Chapitre 8 : Labyrinthe et minotaures.

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Après plusieurs jours en mer, ils finirent par débarquer au port d'Héraklion. Mais leur quête se ferait à Knossos. L'île étant l'une des plus grandes qui existe dans ces eaux, ils préférèrent tout de même demander leur chemin au capitaine :



  • Le labyrinthe ? Débrouillez-vous tous seuls, je n'ai pas été payé pour vous guider.

  • Vous vous moquez de nous ? S'indigna Adarius. On a passé trois jours entiers à travailler sur votre bateau.

  • Pas du tout ! Je vous ai déjà réduit le prix du voyage, estimez-vous heureux de ma générosité et au revoir.


Sympa le capitaine...


En même temps, il était capitaine de navire, pas guide touristique. Puis, fallait bien qu'ils visitent les lieux, c'était sympa aussi. Et c'est à force de marcher, un peu au hasard, que les trois aventuriers arrivèrent dans une vaste plaine, traversée par un chemin de terre bien entretenu. Là, la solution leur parvint enfin, avec un panneau d'indication.


Un panneau ? Pour indiquer un lieu mythique ? Qui a eu cette idée pourrie ?


Nos confrères et consœurs grecs.


Franchement, était-ce si grave que ça ? L'important, c'était que notre trio avait l'occasion d'obtenir enfin une piste. Edris et Kendraff ne sachant ni lire ni parler le grec, tous deux se tournèrent vers leur équipier qui semblait aussi paumé qu'eux :



  • J'en sais rien moi, je ne comprends pas le grec.

  • Personne ne sait lire le grec ici ? Demanda Edris. Moi, je ne sais que parler le latin et l'égyptien, et uniquement lire les hiéroglyphes.

  • Quant à moi, je ne connais le latin que depuis seulement quelques mois en voyageant, déclara Kendraff.

  • Donc, personne ne peut lire le grec.

  • Comment ça ? S'étonna Edris. Tu es bien romain, Adarius. Tu dois bien savoir lire le grec, vu que vous avez colonisé toute la région.

  • Pas du tout. Les seuls à Rome à maîtriser la langue et l'écrit grec sont les grands consuls ainsi que les membres du sénat et leurs familles.

  • Et toi j'imagine que tu es un paysan qui possède comme par hasard un équipement, et des vêtements de riche ? L'interpella Kendraff.

  • Disons plutôt que je suis parti de chez moi avant d'avoir eu l'occasion d'étudier cette langue. Mais effectivement, puisque mon père est général, et mon grand-père sénateur. D'ailleurs, papy fait figure d'exception car de par son statut d'aventurier, il est l'un des rares sénateurs à avoir eu ce poste sans avoir fait sa carrière militaire. C'est lui qui m'a tout appris sur le métier.


Tant de suspens seulement pour ça ? On est sûr que ça en valait la peine ?


Oui, car cette information devait arriver ici, pour expliquer qui était Adarius.


Voilà. Maintenant que c'est fait, si on laissait notre trio d'aventuriers continuait leur quête.



  • Je comprends mieux tes connaissances malgré ton jeune âge, conclut Edris.

  • Mais pourquoi es-tu parti de chez toi alors que tu avais tout pour vivre paisiblement ? Insista Kendraff.

  • Tout comme ton bannissement, je préfère vous en parler quand on se connaîtra mieux.

  • En tout cas, contrairement au latin, le grec n'est pas un langage commun à de nombreux peuples, résuma Edris. Il nous faudrait une personne pour nous traduire les panneaux.

  • Attendez-moi ici vous deux ! les interrompit Kendraff.


Le guerrier scandinave avait aperçu un vieillard marcher sur le chemin. Il eut alors la bonne idée de l'interpeller:



  • Mon brave monsieur, le labyrinthe de l'île ça vous dit quelques choses ?

  • Vous n'avez qu'à lire les panneaux comme tout le monde ! Saleté de jeune, pu foutu de s’orienter tout seul de nos jours.

  • Mais je veux vais le buter le grand-père !

  • Kendraff, non ! Intervint Edris. Même si c'est tentant, on ne peut pas tuer tous les vieux qui nous envoient balader.


C'est vrai que ça ferait tache sur son CV de héros.


Bof, je suis sûr qu'il lui rendrait service au pépé. Mort au combat, il pourrait aller au Valhalla.


Sauf que le vioc n'était pas de chez nous, donc pas sûr que ça marche dans son cas. Pendant ce temps, Adarius s'était mis en tête d'examiner le panneau :



  • Venez voir, un dessin a été gravé au dos. Si c'est le cas pour tous, on devrait pouvoir avancer sans soucis.


Quoi ? Mais c'est abusé ! Et la longue recherche, l'exploration, et tout ça ?


Je crois que ça va devoir attendre, parce que là, c'est raté. Les aventuriers semblaient s'être passé le mot au fil des générations.


En suivant cette infâme tricherie... Je veux dire... cette merveilleuse indication, notre trio reprit leur chemin, et atteignirent sans peine au labyrinthe. Il était précédé d'une ville, où se trouvaient de nombreuses auberges, forges et armureries. Ils choisirent de la passer dans une des tavernes, ET NON ! Pas d'alcool ! Une fois devant les gardes affecté à la surveillance des lieux, ils furent encore plus surpris de leur accueil car on leur demanda de s'enregistrer auprès d'une prêtresse, afin d'être autorisé à entrer.


Voilà : le tourisme ! Cela explique donc les indications, ainsi que le comité de réception.


On est sûr qu'ils devaient vraiment en passer par ici, ou c'était une grosse arnaque montée de toute pièce ?


Oui et non. Ils devaient impérativement se rendre au labyrinthe. C'est juste que sachant cela, et qu'aussi beaucoup d'autres aventuriers en faisaient de même, ces charmants prêtres et prêtresses ont décidé d'en profiter pour arrondir les angles. Mais tout sera révélé en temps et en heure, dont une partie ici :



  • Savez-vous réellement le but de votre présence en ces lieux? Comme pendant les épreuves que vous avez traversées pour en arriver là, vous verrez que dans ce labyrinthe rien ne vous paraîtra naturel.

  • C'est vrai, admit Kendraff en repensant à l'épreuve qu'il avait passée à ses seize ans.

  • À votre avis, qui vous a réellement donné cette épreuve ?

  • L'oracle que j'ai consulté m'avait dit que les dieux lançaient ce genre de défi pour s'amuser avec les humains, résuma Kendraff.


Il faut avouer que c'est vrai. On s'ennuie beaucoup à surveiller sans jamais pouvoir agir, enfin jamais de façon directe.


Sauf que justement, c'est toujours comme ça qu'on avait agi : bénédictions et épreuves pour former nos petits protégés.


Donc, ce n'est pas si étrange que ça, que nos agents, chargés de les guider et les surveiller, tiennent des registres de leurs agissements. Et nos intermédiaires en étaient parfaitement conscients, puisqu'ils pouvaient même l'expliquer, ce qui eut pour conséquence de les surprendre le trio.



  • À quoi bon, puisque les soldats existent ? S'étonna Edris.

  • Parce que contrairement à eux qui sont liés à des royaumes ou des empires, les aventuriers transcendent les barrières entre les peuples. Vous circulez dans le monde entier et combattez le mal pour ceux qui ne peuvent le faire par eux-mêmes.


C'est alors que les trois amis se souvinrent tour à tour leur toute première quête. Kendraff résuma son aventure dans le Nord.


Lui, je m'en occupe : Adarius raconta sa première quête. C'est son grand-père qui l'avait conduit dans des catacombes, où ils avaient combattu des goules et où il avait reçu un plastron de bronze incrusté de petits symboles latins en marbres. Certes, il ne l'avait pas accompli seul, mais pour quelqu'un de son âge, ça compte quand même.


De toute façon, étant votre protégé, c'est votre rôle et votre droit de valider ou non son statut d'aventurier, et la réussite de ses épreuves.


Quant à Edris, c'est à moi de raconter cette partie de l'histoire. Il avait accompli sa première quête dans une pyramide à la recherche de bracelet d'argent appartenant à un de mes anciens protégés, un de mes meilleurs éléments dont la renommée fut si grande qu'on lui offrit la sépulture réservée aux pharaons et aux hauts dignitaires d’Égypte. Il avait dû non seulement affronter des momies, certes lentes mais nombreuses, ainsi que d'innombrables pièges dangereux. Il avait d'ailleurs accepté cette quête en sachant très bien qu'on la lui avait confiée uniquement dans l'espoir de le voir échouer et mourir, mais il n'en dit pas la raison à ses compagnons. La seule chose qu'il ajouta fut qu'étrangement, ses bracelets étaient gravés de hiéroglyphes.


La prêtresse leur expliqua que ces runes, bien que d'origines divines, demeuraient inutiles face à d'autres êtres humains. Leurs effets ne se révélaient que contre le mal, augmentant leurs capacités. Avant qu'ils n'entrent, elle leur donna un dernier conseil :



  • Prenez garde. Ici, vous ne rencontrerez pas de créatures maléfiques, et vos runes ne vous aideront pas.


Ce fut sur ces paroles que le trio franchit l'entrée du labyrinthe, dont la porte se volatilisa devant eux dans un halo de lumière. Parce qu'après, ne pouvant ni être vu ni entendu, il fallait bien qu'on montre qu'on était là, qu'on était les patrons ! Ils pénétrèrent alors dans une vaste salle d'où partaient des couloirs formés de murs immenses. Edris ouvrit la marche avec son expérience pour repérer et déjouer les pièges, suivis d'Adarius en soutien.


Kendraff fermait la marche aidée de Kros, et marquait chaque intersection, à l'aide d'une dague qu'il s'était forgée pour cette occasion. Mais la magie des lieux annulait tous ses efforts , car les murs autour d'eux ne cessaient de se déplacer. Les trois aventuriers furent surpris de franchir plusieurs passages vides, lorsqu'au bout de la sixième intersection, qu'ils furent attaqués par une dizaine de Minotaures.


Avec à peine deux mètres de haut. On restait plutôt gentil, non ?


Ils étaient quand même bien protégés, équipés d'armures d'acier. Puis, les haches massives, c'était pas très courtois et bienveillant.


C'est un test ou une promenade ce labyrinthe ? Faudrait savoir. Donc tant pis pour eux, ça ne pouvait être que pédagogique pour eux. Face à un groupe aussi nombreux, le premier réflexe du trio fut de se replier pour s'organiser. Mais un mur s'était érigé derrière eux, et les Minotaures les chargeaient déjà.


Edris prit l'initiative de tenter de stopper de l'assaut adverse. D'un puissant coup circulaire de sa lance, le guerrier égyptien trancha la gorge de deux créatures face à lui.


Mais la force du coup se répercuta sur ses muscles. Il n’eut pas le temps de parer l'attaque suivante.


Kendraff lança sa dague pour protéger son équipier. Elle s'enfonça à l’intérieur du crâne du bovin.


Edris relava sa lance avec ses deux mains pour empaler les ennemis restants.


C'est alors qu'Adarius passa sous la lance et planta ses glaives dans le cœur de deux monstres.


Kendraff contourna Edris par la droite, et décapita l'une des bêtes.


Kros lui sauva la mise. Il mordit le bras d'un adversaire, et lui fit lâcher son arme, laissant le temps à Kendraff lui de passer une de ses lames à travers le torse.


Edris repoussa le Minotaure face à lui, et d'un coup net, il éventra son ennemi de bas en haut.


Il ne vit pas le violent coup de hache percuter son ventre, qui le projeta au sol avec le souffle coupé. Seulement, sa tunique blanche tranchée, qui aurait dû être maculée de sang, révéla l'éclat d'une cotte de maille dorée. Rassurés, ses deux compagnons prirent à revers le dernier ennemi qui tentait de tuer Edris au sol. Ils lui percèrent alors la nuque de leurs lames.



  • Adarius ! S'emporta Kendraff. Le Minotaure ! Ça veut bien dire un seul ? Pourquoi il y en a autant ?

  • En plus, ces créatures sont puissantes et très résistantes ! Pesta Edris. On s'est à peine aventuré dans le labyrinthe qu'il nous faut déjà nous reposer !

  • Je vous ai dit qu'il changeait à chaque fois ! Je vous ai juste raconté sa légende, moi !

  • La prochaine fois, essaye de mieux écouter ou te renseigner ! Insista Kendraff.


Pauvre Adarius. Il n'y était pour rien.


Alors que nous, si...


Ouaip, mais c'était pour la bonne cause... Bref, après s'être calmés et avoir fait une pause forcée, ils reprirent l'exploration du labyrinthe. Malgré leur prudence, un mur se déroba d'un coup, laissant sortir plusieurs Minotaures qui se jetèrent immédiatement sur eux. L'un d'entre eux sauta sur Kendraff et lui porta un puissant coup de hache verticale.


Kendraff bloqua de justesse, mais le bord de la hache lui ouvrir l'arcade sourcilière gauche.


Il se retrouva alors au sol, le Minotaure au-dessus de lui, mais le repoussa d'un puissant coup de pied puis lui passa sa lame dans le front. Edris fut envoyé contre un mur brutalement.


Mais bien que légèrement sonné, il riposta et décapita le Minotaure avant d'en charger un autre qui se précipitait sur Kendraff toujours à terre.


Adarius esquiva de justesse un adversaire par la droite, et en lui planta son glaive dans le dos.


Cependant, il prit un puissant coup de hache dans le torse qui lui enfonça son plastron, et le projeta au sol.


Mais fut sauvée grâce à Edris qui trancha la jambe du Minotaure. La bête se retrouva à terre, et il l'acheva sans pitié.


Kendraff se releva et planta une épée dans le dos du dernier ennemi.


L'affrontement fut certes court, mais brutal. Après une nouvelle pause, les trois aventuriers continuèrent leur quête, subissant les caprices et les embuscades du labyrinthe. Mais alors qu'ils commençaient à désespérer, épuisés par tous leurs combats, les yeux de Kros se mirent à briller comme si des flammes spectrales jaunes s'étaient allumées dans ses pupilles. Il creusa la terre pour finir par laisser apparaître un fil d'or au sol. En voyant le fil, Adarius se figea de surprise puis se précipita pour l'examiner. Il afficha alors un large sourire en se tournant vers Edris et Kendraff.



  • Je crois que nous sommes sauvés !

  • Mais enfin de quoi parles-tu ? Demanda Kendraff.

  • Du fil que ton louveteau vient de mettre en évidence, répondit Adarius. C'est la solution pour trouver le centre du labyrinthe.

  • Explique-toi mieux, qu'a-t-il de spécial ? Insista Edris.

  • Pour Kendraff, je peux comprendre, mais toi tu devrais avoir deviné non ?


Ce que Kros avait déterré dans ce labyrinthe était le mythique fil d'Ariane, une solution de facilité pour parcourir sans soucis les lieux.


Une immonde triche si vous voulez mon avis. Qui avait eu la bonne idée de donner cette bestiole à Kendraff ?


Notre confrère qui brille par son absence dans ce récit, alors qu'on parle de son protégé.


Mais pour sa défense, on ne lui a pas donné Kros. C'est lui qui a choisi de le recueillir.


Mouais, n'empêche que ça arrange bien notre trio, là.


Après, même sans Kros, ils auraient au moins pu essayer de le trouver par eux-mêmes. Son existence était quand même très connue. Selon la légende, Ariane, la fille du roi Minos, confia à Thésée, dont elle était amoureuse, une pelote de fil qu’il devrait dérouler pour pouvoir trouver le chemin du retour. Grâce à lui, Thésée put tuer le Minotaure et revenir auprès de sa bien-aimée sans se perdre. Ce fil avait la particularité d’être incassable en toute circonstance, si bien que le temps ne lui avait causé aucune usure. Quand Adarius eu terminé son récit, ses deux compagnons comprirent ce qu'il voulait dire par "solution". Lorsqu'ils attrapèrent le fil, celui-ci s'illumina et ils n'eurent que honteusement à suivre son éclat à travers le labyrinthe.


Ils arrivèrent alors devant une immense porte à laquelle était attaché le fil. Ils venaient d'atteindre leur objectif, mais redoutaient fortement de l'ouvrir.


Et ils avaient raison car ce qui les attendait derrière dépassait tout ce qu'ils avaient déjà affronté.


Effectivement, car on leur avait préparé une très sympathique surprise. On avait un Minotaure de trois mètres par aventurier, qu'ils devraient combattre en duel.


Ho que c'était méchant ça.


Mais toujours pour leur bien. Enfin, je crois...


Mais oui puisqu'on cherchait vraiment à les tester. Chaque Minotaure utilisait les mêmes armes que l'aventurier auquel il était destiné, et gardait un coffre derrière lui. C'est ainsi que trois duels acharnés s'engagèrent face aux Minotaures, malgré la fatigue accumulée par les trois.


Et donc, j'imagine que chacun va vouloir narrer les exploits de son protégé. Mais qui va s'occuper de Kendraff ? Parce que moi je suis partante.


Ha non ! C'est moi qui ai raconté ses combats depuis le début du labyrinthe, donc je vais continuer. Restez-en donc à faire vos insinuations sur l'alcool et les sentiments de Kendraff. Puis je vous ai laissé raconter l'intervention de Kros dans les combats. 


D'accord, si vous me laissez ceux de Lirinah à l'avenir.


Marché conclu !


Et donc, après cette négociation qui nous a fait perdre du temps, si nous en revenions


Adarius fit face à un ennemi fin et élancé, dont les glaives étaient légèrement plus longs que ceux de son opposant. Malgré sa grande taille, le Minotaure chargea avec célérité. Il fit pleuvoir sur le jeune guerrier romain de nombreux coups. Adarius fut complètement pris au dépourvu. Il évita de justesse les assauts les uns après les autres. Le Minotaure frappa alors de ses deux glaives simultanément. Adarius y vit une ouverture. Il esquiva en faisant une roulade, et se retrouva dans le dos de la bête. Il tenta de le prendre à revers. Le Minotaure anticipa le coup et donna un puissant coup de pied. Adarius fut projeté sonné au sol. Il reprit ses esprits mais pas à temps pour éviter un estoc plongeant vers lui. La lame lui perça l'épaule gauche. Adarius lança un de ses glaives dans la cuisse droite de la créature. Pris de douleur, le monstre s'immobilisa, le genou au sol. Adarius se releva pour charger la bête. Il lui planta son arme en plein cœur. Le Minotaure lui donnait un violent coup de tête qui fracassa le nez du guerrier romain. Adarius était le vainqueur, mais au sol et inconscient.


Magnifiques commentaires pour ce combat. Même si Adarius avait plus subi qu'il n'a porté de coup, malgré sa victoire.


Au moins, il a gagné.


À mon tour, si vous le permettez. Kendraff engagea un duel qui semblait se jouer sur l'endurance. Chacun des adversaires paraît et esquivé les attaques de l'autre. Kendraff était désavantagé par la fatigue, et le comprit assez rapidement. Son adversaire enchaîna plusieurs frappes, que Kendraff bloqua avec peine, subissant les chocs dans ses avant-bras. Il recula en titubant à chaque parade et ne vit pas arriver le coude du Minotaure dans son arcade droite. Le choc lui laissa une plaie sanglante sur le haut du visage. Le sang qui coulait dans l’œil droit faussait désormais sa vue. Persuadé d'avoir esquivé un estoc, il se retrouva avec une épée à travers la cuisse gauche sans réaliser ce qui lui arrivait. Comprenant que si le combat s'éternisait, il finirait par y laisser sa peau, Kendraff misa tout sur une dernière attaque. Lorsque le Minotaure tenta de récupérer son épée, Kendraff en profita. Il saisit son adversaire par le bras, et s'en servit pour se rapprocher de son ennemie et lui enfoncer son épée dans la gorge.


Et après on disait d'Adarius qu'il avait plus dégusté qu'autre chose. Votre Kendraff n'aura pas fait mieux.


Il a quand même gagné, tout comme Adarius.


En tout cas, belle narration.


À moi de conclure cette série de duels. Le combat entre Edris et son Minotaure fut le plus brutal des trois. Dans ce duel orienté principalement sur la force, les lances se fracassaient l'une contre l'autre dans un vacarme assourdissant. Cela sembla beaucoup amuser Edris, alors que ce scénario avantageait le Minotaure et son imposante carrure. Edris fit la démonstration d'une grande puissance musculaire dans ses attaques et ses parades. On avait même l'impression que le Minotaure souriait lui aussi. Pourtant aucune des frappes ne toucha son adversaire: chacun anticipait les attaques de l'autre. Les lances se choquèrent longuement, mais tout comme ses compagnons Edris subissaient l'accumulation de fatigue. Plus le combat durait, plus les attaques du Minotaure le faisaient reculer sous la puissance des impacts, jusqu'à se retrouver soit projeté au sol, écrasé dos à terre. Edris opta pour une tactique audacieuse mais dangereuse. Le Minotaure tenta de trancher Edris, qui laissa volontaire la lame de son ennemie percuter sa cotte de maille qui craqua sur le coup. Une plaie sur son torse et l'envoya dos au sol. Puis, le Minotaure, trop confiant, se jeta sur lui pour l'achever. Edris leva sa lance et laissa son adversaire s'empala de lui-même sur la lame.


Bravo, c'était épique. Par contre il ne serait pas suicidaire, ce Edris ?


Auriez-vous la mémoire qui flanche ? La mort est mon domaine, et il a ma bénédiction. C'est l'avantage de m'avoir pour protecteur de pouvoir survivre à de terribles blessures qui auraient été fatales à d'autres.


Tout comme Kendraff et Lirinah voient leurs capacités être celles d'un loup, en beaucoup plus puissantes, grâce à notre confrère.


Et Adarius profite d'une grande sagesse et d'une grande vitesse grâce à moi.


Pour la sagesse, ça se discute.


Il est encore jeune et fougueux. Laissez-lui un peu de temps.


Certes. En tout cas, les combats étant terminés, notre trio se releva avec grande peine pour se diriger vers leur récompense. Chacun ouvrit le coffre que gardait le Minotaure qu'il avait vaincu.


Kendraff y trouva une cotte de mailles argentée gravée de magnifiques runes scandinaves, garantie à l'épreuve du temps.


Adarius gagna des jambières dorées elles doté de symbole latin.


Edris remporta une superbe hallebarde d'or. L’extrémité du manche était équipée d'une minuscule petite pique dorée. La lame était gravée de hiéroglyphes.


Bon, vous avez fini de faire la promotion des récompenses ? Ce n'est pas comme si vous alliez les vendre.


Heureux de leur réussite, et de leurs nouvelles acquisitions, les trois aventuriers s’étonnèrent tout de même que des objets parfaitement adaptés à eux se soient trouvés dans les coffres. Ce fut Adarius qui formula alors une hypothèse des plus convaincantes.


Vous voyez, la sagesse...


Certes... Mais laissons le nous le démontrer.



  • Je pense que si les dieux nous testent et nous récompensent selon nos actes, on peut se dire que ces objets nous viennent d'une divinité bien précise.

  • Et tu penses auquel ? Demanda Edris.

  • J'en connais qu'un qui soit capable de ça chez les Grecs, c'est Héphaïstos.

  • Qui ça ? S'étonna Kendraff.

  • Chez les Grecs, Héphaïstos est le dieu du feu, de la forge de la métallurgie et des volcans. Ill serait bien capable de produire de tels ouvrages aisément et rapidement. Selon les légendes, son art de la forge est si impressionnant qu'il avait même réussi à créer une boite, pouvant enfermer et contenir tous les maux de l'humanité.


Comme quoi, il a bien appris de son pépé notre Adarius.


En effet, et ses coéquipiers semblaient le penser aussi puisqu'ils furent convaincus par cette explication. Les trois aventuriers sortirent facilement du labyrinthe grâce au fil d'Ariane, malgré de sévères blessures. Une fois rentrés à l'auberge, tous les trois étaient bien trop épuisés pour fêter leur victoire mais ne se privèrent pas de le faire le soir suivant. Ils passèrent deux semaines à récupérer de leurs blessures.


Et à boire j'imagine, mais je vous accorde que pour une fois, ils l'ont bien mérité.


Donc pas besoin de relever ce détail. L'important dans cette histoire de fête et de repos, fut Kendraff fini par se décider à raconter son passé à se deux camarades. Ils furent surpris, et pourtant Kendraff avait évité les détails sensibles, parvenant même à ne pas dire un mot sur Lirinah. Et ce ne fut pas facile, puisqu'elle était la cause de son bannissement. Une fois rétablis, les trois aventuriers purent enfin prendre la mer, en direction de Rome.

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