« Cette nuit là.. »

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Les démons infernales de son âme étaient de sortie. Plus intensément présents, plus intensément destructeurs qu'à leur habitude. Seule, dans cette vaste chambre, légèrement loin de tout, ces pilules l'appelaient d'une voix aiguë, dangereuse et insistante. La lutte s'annonçait longue, et tétanisante, mais c'est après plusieurs heures de souffrance, plusieurs mois d'horreur, plusieurs années de cauchemar, qu'elle fini par céder. Et inconsciemment, le désir de mourir fit son grand retour. Elle le senti tendrement l'atteindre, et s'imprégner de tout son être. Et c'est en un instant, que le gris devient noir.

Que faire face à une telle transition qui ne prévient pas ? Une transition à laquelle on ne s’attend jamais, mais qui arrive pourtant si vite. Une transition brutale qui nous secoue, et nous rappelle à l’ordre : « rien est éternel ». Un rappel qui ne devrait pas en être un, mais qui devrait plutôt être une évidence de tous les jours, à ne jamais oublier par mesure de sécurité. Une sécurité importante dont nous nous privons parfois par envie de liberté, alors que celle-ci est si importante lorsque cette vague de froid s’empare de notre être. Ce léger frisson qui bouscule et tue à la fois. Ce frisson porte un nom pour chacun de nous. Le sien s'appelle Jordan.

Allongée sur ce lit sans âme, dans la nuit la plus obscure qu'il puisse, ce soir là, son corps a finalement lâché prise. Ses yeux se sont lourdement fermés, et elle senti douloureusement son esprit s'éloigner. La mort, quant à elle, s'approchait, elle était là, tout près. La lutte dura de longues minutes, en vin.


Contre toute attente, sans savoir pourquoi, elle ne voulu pas d'elle, la mort, cette nuit là. C'est donc dans un état second qu'elle s'est réveillée. Ambulance, samu, infirmiers, perfusions, réalité ou illusion ? Elle avait perdu tout contrôle de sa situation, toute conscience de l'action, et se laissait donc aller de bloc en bloc. Les lumières éblouissantes de ces couloirs étroits, blancs, et bruyants annonçaient l'envers du décor. Le genre de décor que l'on s'imagine mais où l'on ne s'est jamais rendu. Le genre de scène que l'on voit dans les films, mais que jamais nous nous imaginons vivre. Le genre de scène que l'on s'approprie et qui devient une plaie non cicatrisée, une histoire à raconter.

Accumulation de différents clowns déguisés d'une blouse blanche appelés médecins, psychologues et psychiatres.

"Savez vous pourquoi vous êtes là ?", "Combien en avez vous pris ?", "Quelle heure ? Quelles dose ?", "Êtes vous consciente que vous auriez pu y rester mademoiselle ?" Discours inutiles, en vin. Si seulement ils savaient à quel point, à cet instant même, leurs interrogatoires et inquiétudes l'importaient.


Le détail le plus sombre de ce récit était qu'à cet instant même, elle peinait à discerner si le pire était d'avoir essayé de mettre fin à ses jours, ou si c'était de s'être ratée. Elle sait un peu ce que c’est que d’être vide. Absence de larme, de rire, d'envie de vivre, de rage au bide. Plus rien, qu’y puisse booster. Alors elle a gobé pour oublier, se débloquer. Mais son mal être n’était pas guéri, elle était juste droguée. 2015, ou l'année de cauchemar sans fin, constamment, infiniment. Ce genre de tunnel sans sortie, où la lumière du jour parait bien trop loin. Ce genre d'impasse, où l'on te rappelle que tu n'es pas seule, alors que Dieu seul sait à quel point tu l'es réellement. Ce genre d'histoire que l'on ne raconte pas. Ce genre de plaie que l'on t'apprend à camoufler et non à accepter, encore moins à cicatriser.

Quand tu t’éteins, tu entends une voix qui te dis bats toi, au moins pour eux, pour lui. C’est peut être l’homme de ta vie, peut-être le père de ta fille. Et puis la voix se fait rare et tu t’écroules. C'est pourquoi, durant les prochaines nuits à venir, ses larmes couleront toujours autant, et son cœur se serrera aussi douloureusement, tandis que son âme, elle, se trouvera encore et toujours aussi vide. Au passage, si jamais il vous arriverait de croiser son passé, dites-lui qu'il lui manque. Dites lui que beaucoup lui manque, qu'un monde entier lui manque. Son monde.


L'hôpital, prison où le bonheur se trouve uniquement derrière des cachetons ou des seringues. Là où tu n'es rien qu’un pauvre malade, rien qu’une jolie d’ordonnance. Tous des menteurs, tous des trafiquants d’espoir. Parce-que vous n’arrêterez pas ses coups de cœur avec vos antipsychotiques, antidépresseurs. Vous n'arrêterez pas ses nuits en enfer avec vos anxiolytiques, ou autre horreur. Elle n'est pas malade, elle a simplement un trop grand cœur pour un avenir trop illusoire.


« On ne sort jamais indemne de la ts. Pire encore quand tu n'as plus de meilleur ami, d'amour, et que t’es seule. À calmer ton seum pour éviter de sortir un gun. Donc moins je côtoierais de monde et moins je compterais d’hématomes. Le manque ronge et l'absence rend dingue. Tu niques la décadence de mes pensées rien qu'avec ton absence. Parce-que je ne te cache pas que j'aurais bien eu besoin de toi, l'autre nuit, entre les murmures, les rires et les étoiles. » se dit-elle, assise sur son lit d'hôpital, prête à rentrer chez elle, après de longues semaines derrière ces quatre murs blancs.

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Cette nuit làChapitre9 messages | 8 ans

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