅,今年8岁。爸爸妈妈对我很高兴。您能否载我一个粉红色和银色的独角兽和一个丝绸娃娃?

祝您旅途安全,尽我所能亲吻您

Les deux amis, complètement désarçonnés interpellèrent les autres apprentis.

« He ! On a de drôles de lettres nous ! C’est joli mais on n’y comprend rien, vous pouvez venir ? »

Alors ce fut un sacré tohu-bohu et chacun y alla de sa plainte, de sa rigolade car tous étaient dans la même situation… Certains s’essayaient à traduire malgré tout pendant que d’autres lançaient en l’air les courriers illisibles « Et voilà, tout ce que je peux faire de cette lettre » entendait-on clamer .

Le Père Noël fit son apparition, mécontent :

- « Alors, enfants, que faites vous ? Croyez-vous que nous ayons le temps pour baguenauder (je vous avais bien dit que le vieil homme aimait ce mot !). Concentrez-vous un peu et rappelez-vous : le cœur, rien que le cœur ! Je ne veux plus vous entendre vous avez un travail fou dans vingt et un jour c’est noël ! Au boulot ! »

Alors, penauds, les enfants tentèrent de reprendre leurs courriers. C’était dur. C’était compliqué. Noël ferma les yeux, les rouvrit, les referma et plongea son regard au fond de lui. Ca y est, il y était… D’un coup la traduction apparut à son cœur :

Bonjour Père Noël

J'espère que tu vas bien et que le froid ne te gèle pas les pieds, ça m'embêterait vraiment que tu attrapes un rhume juste avant Noël. Je m'appelle Stanislas, je suis hyper sage !

Dans mes chaussons, j'aimerais bien que tu mettes un robot, tu sais celui qui est rouge et bleu et se transforme en camion. S'il te reste quelques sous, j'aimerais bien aussi une tablette.

Je t'embrasse de tout mon cœur

Stanislas

PS : avec Maman on te prépare des Vatrouchka

Et la suivante aussi :

Bonjour Père Noel

Je m'appelle Mei et j'ai 8 ans. Papa et Maman sont très contents de moi. Te serait-il possible de me porter une licorne rose et argent et une poupée de soie ?

Je te souhaite un bon voyage et t'embrasse aussi fort que je peux

Mei

A côté de lui, les autres paraissaient avoir également compris et l’ambiance redevint studieuse. Chacun alternait lettres en Italien, en Chinois, en Japonais, en Allemand, en Hébreux sans sourciller et répondait sans hésiter. Le père Noël avait raison : avec le cœur on comprend tout !

Le soir, à nouveau surprit les lecteurs, la lampe crachotta un peu et ce fut nuit noire dans le salon, alors, on rejoignit le réfectoire.

- On a vu des topinambours à l’œil plus frais se moqua gentiment un lutin facétieux

Et c’était vrai, Noël était épuisé mais content. Il avait conscience, qu’il s’endormirait riche d’un enseignement précieux. Il avait acquis la profonde conviction que l’intelligence, la compétence, les savoirs ne sont pas la voie idéale pour apporter du bonheur aux autres et cela le rendait profondément heureux.

En revanche, se rappelant de la hauteur des piles de courrier encore ce soir, il s’interdit la ritournelle habituelle :

Demain on saurait, c’était sûr !

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