Juste conçu pour moi (2/2)

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Hébétée, je regarde autour de moi, déçue. Adieu nuage moelleux. Et tout le reste…

Enfin réveillée ? grogne Lucas, dans ma tête.

– Toi aussi ? réponds-je, surprise.

Nan. Moi, je ne dormais pas… rétorque-t-il, bougon.

– Comment ça ? Bien sûr que si, tu étais avec moi.

Non. Pas moi. Je ne me suis pas couché, fulmine-t-il, visiblement mécontent.

– Mais… protesté-je, à la ramasse. Je t’ai reconnu, c’était toi.

Dans l’absolu, c’était moi… soupire-t-il. Mais, ce n’était pas moi.

Ouais… je suis complètement paumée.

Il grogne une nouvelle fois.

Tu as rêvé de moi… Et celui qui a embrassé Rachel en premier, c’est celui de son rêve, constate-t-il pour lui-même avec amertume. Pathétique… Tu n’aurais pas pu m’attendre ? s’écrit-il de nouveau, fâché, et je tressaille.

– T’attendre ? Je… mais je croyais que c’était toi !

C’est alors qu’un détail me revient.

Mais, si tu ne dormais pas, comment es-tu au courant que… ? demandé-je, si gênée que je ne peux finir ma phrase.

Je t’entendais. C’était un peu confus, mais ne t’inquiètes pas, j’ai capté l’essentiel… m’explique-t-il avec humeur.

Mon cœur fait un bond et le sang quitte mon visage. Pas cool. Pas cool du tout.

Non. En effet. Je n’ai pas pu te rejoindre… Mais bon. De toute façon, rien ne garantit que nos rêves auraient fusionné.

– Ne m’en veux pas, quand même, me plains-je. C’est déjà assez gênant comme ça…, marmonné-je.

Il soupire.

Je ne t’en veux pas. Je suis juste déçu que celui qui t’a embrassé soit mon double et non moi-même. Franchement… tu étais si frustrée que ça ?

Je commence à voir rouge, puis une petite ampoule s’allume au-dessus de ma tête. Je comprends : jalousie…

Non ! Oui…

Alors, il le voulait en vrai aussi ? Cette question tournait en boucle dans ma tête. M’embrasser… ?

Bien sûr que j’en ai eu envie. Toute la journée. Toute la journée, ce désir obsédant dans ma tête, dit-t-il, sans que je sache si autant de révélations me sont vouées. La faire languir… et se faire dépasser. Quel con ! Mais surtout… honte de lui en vouloir.

– Je suis désolé…

Je soupire. Lui aussi.

Mais pourquoi ne pas m’avoir embrassé en partant ? me demandé-je en repensant à son baiser à la commissure de mes lèvres. Non Rachel, tu ne dois pas penser à ce que tu t’interdis de penser…

De ? me questionne-t-il pour que je crache le morceau.

Je… l’aime. Déjà.

Comme le sien, mon cœur fait un bond dans ma poitrine, et des pensées étrangères l’accompagnent.

Moi aussi, je l’aime. Beaucoup. Tellement. Petit, je m’étais attaché. Mais maintenant…

– Lucas ? le coupé-je.

Oui ? demande-t-il, surpris.

– On peut se voir, demain ?

Bien sûr ! Tout ce qu’elle désirera… Que voudras-tu faire ?

– Pour commencer, je t’avouerai que je t’aime. Et ensuite…

Ensuite ?

– Je t’embrasserai à t’en faire oublier ton nom…

Je replonge dans le sommeil, mais cette fois, nous partageons un rêve commun, dans un seul et même corps, comme lors de notre première rencontre nocturne. Nous parlons de tout et de rien, l’ambiance est bonne enfant. Cependant, de temps en temps, j’ai l’impression d’être épiée par une tierce personne, et rien que d’y penser me donne la chair de poule. Il est bizarre ce rêve.

— Tu ne sais pas ce qui m’est arrivé ? s’exclame-t-il tout d’un coup.

— Non, en effet, lui réponds-je, un sourire en coin.

— Eh bien, j’étais dans le bus en partant de chez toi, quand je me suis rendu compte que ce n’était pas le bon. Il ne passait pas par la même rue qu’à l’allée. J’ai dû descendre, prendre celui qui passait dans le sens inverse pour retourner à ton arrêt, et prendre le bon. Histoire d’être sûr, cette fois-ci, j’ai demandé au chauffeur s’il desservait bien mon quartier. J’étais complètement perdu.

Je me mets à rire de bon cœur et il m’accompagne. Mon Lucas, le vrai, à la fois charmeur, macho, mais aussi attentionné, et… comme ça. Maladroit. Pour le décrire en un mot : parfait. Juste conçu pour moi.

C’est alors que je ressens de nouveau une présence. Je jette un coup d’œil inquiet autour de nous, mais il n’y a rien ni personne, à part lui et moi.

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