V

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En retard, Charles rentra chez lui. Jeanne l’accueilli un peu contrariée de son retard, mais satisfaite de le voir enfin revenir. Ils déjeunèrent d’une salade agrémentée et discutèrent de tout et de rien comme le font souvent les couples à l’heure du repas. Le sujet de la pierre fut rapidement abordé, mais sans réellement susciter d’intérêt de la part de Jeanne, et donc la discussion se dirigea dans une toute autre direction, la lecture du moment de Jeanne. Un livre de littérature jeunesse, l’histoire d’un sorcier qui combat le mal tout en apprenant à maîtriser sa propre magie. Charles écoutait d’une oreille distraite, acquiesçant d’un signe de tête quand il lui semblait devoir le faire. Ce n’était pas que le discours de sa femme ne l’intéressait pas, mais il avait la tête ailleurs, ce qui est fréquent dans de tels moments de vie. La question de M. Odonat lui trottait dans la tête : qu’allait-il faire de cette maison ? Il avait d’abord pensé, comme une évidence, la vendre, mais maintenant que la question lui avait était réellement posée cela lui semblait totalement différent. Il prendrait le temps d’y réfléchir seul avant d’en discuter avec Jeanne.

Dans les jours qui suivirent et avec l’aide de ses amis, ils vidèrent la maison de son enfance. Ils la débarrassèrent des meubles, certains furent conservés, d’autres vendus ou jetés. En vidant la maison, il effaçait une partie de ses souvenirs, mais cela devait-être fait. Sa mère, durant ses années de vie, avait accumulé un tas d’objets divers et variés dont, pour beaucoup, il ignorait la provenance ou l’utilité. Il ne restait presque rien dans la maison quand il retrouva la pierre que quelqu’un avait jeté à la poubelle il se sentit attiré par elle. Alors, sans pouvoir l’expliquer, il la récupéra et la fourra dans la poche de son sweat poussiéreux. Cette tâche était fatigante, tant sur le plan physique que sur le plan moral. C’était un peu comme un déménagement, mais un déménagement sans destination.

Finalement, après une semaine de travail, la maison était totalement vide et nettoyée. Un dernier tour à la décharge avait permis de se débarrasser des derniers objets trop encombrants. C’est alors que Jeanne, s’approchant de son époux lui dit :

« La maison est prête à être vendue, il faudra tondre un peu pour faire un tout propre, mais le moment est venu. Ce n’est pas trop dur ? Je sais que tu y es attaché.

-Justement, à ce sujet… Je crois que je ne me sens pas prêt à la céder à quelqu’un.

-Je comprends, mais tu sais comme moi que nous n’avons pas les moyens de la garder.

-J’avais pensé que nous pourrions peut-être la louer. Elle nous rapporterait sûrement un peu d’argent.

-Il faudrait y faire quelques travaux. Cela demanderait un réel investissement. Financier et temporel. Je ne sais pas si ça en vaut vraiment la peine. On en rediscutera d’accord ? Allez, rentrons, on a bien mérité un peu de repos. »

Arrivé à l’appartement, Charles voulu prendre une douche et, se déshabillant, fit tomber la pierre de son sweat. Celle-ci s’ébrécha légèrement sur une de ses tranches, la rendant très coupante. Il alla alors la poser dans sa bibliothèque qui comportait des tas de livres divers. Se côtoyaient des grands classiques de la littérature comme « Le dernier jour d’un condamné » ou « Les dix petits nègres », mais aussi des romans de fantasy en grand nombre, des bandes dessinés, des ouvrages scientifiques ou culturels. Parmi tous ces livres, la pierre passait presque inaperçu. Chacun des livres qui recouvraient ces étagères étaient passés entre ses mains, mais il ne se souvenait vraiment du contenu que d’une petite moitié d’entre eux. Pourquoi ressentait-il le besoin d’accumuler tant de livres ? C’était une question à laquelle il n’avait jamais trouvé de vraie réponse.

Il finit enfin par aller se laver puis s’écroula dans le lit où il s’endormit en quelques minutes, les activités de la semaine à présent écoulée l’ayant éreinté, son dos le faisait souffrir et son corps n’était qu’une accumulation de courbatures. S’endormant si rapidement, il ne put se rendre compte que la pierre récemment ébréchée se reconstituait.

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