VI

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La vie reprit son cours, quelques jours passèrent, les habitudes se réinstallèrent. Le temps guérissait la blessure de la perte de sa maman. La question de la vente de la maison quant à elle restait en suspens, mais Charles commençait à accepter l’idée d’une vente. L’argent leur permettrait de faire aboutir tous ces projets restaient en l’air, et ils étaient nombreux, à commencer par des voyages tout autour du globe.

Un soir, alors qu’il rentrait du travail, il entendit quelqu’un le héler. Il chercha d’où venait cette voix mais ne reconnut personne dans la foule des travailleurs fatigués. Sans doute avait-il eu une hallucination auditive, ou bien un autre Charles se tenait non loin de lui. Il reprit son chemin, mais la même voix l’appela de nouveau. Il stoppa net sa marche. Il se retourna. Et reconnu finalement la personne qui l’avait appelé. Il s’agissait de monsieur Odonat, le voisin de sa mère.

« Charles, comment allez-vous ?

-Bien, et vous ?

-Très bien merci. Vous rentrez chez vous ? Cela vous dérange si l’on marche un peu ensemble ?

-Si nous allons dans la même direction, je ne vois aucune raison de refuser.

-Marchons alors. Je suis désolé de vous avoir interpellé, mais cela fait quelques jours que la maison de votre mère est restée vide, alors en vous voyant dans cette foule j’ai sauté sur l’occasion. Vous voyez, votre mère avait un terrain assez grand et, pardonnez-moi si vous trouvez cela indélicat, mais pensez-vous qu’il serait envisageable de me vendre une parcelle de ce terrain maintenant que vous en êtes l’unique propriétaire ? J’en avais discuté avec votre mère et elle ne me semblait pas totalement fermée à cette idée. D’ailleurs je me suis permis d’arracher quelques mauvaises herbes qui se développaient follement. J’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.

-Euh… Je… Vous me prenez un peu de court, cela mérite que j’y réfléchisse, que l’on en discute dans de meilleures conditions.

-Oui, oui, évidemment ! Mais en vous voyant j’ai sauté sur l’occasion, dans l’espoir que ce ne soit pas déjà trop tard. Ce n’est pas trop tard n’est-ce pas ?

-Non. Nous n’avons pas encore entrepris de démarche ma compagne et moi.

-Ah très bien. »

Un court silence un peu gêné s’installa, mais monsieur Odonat le brisa rapidement.

« Vous travaillez par ici ?

-Oui, exactement. Et vous ? »

En riant légèrement, il lui signala qu’il avait passé l’âge de travailler et que cela le flattait que l’on puisse encore penser qu’il était en âge de travailler.

C’est finalement Charles qui reparla de la potentielle vente d’une parcelle en indiquant qu’il craignait que la maison ne perde de sa valeur s’il en morcelait le terrain. À cela, il obtenu la réponse suivante :

« Vous savez, quand une chose m’intéresse, je peux y mettre le prix et engager beaucoup de moyens. Et, sans vouloir avoir l’air imbu de ma personne, j’ai de nombreux moyens. Je n’ai pas une fortune immense, mais elle devrait être suffisante pour vous convaincre ou compenser la potentielle perte que cette vente pourrait vous causer. Je n’hésite pas à dépenser l’argent que j’ai quand j’en ai le besoin ou l’envie. Par exemple voyez-vous, il m’est arrivé de dépenser plusieurs milliers d’euros dans des pierres très rares ou qui me plaisaient particulièrement, et ma collection aujourd’hui est bien étoffée. »

Cela interpella Charles se souvenant de la pierre qu’il avait trouvé dans sa vieille malle. Il en discuta avec son compagnon provisoire de route et celui-ci semblait intéressé et se proposa d’y jeter un coup d’œil en l’invitant à passer chez lui quand il voudrait. L’accord fut entendu, et Charles indiqua qu’il passerait pour discuter de la pierre et de la vente. Quelques mètres après cela, leurs chemins se séparèrent et chacun rentra chez lui.

En franchissant le pas de sa porte, Charles tomba nez-à-nez avec sa femme qui l’attendait dans l’entrée. En le voyant, elle s’avança doucement vers lui et lui attrapant les mains elle lui annonça qu’après plusieurs jours de retard de règles elle avait fait un test de grossesse et que celui-ci s’était révélé positif. Elle était enceinte. Charles ne sut quoi répondre, mais son corps parla pour lui, les larmes coulèrent sur ses joues et il serra Jeanne contre lui, l’embrassant et ne voulant plus la lâcher. Il allait être papa. Cette annonce effaça tout le reste et, bien qu’il eut alors une pensée émue pour sa mère, la discussion qu’il avait eu avec le voisin fut totalement éclipsée par cette nouvelle et Charles ne l’aborda pas.

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