Chapitre 1

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Je suis dans ma chambre au Palais. Il fait doux, et la lumière du soleil, atténuée par les rideaux volant sous l’effet du petit vent, éclaire doucement la pièce.
Je me suis assoupie dans mon fauteuil favori, face à la fenêtre, là où j’ai l’habitude de m’installer pour réfléchir et me reposer. Caramel s’est mis en boule sur mes genoux et ronronne. Je n’ai jamais été aussi détendue depuis longtemps. Ce chat, malgré son mauvais caractère, a toujours eu cet effet sur moi.

Soudain, je perçois une présence, quelque chose de doux et de calme.
- Aura...
J’ouvre les yeux. Maman ! Le soleil tombe sur elle et pare de mille feux ses cheveux d’or. Je porte ma main devant mes yeux tellement je suis éblouie.

- Ma chérie, je suis tellement désolée de t’avoir entraînée avec moi. Mais je t’aime tellement. Je n’ai pas voulu te laisser. Rébecca a raison, la solution est en toi. Ne fais pas comme moi, crois en ce qu’elle dit, il n’est jamais trop tard.

L’éclat du soleil est de plus en plus fort sur ses cheveux, je dois fermer les yeux car la luminosité brule mes pupilles. Je me penche en tendant les mains vers elle pour la toucher, mais elle s’est volatilisée dans le vent. Soudain, j’entends frapper à ma porte. Caramel se réveille et sa queue se gonfle. Il saute par terre et se précipite vers la porte en crachant. Ça ne peut être qu’Askyn. Il s’approche une chaise à la main, sur laquelle il s’installe à califourchon.

- Alors raconte Princesse, ta vie dans le vaisseau ? Ton chevalier servant ne te manque pas trop ? dit-il avec son sourire charmeur. Tiffany me charge de te dire de ne pas trop t’inquiéter. C’est une des conséquences des radiations, bien sur, mais on vit très bien avec ça. Tu vas trouver une solution, car je reconnais qu’en haut, ça ferait peut-être un peu désordre, ajoute-t-il en rigolant. J’imagine d’ici la tête de ta charmante grand-mère. Je compte sur toi, termine-t-il en me faisant un clin d’œil.

Sur ce, il se lève, m’embrasse sur le front et part. Je suis de nouveau éblouie par le soleil. Je n’ai rien compris à ses propos, je veux lui demander des explications, mais il a disparu.
« Chut ». Mes cinq sens en éveil ont reconnu cette voix. Adam. Deux mains rassemblent mes cheveux par derrière, puis un baiser derrière mon oreille droite.

- Vous me manquez tellement, mademoiselle.
Il fait pivoter le fauteuil dans lequel je suis et je me retrouve face à lui. Il est habillé en tenue de combat. Il place son doigt sur mes lèvres et s’installe sur moi à califourchon. Puis il enfouit sa tête dans mon cou. Adam. Je reconnaitrais son odeur même plongée dans le noir. Je ferme les yeux et passe mes mains dans ses cheveux. Il s’écarte de moi, me regarde, sourit. Il caresse ma joue de sa main droite, puis vient déposer un baiser sur chacun de mes yeux, fait descendre ses lèvres sur mon nez, et enfin atteint ma bouche. Son baiser est profond, puissant. Il se lève et

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m’entraîne avec lui. Il plaque son corps contre le mien, fait à nouveau glisser ses lèvres sur ma joue, vient mordiller mon oreille et me chuchote : « Même comme ça, tu es encore plus belle ».
Il me prend doucement par les épaules, me fait pivoter et nous nous retrouvons face à un miroir de plein pied. Adam a posé ses mains sur mes hanches et me butine le cou. Je recule contre lui violemment. Mes yeux. Mes yeux brillent avec le reflet du soleil et lancent des éclats dorés dans toute la pièce. Adam relève la tête, mais ce n’est plus Adam, c’est Thufyr Grant, le chef de l’Etat Major des Territoires Irradiés à sa place, avec un rire énorme, un rire gras. Je me dégage et me plaque les oreilles avec mes mains...

Et je me réveille en nage.

*
**
Tout est calme autour de moi. Ma minuscule cabine est plongée dans l’obscurité. Ici, plus de soleil comme dans ma chambre au Palais. Dans

l’espace, il fait toujours noir.

Je m’appelle Aura. Je suis pilote affectée au Vaisseau Amiral, sous les ordres du Commandement Suprême. Ma vie, ou plutôt la vie des habitants de la Terre, a basculé une nouvelle fois il y a quelques mois.
Il y a 150 ans une première tempête magnétique, dénommée Storm, a balayé notre planète, divisant celle-ci en deux mondes. Les Territoires sains, ayant échappé aux radiations, et les Territoires Irradiés. Un bouclier magnétique a été érigé par le Commandement Suprême pour empêcher tout contact avec les Territoires Irradiés et éviter à la population des Territoires Sains toute contamination par irradiation. Une partie des habitants des Territoires Irradiés a survécu, mais certains d’entre eux ont subi des mutations génétiques, ainsi que leur descendance.

Mon père, Paul Ix, était gouverneur responsable d’un poste avant frontière aux Territoires Sains. En surprenant une conversation, j’ai appris la survenue d’une deuxième tempête, et les manœuvres secrètes du Commandement Suprême pour évacuer une partie de ses habitants dans des vaisseaux placés en orbite autour de la terre afin d’échapper à cette nouvelle menace.

Mon oncle Sirius nous a alors expliqué, à moi et mon frère de laie, Askyn, l’existence d’un réseau secret entre les deux mondes afin de parvenir à leur réunification. Ma mère, Ilexia, et celle d’Askyn, Jessica, en faisaient partie. Je parle de ma mère au passé, car elle est morte dans des circonstances jamais élucidées lorsque j’avais six ans. Celle d’Askyn est toujours vivante, mais lui l’ignore encore. Jessica a du fuir la menace et vit aujourd’hui dans la Mégalopole. Elle a choisi pour nom de code Nemesis, la déesse de la Vengeance.

Par l’entremise de mon oncle Sirius, j’ai accepté d’espionner pour le compte du Réseau et je suis tombée amoureuse d’Adam, le fils de Léto, un des membres de l’Etat Major, également membre du Réseau. La position du Réseau est difficile : chacun de nos gouvernants en place,

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Commandement Suprême pour les Territoires Sains, et Etat Major pour les Territoires Irradiés, n’ont aucun intérêt à une telle réunification. Comble d’ironie. La seconde tempête, Storm II, a cette fois-ci épargné les Territoires Irradiés et s’est abattue sur les Territoires Sains. Contre toute attente, l’Etat Major a mis à profit cette situation afin d’annexer tous les territoires de la Terre évacués. Le Commandement Suprême réfugié dans ses vaisseaux, ne dispose plus sur la planète que de sa base arrière, la Mégalopole, protégée par un bouclier anti radiation.

Thufyr Grant est le chef de l’Etat Major. Rebecca, la vieille servante de mes grands-parents, serait contente de vanter mon intuition sur ce sinistre personnage, croisé pourtant une seule fois lors d’une réunion au Quartier Général de Léto. Rebecca me répète sans cesse de suivre ma prescience et de croire en mon don. Si j’ai un don, c’est celui de la naïveté. Je suis tombée des nues au discours de Thufyr Grant proclamant l’annexion de nos territoires abandonnés. Le choc a été encore plus violent lorsque mon oncle Sirius a pris la suite en appelant le peuple des Territoires Sains au soulèvement contre le Commandement. Et contre le système cautionné par son propre père, Kynes Carthag, et par conséquent mon grand père, un des membres les plus puissants du Commandement Suprême.

Depuis cette annonce de l’annexion, je n’ai aucune nouvelle. Ni de Sirius. Ni d’Askyn, le compagnon chéri de mon enfance, pour lequel je n’ai aucun secret, parti rejoindre la Cité de Léto, par amour pour Tiffany. Ni d’Adam. Mon cœur se serre à l’évocation de son nom. Dans quelle mesure a-t-il eu connaissance des plans de Thufyr Grant, et quelle a été la position de son père Léto face à la décision d’annexion de nos territoires ? Leto a-t-il approuvé cette décision ou au contraire s’est-il opposé à celle-ci ? La majorité à l’Etat Major dépend malheureusement d’une troisième personne, Padisham Karvat, qui rassemble dernière lui les cités non- alignés. Sa propre fille, la ravissante Shany, grâce à son poste de responsable des relations diplomatiques entre l’Etat Major et les Cités, tire les ficelles du jeu. Duncan, le chef de la sécurité de Léto, m’a avoué ses vues sur Adam. Une alliance avec la famille de Léto lui assurerait ainsi une domination sur l’Etat Major.

La réaction du Commandement Suprême suite à l’annexion de ses territoires ne s’est pas faite attendre. La guerre a été déclarée aux Territoires Irradiés, et tout personne accusée et jugée de collusion avec l’ennemi est passible de la peine capitale. C’est la raison pour laquelle Adam ne m’a toujours pas contactée, du moins je l’espère. J’ai caché le transmetteur me reliant à eux au fond de mon lit. C’est la cour martiale si ce module se retrouve entre les mains d’un militaire du Commandement. Etre la petite fille de Kynes Carthag, membre du Commandement Suprême, n’y changera rien. Mon grand-père a déjà eu à assumer la trahison de son propre fils, mon oncle Sirius, à la tête des rebelles des Territoires Sains. Au contraire, il risque même d’être impitoyable pour l’exemple. Ma grand-mère est dans tous ses états.

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Shirin, la grand-mère d’Askyn, m’a rapporté qu’elle a failli avoir une attaque en voyant son fils apparaître à l’écran appelant à la rébellion. Sirius, le fils prodigue, promis à une brillante carrière, maintenant de l’autre côté du bouclier. C’est la tâche sombre de notre famille.

Dans quelle mesure ma mère a contribué au choix de vie de Sirius, son frère? Je ne l’ai jamais su. En tous les cas, cette influence maternelle aurait décidé mon père, appelé lui aussi à un brillant avenir au sein du Commandement, au choix d’un poste avant frontière des territoires, mettant ainsi fin à tous les espoirs placés par mes grands-parents en leur gendre. Du moins, c’est l’histoire officielle rapportée par mes proches. Par une vieille photo trouvée dans la maison de Sirius, sur laquelle ma mère pose dans la salle d’arme au Quartier Général de Léto, j’ai deviné son appartenance au Réseau. Mais je n’en sais pas plus. Que faisait-elle là-bas ? Personne ne sait pourquoi on m’a retrouvée vivante à côté de son cadavre en Territoires Irradiés. De toute cette période antérieure, je n’ai aucun souvenir. Le vide absolu. C’est pourquoi ce rêve me perturbe au plus profond de mon être. Je n’avais jamais rêvé de ma mère auparavant. La seule fois où elle m’est apparue, c’était lors d’une séance d’hypnose avec Tiffany il y a maintenant plus d’un an. Depuis plus rien. Jusque cette nuit.

Le seul fait d’évoquer ce cauchemar me déclenche des frissons. Quelle est sa signification ? De quoi mon subconscient a-t-il voulu m’avertir ?

Je m’assois sur mon lit. Quatre heures et demi du matin. Je n’arriverai plus à me rendormir. Je décide de me doucher et d’aller prendre un café dans la salle réservée aux équipes travaillant sur la flotte du navire.

* **

Le lieu est presque vide. A cette heure-ci, pas étonnant. Les équipes de nuit s’apprêtent à quitter leur poste et les équipes de jour ne sont pas encore arrivées. C’est ici qu’il y a six mois, nous avons appris l’invasion de nos territoires par les troupes de l’Etat Major.

Quelles troupes par ailleurs ? A aucun moment, Léto n’avait fait mention de l’existence d’une armée chez eux. Mais avec vingt Cités, chacune indépendante, Léto n’est surement pas au courant de tout et c’est d’ailleurs moi qui lui ai appris l’existence d’avions armés à l’Etat Major. Qu’est-ce que Thufyr a pu cacher d’autr à son meilleur ennemi ?

- Mademoiselle Ix, vous ici de si bon matin ?
Peter Harrington, le responsable en chef des pilotes du Commandement. Un excellent instructeur, mais aussi un charmeur hors pair. Même si l’équipe lui prête de nombreuses liaisons, je n’ai jamais pu vérifier les rumeurs. Ou si. Une seule. Celle de notre liaison à tous deux. Peter m’a sauvée ce jour là des geôles du Commandement, en affirmant avoir passé la nuit avec moi, alors que j’effectuais avec Sirius l’effraction, malheureusement infructueuse, de la chambre forte du Centre

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scientifique du Commandement, afin de pouvoir récupérer les plans anti- bouclier pour le compte des Territoires Irradiés. Au final, Quinn Devries, le responsable du Centre, m’a remis lui-même les plans en mémoire de son petit frère, arraché à sa famille et abandonné de l’autre côté il y a quelques décennies.

Peter et Quinn sont les deux seules personnes au courant de mes contacts de l’autre côté du bouclier.
J’explique à Peter la raison de mon arrivée matinale.

-  J’ai fait un cauchemar, et au vu de l’heure, inutile de me rendormir.

-  Ah Aura, me dit-il en prenant place à côté de moi avec son café, il existe un remède miracle pour passer une nuit complètement détendue. Il ne tient qu’à vous de le tester, ajoute-t-il en souriant. Regardez, le grand dadet qui vient d’entrer, ajoute-t-il en me désignant Markus de la tête. Claquez des doigts, et il se jette à vos pieds. Il serait dommage qu’une jolie plante pleine de sève telle que vous ne se dessèche par manque de suc.
C’est du Peter tout craché. Je souris.

-  Markus? dis-je en levant les cils vers Peter, avec un regard
provocant. Il n’a qu’à tendre le bras pour se servir, toute la gente
féminine de ce vaisseau est sous son charme.

-  Ah Aura, mais c’est trop facile. Vous êtes bien naïve. Le piquant en
amour, c’est l’inatteignable, ou l’interdit, ou les deux à la fois.
Je ne peux m’empêcher de rougir. Je suis sortie avec Markus il y a quelques années, lorsqu’il venait l’été chez nous visiter son père, Altris, le bras droit du mien. Notre gentille idylle n’avait pas survécu à notre retour au Collège, où il étudiait dans l’année supérieure à la mienne, les tentations féminines parmi mes propres camarades étant trop fortes pour ce charmeur naturel. Il y a un an, Markus m’avait aidé à décrocher une des premières places dans le classement de ma promotion, et un soir, dans un moment de faiblesse, j’avais cédé de nouveau à ses avances. Depuis, il semble avoir muri, son affectation au sein des opérations du Commandement ayant sans doute contribué à ce changement. Mais ce chapitre de ma vie sentimentale avec Markus me met mal à l’aise, je choisis de détourner la conversation.

-  Ma grand-mère n’était pas très contente quand elle a appris mon
affectation à votre unité. Malgré mes multiples démentis, elle est
toujours persuadée d’une relation entre nous.

-  Les autres et le qu’en dira-t-on, je n’en ai cure, vous le savez très bien
Aura. Mais gardez bien en tête mes paroles. Je vous sens parfois bien
seule. C’est agréable et même vital ici de se changer un peu les idées. Soudain l’alarme retentit au sein de la salle. Je sursaute. C’est la première alerte depuis mon affectation au Vaisseau amiral. Peter regarde le code affiché sur son beeper.

- Suivez-moi, me dit-il en me prenant le bras.
Nous courrons dans le couloir menant aux pistes de décollage. Les rares personnes croisées à cette heure si matinale font de même.

-  Que se passe-t-il Peter ?

-  Une attaque aérienne sur la Mégalopole, me crie-t-il pour couvrir le
bruit des sirènes. Je redoutais ça depuis longtemps, d’autant plus que

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nos chasseurs ne sont pas tous équipés d’armes. Et à cette heure-ci, à

part vous et moi, tous nos pilotes sont encore en train de dormir. Pas tous. Steve vient nous rejoindre. J’apprécie énormément Steve. Il a été affecté avec moi à l’évacuation de ma province. On a vécu ensemble des moments très durs. Ses réflexes m’ont surement sauvés lors d’une évacuation délicate. Tous ces évènements ont crée des liens entre les pilotes et une solidarité très forte au sein de l’équipe. Cette solidarité est renforcée par Peter, séducteur impénitent, mais chef d’équipe exceptionnel.

Nous sommes face à l’écran radar. Les avions sont déjà proches de la Mégalopole.
- Et zut, nous dit Peter, il faut y aller de suite. Pas le temps d’attendre

les autres. Allez-vous habiller et on se retrouve ici.
Je file aux vestiaires enfiler ma tenue et je cours rejoindre les autres sur le tarmac. Steve n’est pas encore arrivé.
Peter en profite pour se moquer de moi. C’est sa façon de gérer le stress, je l’ai compris depuis longtemps.
- Ah Aura, je craque complètement en vous voyant dans cette tenue,

plaisante-t-il. Je comprends pourquoi le service de la propagande tenait absolument à vous filmer ainsi. Vous êtes une publicité vivante pour le Commandement Suprême.

Peter fait référence aux films de propagande tournés avant l’évacuation ayant pour objet de rassurer la population, dans lesquels j’incarnais la pilote idéale, venue les sauver. Succès assuré auprès des enfants, beaucoup moins auprès des adultes.

Steve nous rejoint en courant.
- Tant pis pour les autres, nous crie Peter alors que nous nous

dirigeons vers nos appareils, ils nous rejoindront. Allons voir ce qu’ont dans les tripes nos petits cramés.

*
**
Je suis très nerveuse. Steve également. Nous n’avons pour l’heure jamais combattu à bord de nos monoplaces, sauf en simulateur. Notre apprentissage du pilotage se limitait jusqu’il y a six mois au transport des populations. Entre ça et tuer le pilote d’en face, il y a un fossé, que beaucoup d’entre nous ne sont pas prêts à le franchir. Du moins pas maintenant. Mais le Commandement ne nous a pas laissé le choix. Nous seuls sommes capables de piloter et ils n’ont plus le temps de former de nouvelles troupes de chasseurs. Titan Industries a du équiper dans l’urgence nos engins d’un armement minimal. Mais cela traîne, et pour l’instant, seul un quart de nos appareils sont prêts à cette nouvelle fonction. Pour l’heure, nous nous sommes contentés de vols de reconnaissance au-dessus de nos anciens territoires. Nous n’avons pas osé pousser au-dessus des Territoires Irradiés. Leur brouillage radio fonctionne toujours, et nous sommes trop peu nombreux pour nous permettre de perdre appareils et pilotes. La déclaration d’annexion a pris de court nos dirigeants. Ils hésitent encore sur la meilleure stratégie à

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adopter. A voir qui du premier ouvrira les hostilités. Il faut espérer que ce début de matinée n’est pas celui choisi par l’Etat Major pour faire cela, car dans ce cas nous risquons de friser le ridicule. Et nous, pilotes, peut- être même plus.

Nous rentrons dans la stratosphère.
- Mes enfants, nous dit Peter par radio, c’est notre première

confrontation à l’ennemi, du moins si on peut désigner en ces termes des gens qui ont juste pris ce qu’on a laissé en s’enfuyant. Alors on n’ouvre pas les hostilités. On les laisse venir, et s’ils attaquent, on riposte. C’est bien clair ?

Ce discours me soulage. Je ne m’imagine pas encore abattre une personne si je n’ai pas de raison valable de le faire. Et Peter a raison, pour l’instant, nous n’en avons aucune. Le Commandement suprême a lâchement abandonné une partie de son territoire à Storm II, se mettant à l’abri en orbite, laissant sur place une partie de la population autochtone. Au final, l’Etat Major n’a fait qu’occuper des territoires abandonnés. Je me demande si Thufyr Grant l’a présenté ainsi pour persuader les vingt Cités de passer à l’action. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons eu aucun acte d’hostilité de leur part. Au contraire, l’Etat Major est venu au secours des habitants irradiés abandonnés par le Commandement dans les villages, voués à une mort certaine si Storm II était passée au niveau de ces zones. Difficile de traquer un ennemi sans motivation réelle ou suffisante.

Mes mains sont moites. Nous arrivons en vue de la Mégalopole. Le bouclier anti radiations a été retiré il y a juste quelques jours. Storm II est réellement terminée, il n’y a plus de danger. Je devine au loin les hautes tours atteignant parfois les nuages. Le soleil est en train de se lever et gêne en partie notre visibilité.

- A quinze heures, dit Peter.
Effectivement, trois formes se détachent dans le ciel. Une petite navette et deux chasseurs.
- On se place derrière, nous ordonne Peter, et on attend de voir.
Nous plaçons nos trois appareils sur une ligne fictive. Ils ont ralenti leur allure, et volent maintenant au dessus de la Mégalopole. La navette commence à amortir une descente.

-  Ils vont se poser ? Les troupes au sol sont averties ? demande Steve

-  J’imagine que oui, répond Peter.

-  Attendez, non, elle a stabilisé son niveau. Regardez, la soute est en
train de s’ouvrir, dis-je. Peter grogne.

-  Mais bon sang, que sont-ils en train de mijoter ? Aura, vous vous rapprochez pour avoir un meilleur visuel. Steve, on reste en back-up si nous devons armer pour abattre la navette.

-  Compris, capitaine.
Et je mets les gaz pour me rapprocher de la navette. Je me place derrière elle, à un niveau un peu plus bas, afin d’avoir une vision entière de

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l’appareil. Soudain, des milliards de confettis blancs s’échappent du ventre de l’appareil.

-  Aura, que voyez-vous ? hurle Peter. Que sont-ils en train de balancer
au-dessus de la Mégalopole ?

-  Attendez, je ne pense pas que ça puisse tuer.
Je regarde encore une fois pour être bien certaine. Du papier. Je m’en ouvre à mes compagnons.
Peter éclate de rire.

- On va voir si je me trompe, mais si c’est bien ce que je crois, ils sont

aussi fort que nos responsables en matière de propagande. Je parie que ce sont des tracts balancés sur la ville. Cette si bonne vieille méthode fonctionne toujours. Bon, on leur colle au train quand même jusqu’au bout pour s’assurer qu’à la fin de leur tournée, ils ne leur prennent pas une autre idée.

Peter ne s’est pas trompé. Une fois leur cargaison larguée, les trois vaisseaux repartent en direction des Territoires Irradiés. Nous faisons de même vers le vaisseau Amiral.

*
**
Peter nous donne quartier libre après le débriefing en salle des pilotes. Nos camarades réveillés trop tard font tous profil bas. Peter les rassure en les dédouanant, personne n’ayant encore pris la mesure des

événements. Il annonce dorénavant une garde 24 heures sur 24.

Je pars courir sur la plateforme. Un immense parc a été aménagé à l’attention des habitants des vaisseaux pour une halte dans ce havre de verdure plus vrai que nature. Les architectes du Commandement ont été exceptionnels et n’ont pas lésiné sur les dépenses. Petit lac, ruisseau, bruit des oiseaux et même écureuils factices dans les arbres programmés pour voler d’arbres en arbres. Les enfants n’y voient que du feu. Un parcours sportif a été aménagé, mais à cette heure-ci, il est encore tôt, nous sommes très peu à évoluer sur celui-ci. Même le vent n’a pas été oublié. Je sens sa caresse sur mon visage. Ainsi que les odeurs de mousse fraîche et de pins dont je me remplis les poumons. Même si tout cela est faux, cette nature artificielle aide à faire le vide.

Après m’être douchée, je file vers les appartements de mon père. Shirin est en train d’installer des fleurs sur la table du salon, avec la petite Alia dans ses jambes. Shirin me serre dans ses bras, puis je m’accroupis en face d’Alia.

-  Ma chérie, tu n’es pas à l’école à cette heure-ci ?

-  Pas aujourd’hui, Aura, me répond-elle en rigolant.
Je la serre contre moi et enfouit ma tête dans ses cheveux bouclés exhalant le shampoing à la lavande. Shirin utilisait le même pour moi. Son odeur fait ressurgir les images du Palais. Mes yeux se mouillent, mais je ravale vite mes larmes. Il faut aller de l’avant, rien ne sert de ressasser le passé. Accepter les choses pleinement pour pouvoir y faire face, et ne pas regarder en arrière. C’est la seule façon d’avancer. C’est la promesse faite

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à Adam lors de notre dernière entrevue. Je me relève et dépose un baiser sur le front d’Alia.

-  Sois sage avec Shirin ma puce. Ne la fais pas tourner en bourrique
comme moi à ton âge.

-  Ne t’inquiètes pas, me dit Shirin. Alia est une enfant adorable. Elle
comprend tout très vite et ne m’ennuie absolument pas. Mais toi, prends soin de toi ma chérie - Puis sur un ton de reproche - tu devrais passer plus souvent nous voir, et venir dîner avec ton père

-  Oui, je sais, dis-je en soupirant. Mais avec les nouveaux tours de garde, ça risque de devenir difficile. Père est-il là ? Je voudrais discuter avec lui

-  Non, il a été appelé en urgence ce matin par le Commandement.
Bien sur, l’attaque sur la Mégalopole. Je promets à Shirin de passer diner ce soir. Ce n’est pas honnête, ma visite est intéressée, mais je voudrais en apprendre plus. Mon père est heureusement d’un abord plus facile que mon grand-père, peu présent ces derniers temps, accaparé par ses fonctions. La nouvelle situation de guerre déroute notre vieux système en place. Depuis Storm, nous avons toujours vécu en situation de paix, malgré une chasse aux irradiés dans les premiers temps. Mais nous n’avions pas d’ennemi frontal. Nos dirigeants font maintenant face à une situation inédite, avec pour handicap une population n’ayant jamais eu à lutter pour sa survie, du moins dans la Mégalopole, et dont l’oisiveté a été en partie encouragée par le pouvoir en place. La situation risque de devenir délicate si les évènements se durcissent vraiment. Nous ne sommes pas du tout prêts à affronter ce scénario. La faute à notre pouvoir central. Car malheureusement pour nous, le camp d’en face est déjà en ordre de marche depuis longtemps.
Mon estomac se rappelle à mon bon souvenir. Je n’ai pas eu le temps de déjeuner ce matin, et je sors d’une heure d’entrainement physique intense. Je me dirige vers le mess des pilotes. Steve y est déjà. Il me fait un signe de la main pour m’inviter à le rejoindre.
- Tu as entendu Aura? Sur ce que la navette a déversé sur la Mégalopole ?
Contrairement à mes amis pilotes, toute ma famille se trouve en orbite. Je n’ai aucun contact en bas, aucune remontée d’information.
- Peter avait raison, c’était bien des tracts. De l’Etat Major. Ils
fournissent la cartographie exacte de nos territoires épargnés par Storm II et invitent les habitants à rentrer chez eux. L’Etat Major leur promet une vie douce et tranquille.
Steve jette un œil autour de nous. Nous sommes seuls à notre table. Il me dit plus bas, sur le ton de la confidence.

- J’ai un cousin en bas, il travaille chez Titan Industries à la chaîne de

production. Ça commence à bouger. Le Commandement a fait l’erreur de regrouper les habitants dans la Mégalopole par province. Ce sont tous des déracinés, rien à voir avec les vrais habitants de la Mégalopole que nous avons ici à bord des vaisseaux. Du coup, de véritables factions par province sont en train de se mettre en place,

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et il paraît qu’il y a même eu des altercations avec des militaires du

Commandement.
Il vérifie une nouvelle fois que personne ne nous écoute, puis reprend plus bas.
- L’attitude du Commandement a été stupide. Depuis six mois, ils n’ont

rien laissé filtré, on n’a jamais su les réels dégâts causés par Storm II. Là c’est chose faite, et l’information a été donnée par l’Etat Major. Ça va augmenter leur capital de sympathie auprès des foules.

Je partage l’analyse de Steve. Le Commandement n’a jamais pris la mesure de la mentalité des populations des provinces reculées, différente de celle de la Mégalopole. Si, outre une guerre, le Commandement doit gérer une insurrection civile, la situation risque rapidement de devenir explosive avec deux fronts à la fois. En ne sachant pas au final laquelle est la plus dangereuse, de la menace interne ou externe.

Nous passons l’après-midi en atelier de simulation. Je me révèle être aussi douée pour voler qu’abattre le pilote d’en face. A ce petit jeu, je bats tous mes camarades. Même sans utiliser les instruments électroniques à ma disposition. J’agis à l’instinct. Une vraie chasseuse selon Steve.

Peter a bien sur été convoqué suite à l’épisode de ce matin. Le Commandement est furieux, nous-a-t-il dit, de notre passivité face à l’ennemi. Mais Peter est resté sur sa ligne de conduite. Il refuse d’attaquer en l’absence d’acte d’hostile. Il s’est même permis d’affirmer, s’excuse-t-il par avance auprès de nous, d’avoir le soutien de toute son équipe. Le Commandement est impuissant face à notre position, car nous sommes les seuls à piloter. Du moins pour l’instant. Le soulagement se lit sur nos visages. Aucun d’entre nous ne se voit abattre froidement le pilote d’en face, sans aucune bonne raison. Avec son sens de l’humour habituel, Peter nous invite ce soir au bar panoramique pour fêter notre premier contact avec l’ennemi. Je décline en prétextant d’autres projets. Un sourire en coin se dessine sur les lèvres de notre boss. Dans d’autres circonstances, j’aurais trouvé ces allusions pesantes. Mais là, elles ont plutôt l’effet de détendre l’atmosphère entre nous et quelques camarades me chambrent sur ma vie amoureuse.

*
**
Comme d’habitude, je me régale des mets préparés par Shirin. Depuis l’évacuation du Palais, mon père a les cheveux blancs. Ils ont blanchi en sept jours, les sept jours pendant lesquels tout le monde m’a crue morte. Mais là, il semble aller mieux. Je lui raconte notre sortie de ce matin. Il me dit approuver l’ordre de Peter de ne pas tirer. L’attitude de mon père a évolué par rapport aux derniers jours passés au Palais. Il est très critique envers le Commandement. Va me fait plaisir de le retrouver ainsi. Il me

confirme les propos de Steve.
- La situation devient explosive dans la Mégalopole. On déplace des

milliers de personnes dans un lieu complètement étranger à leur façon de vivre, on les parque sans la moindre information. De

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surcroit, on les installe en fonction de leur provenance géographique, en espérant que cela va apaiser les tensions. Mais c’est l’effet inverse qui se produit au final, car ils se retrouvent en clans, et ils commencent à s’interpeller entre eux pour le contrôle de la ville. Le fait de tous travailler pour Titan Industries renforce cette situation. Il paraît même que certains contremaitres sont soudoyés, et ne fournissent du travail qu’à telle ou telle faction, en fonction du bakchich reçu. Au lieu d’essayer le dialogue avec le chef de ces factions, le Commandement ne sait qu’envoyer ses militaires, alors qu’il faudrait faire preuve de diplomatie, et lâcher un peu de lest. Et au minimum associer ces nouveaux chefs aux prises de décision concernant la Mégalopole. Le Commandement doit comprendre que l’ancienne société a disparu avec Storm II, et apprendre à devoir gérer autrement, s’il ne veut pas se retrouver avec une insurrection civile en plus d’une guerre.

Je suis ravie de voir mon père partager mon analyse.

-  La situation a réellement changé en bas depuis six mois ? Je n’y suis
pas retournée depuis.

-  Oui et plutôt en mal, me répond-il, et je suis bien contente que tu ais
été affectée ici. Comme je viens de te le dire, la Mégalopole s’est divisée en quartiers qui correspondent aux anciennes provinces. Certains sont même carrément devenues dangereux à fréquenter si tu ne fais pas partie d’eux. J’ai proposé au Commandement que chaque ex-gouverneur puisse aller dialoguer avec ses anciens administrés, mais pour l’instant ces messieurs n’ont toujours pas daigné répondre, malgré le soutien par plusieurs de mes collègues dans cette démarche. Sois prudente si vous devez vous rendre en bas, et conserve toujours ton laser sur toi.
Je secoue la tête de surprise.

-  La situation a évolué à ce point là en si peu de temps ?

-  Si tu avais connaissance des comptes rendus de nos troupes au sol,
soupire-t-il, tu comprendrais mieux mon inquiétude. Il ne fait pas bon se promener seul quand tu portes l’uniforme du Commandement. Plusieurs de nos gens se sont fait attaquer alors qu’ils rentraient à la caserne après avoir été se détendre dans les bars ou à l’hippodrome. Même ce lieu si bien fréquenté, et où tes grands parents te laissaient sortir seule, est devenu, paraît-il, un vrai coupe gorge. Donc ma chérie, promets moi d’être bien prudente si vous devez vous rendre là-bas. Et surtout si tu sors, ce que je peux comprendre, on ne peut pas vous enfermer dans une prison de verre avec tes camarades, surtout ne revêtez pas vos uniformes. Par les temps qui courent, ce ne serait pas une bonne idée.
J’embrasse mon père en le quittant et en lui promettant d’être prudente. *
**
Je regarde l’heure en sortant du vaisseau des officiers. Il est un peu tard, mais je décide quand même de bifurquer par le bar panoramique pour voir si certains sont encore à la fête. J’entends soudain une voix derrière
moi.

12

- Mademoiselle Ix.
Peter est encore là, assis au comptoir du bar. Markus est à côté de lui. Je prends place à côté d’eux.
- Vous tombez bien Aura, me dit Peter. Markus vient de m’apprendre,

avant l’ordre d’affectation officiel, que tous les pilotes sont envoyés par rotation en session d’entrainement dans votre ancien Collège. Il paraît que ça se gâte dans la Mégalopole, et le Commandement souhaite que vous appreniez à vous défendre au corps en cas de besoin. J’espère juste que ces vieux sbires ne sont pas en train de se dire que si tout est calme dans les airs, il faut vous envoyer en bas pour renforcer la chair à canon. Vous allez dorénavant tourner une semaine sur quatre sur Terre.

Je lui réponds en souriant et en regardant Markus, silencieux pour l’instant.

-  Au final, un peu d’action ne nous fera pas de mal. Le jogging matinal
commençait à perdre de sa nouveauté.

-  Je suis d’accord, renchérit Peter, mais en soupirant. Un peu d’activité
ne nuira à personne, sinon vous allez tous étouffer à rester enfermés ici. Moi également je devrais descendre un peu plus souvent pour me changer les idées.
Je suis tentée plaisanter sur la façon dont il compte se changer les idées en bas. Mais il me coupe avant.

- Soyez bien prudente Aura. La Mégalopole que vous avez connue

avant Storm II n’est plus. J’ai bien mis en garde vos camarades en partance avec vous demain. Si vous sortez, vous le faites en groupe. Je ne voudrais pas perdre un de mes pilotes dans ces rues coupe- gorges. Allez vous coucher maintenant, me dit-il en regardant sa montre. Il est tard et vous partez tôt demain.

Je descends de mon tabouret, les salue et repars vers ma cabine. J’allais y pénétrer lorsque j’entends des pas derrière moi. Je me retourne. Markus. - Aura, Peter a raison. Je ne suis pas habilité à te divulguer le contenu

des rapports, mais la situation a réellement dégénéré en bas. Le

Commandement ne contrôle plus certaines parties de la Mégalopole. Je ne veux pas lui avouer être déjà au courant de la situation par mon père. J’essaie de dédramatiser en voyant son air sérieux.

-  Allez Markus, enfin un peu d’action, nous commencions à tourner en
rond sur ce vaisseau.

-  Aura, on ne rigole plus maintenant. C’est vraiment la guerre en bas,
mais pas avec ceux qu’on attendait. Promet-moi d’être prudente.
Je commence à en avoir assez des conseils des uns et des autres sur mon comportement.

- Markus, ça suffit, on dirait mon père ! Je t’ai connu plus divertissant.

Où est passé ton côté c’est-moi-le-plus-grand-charmeur ? J’ai du mal

à croire que Storm II t’ait changé à ce point là !
Il esquisse alors un sourire.
- Désolée, Aura, mais je ne dors pas beaucoup depuis le début des

hostilités. Ça doit être le manque de sommeil. Il faut dire qu’on n’a pas beaucoup l’occasion de se détendre là où je travaille. Je regrette parfois de ne pas avoir choisi un vrai poste de terrain comme le tien.

13

Mais bon ce qui est fait est fait, trop tard pour revenir dessus, dit-il en haussant les épaules, comme pour se persuader lui-même qu’il a raison.

-  Tu devrais parfois faire des pauses, ou alors te changer les idées en allant en bas.

-  Oui, oui tu as raison, me répond-il en souriant maintenant plus franchement. Si je descends, tu accepterais de m’accompagner ? A force de côtoyer à longueur de journées tous ces gens barbants du Commandement, mon carnet de bal a fondu comme neige au soleil.
Je ne peux m’empêcher de sourire à sa dernière phrase.

- Ah, reprend-il. J’ai réussi à t’arracher un sourire. Arriverai-je à obtenir un baiser pour le repos du guerrier? ajoute-t-il en se

rapprochant de moi
J’éclate de rire et lui tends ma joue droite. Il m’embrasse en grommelant préférer autre chose, mais me dit s’en contenter pour l’instant. En me quittant, il me rappelle que son offre de partager sa cabine avec moi tient toujours.

Au fond de moi-même, je suis reconnaissante à Markus. Cet interlude m’a détendue et changé les idées. Pas pour longtemps malheureusement. Je m’allonge sur mon lit et l’image de Caramel tournant sur lui-même en boule pour trouver sa place à côté de moi me revient en mémoire. Mon pauvre chat. Qu’est-il devenu ? Je m’endors sur cette triste pensée.

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