Pouvez-vous me dire comment faire pour agir normalement, alors que je suis en train de tomber amoureuse ? (Avec un petit conseil spécial pour le cas où l’heureux élu est niché dans ma tête.) Mon esprit est rempli de son image et de son baiser au coin des lèvres et il est hors de question qu’il comprenne à quel point ça tourne à l’obsession !

J’imagine déjà le tableau.

— Maman… pleurniché-je comme une enfant qui appelle à l’aide.

Une solution s’impose alors à mon esprit : dormir ! Avant qu’il ne sorte de mon périmètre, dans l’optique où notre nouvelle théorie est correcte.

Si je ne sombre pas rapidement, il va intercepter mes réflexions… Pas moyen que je sois la première à l’avouer ! Si c’est un homme, un vrai, qu’il joue son rôle ! De toute façon, c’est de sa faute. C’est lui qui m’a quitté de manière on ne peut plus ambiguë ! Alors, qu’il prenne ses responsabilités !

Je me tiens la tête entre les mains. Je ne sais pas ce qui est le pire. Que je dise pareilles inepties, ou que je les pense vraiment ? Tout est confus. Je veux dire… encore plus que d’habitude. Il faut croire que c’est possible.

Soudain épuisée, je me cache sous la couette et ferme les yeux. Mais le sommeil tarde à venir… Malgré la fatigue, je cogite trop ! Comme si je m’étais retenue toute la journée, et que maintenant, libérées d’un poids, mes pensées se lâchaient. Et pas n’importe lesquelles. Non, non, non !

Ses bras autour de moi. Son rire. Sa voix que j’entends pour la première fois en vrai et qui me prouve que je ne suis pas folle.

Et enfin, ses doigts froids sur mon menton…

Je finis par sombrer sur cette sensation que je ressens encore contre ma peau.

Allongés en cuillère juste en dessous des étoiles, sur un nuage moelleux – on dirait du coton, c’est amusant – je sens un souffle dans mon cou. Pas besoin de m’inquiéter, je sais d’instinct qui est derrière moi. Tout est si paisible. Pour peu que ce soit possible, je resterais bien comme ça pour toujours. Possible… ça l’est, non ?

Ses doigts sur mon ventre tracent des petits cercles agréables. Sa main remonte jusqu’à ma nuque et il écarte mes cheveux pour la découvrir. Il la titille de sa langue et je frissonne. Puis il attrape entre ses lèvres le lobe de mon oreille et je suis agréablement surprise. Il connaît mes points faibles… Quelle audace !

Nous sommes bien d’accord qu’il n’y a plus d’ambiguïté… n’est-ce pas ? Devant chez moi, j’avais un doute. Mais là, l’hésitation n’a plus sa place.

Je me retourne lentement tandis qu’il me regarde de ses beaux yeux gris. Je me rends compte que je le vois sans artifices ni censure. Comme si nous étions vraiment ensemble. Sûrement parce que je sais maintenant réellement à quoi il ressemble ? Il pose une main dans mes cheveux et avec fascination, les fait glisser entre ses doigts sur toute la longueur, jusqu’à ce qu’ils retombent.

Il approche lentement son visage du mien et, avec mon consentement, presse ses lèvres contre les miennes. Je me retiens à grand-peine de gémir tant c’est agréable. Puis il m’embrasse tendrement le long de ma mâchoire, et, parcourue de délicieux frissons, je pose ma main avec douceur sur sa nuque. Mes doigts s’enfouissent dans sa chevelure et n’en ressortent plus. C’est si plaisant…

Il mordille mon cou, et mes épaules tressaillent de surprise. Je ris.

— Si tu me chatouilles, c’est à tes risques et périls, le préviens-je.

Il me sourit, taquin, mais il retrouve vite son sérieux et prend possession de ma bouche. Plus fougueux, il s’interrompt seulement le temps de passer sa langue sur mes lèvres, la demande adéquate pour les acquérir. Tout ce qu’il désire, je le lui donnerai.

Il m’embrasse, nos langues se cherchent, et j’ai chaud. Une sensation agréable agite le bas de mon ventre, je savoure ce moment de bien-être.

À bout de souffle, il pose son front contre le mien et me lance un regard enfiévré, mais ardent comme la braise. Je fonds sur place, quand un bruit me sort du sommeil.