Oni - Premiers jours

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- Kalv -

 La ville de Oni est assez grande, pas autant que la splendide Io mais elle reste de bonne dimension tout de même, l'architecture Livienne ne me plaît guère, mais je ne suis pas là pour cela. Encore de grandes rues pavées avant d'arriver au bâtiment principal. Celui qui est la seule chose intéressante ici.

 Je suis accueilli par un vieillard avec une très longue natte, une épée longue parsemé d'entaille pend à une corde autour de sa taille. Je lui demande où sont les guerriers que je dois combattre non sans faire allusion à son âge.

Sans que je ne puisse le voir, il se retrouve derrière moi, son épée abîmée sous ma gorge. Me tuer n’apportera rien de bon pour les relations entre nos pays, c'est donc un test, ou une leçon... Je lui attrape le poignet et le désarme en un instant, plutôt que d'être déstabilisé il se tient devant moi, droit comme si je ne lui avait pas toucher le moindre cheveux alors que j'aurai brisé le poignet d'une personne lambda. Je rattrape son épée qui jusqu'alors était dans les airs. Son poids me surprend, et je la reprends à deux mains. Même comme cela elle reste incroyablement lourde. Je dirais au moins cent kilos. Comment un vieillard comme lui peut-il porter une telle arme ? Je lui tends avec une extrême difficulté, il la reprend à une main, la fait tournoyer autour de lui. S'arrête et me dit qu'il est l'homme qui gouverne ce pays. Je comprends mieux…

 Les entailles dans son épée sont le nombre de frère d'arme qu'il a vaincu en duel, et sa tresse, la preuve de sa force. Leur culture est bien plus intéressante que je ne l'imaginais. Il me conseille de me reposer et de faire nettoyer mon armure. Je vais suivre ses conseils, même si je laverai mon armure moi-même. Je dois combattre cet homme. Je dois le vaincre.

 Je me repose cette nuit. Me sustente. Et le lendemain il m'amène des guerriers, même si ils semblent impressionnant, ils ne dégagent pas la même aura de puissance que le vieil homme. Je les bats en quelques moulinés les uns après les autres. On me présente alors de meilleurs guerriers, m'indiquant que les autres étaient artisans de profession, et non soldat. Ce pays est de plus en plus intéressant. Les hommes en faces de moi sont des soldats, à n'en pas douter, on ressent la férocité dans leurs regards, le genre d'hommes qui mettent leur honneur en jeu à chaque combat. L'adrénaline me monte à la tête.

Le premier homme est grand, il ne porte qu'une tunique noire, et sur son sabre on peut voir cinq incisions. Je dois le battre, chaque entaille me rapprochera du vieil homme. J'ai quatorze jours pour y parvenir. Mon arme en main, je commence à tourner autour de mon concurrent. En tournant, je vois que ça natte a été coupé récemment, signe de défaite il va donc avoir la rage de vaincre. Il s'élance en avant, on dirait que ça va se finir rapidement finalement… Décevant. A deux mètres de moi, il s'élance dans les airs, je suis si surpris que je n'ai pas mis mon épée en posture de parade, il tente un coup vertical avec la vitesse accumulée par sa course. Je me jette sur le côté, me faire toucher au visage signifierait une défaite évidente. Je me redresse le plus rapidement possible. Déjà il me cours dessus, je pare le coup qui voulait me mettre dans la jambe gauche, il recule, lui aussi ne s'attendait pas à avoir un adversaire lui tenir tête. Un sourire aux lèvres, je le charge, il fait de même. Un coup d'estoc ? Je vais le parer facilement. Il change l'angle de son épée au dernier moment. Il vise le torse. Plutôt que de parer, je tente une esquive sur la droite dans le but de lui mettre un coup au niveau de l'épaule par le haut. J'arrive à esquiver, mais de justesse, je tourne sur moi-même par la droite et envoie voler mon épée, il avance sa lame pour se protéger d'une attaque mortelle. Mon coup le fait tomber et sa lame se plie, je mets mon imposante arme à son cou, il me regarde, puis tourne la tête. Je me tourne vers l'assemblée, incrédule. L'ancien me dit de lui couper sa natte. Le pauvre bougre perd le restant de sa natte. Et il repart sans un mot en direction de la ville. L'ancien m'explique que plus que leur honneur, c'est la représentation de leur vie que cette natte représente. Aussi improbable que cela puisse paraître… Je regrette d'avoir battu cet homme, il rentrera chez lui, verra le regard de sa femme et de ses enfants…

Mais on n'a pas fini de m'instruire. Un homme plus grand et plus musclé que mon précédent adversaire, lui va peut-être me battre, et je n'aurai pas à couper la vie d'un autre. Il se met en garde, cette même fureur dans les yeux. Il me charge, s'arrête proche de moi, me contourne et fend l'air de son épée, je pare. Il s'arrête, me dévisage, l'air dégoûté. Il me lance qu'il ne comprend pas ce qui ne va pas avec moi. L'ancien me regarde, lui aussi semble déçu,

« Un duel n'est pas qu'un simple combat, c'est toute la volonté des deux adversaires qui se confronte, ce n'est pas la force qui les distinguera, c'est avant tout la volonté qui pousse un homme à en battre un autre. Ne pas te battre dans le but de gagner est comme cracher sur l'honneur et la volonté de ton adversaire. Ton adversaire lui l'a compris à la première parade. » me dit le vieil homme.

Il a raison, cet homme se bat depuis toujours pour préserver son honneur, toujours il a combattu et vaincu des hommes qui avaient cette même soif de victoire. Ne pas honorer cet adversaire est comme ne pas honorer tout ce qu'il a pu faire de sa vie, et également déshonorer ceux qu'il a vaincu. J'empoigne la garde de mon arme, un nouveau souffle de rage dans le regard, le vieux esquisse un sourire et l'homme en face de moi me relance mon regard. Et on se jette l'un sur l'autre épée en avant.

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