Chapitre 3: Rencontre et objectif commun

12 minutes de lecture

Nous sommes en 50 Av-J.C, toute la Gaule est occupée. Toute ? Non ! Un petit village résiste encore et toujours à l'envahisseur.



Oui mais ça, on s'en fout !



C'est pour contextualiser...



Dans ce cas, veuillez contextualiser autrement.



C'est pourtant le vrai contexte...



Sauf que cette histoire, tout le monde la connaît. Elle a déjà était conté mainte et mainte fois, et par bien plus compétent que vous.


Si je puis me permettre, on ne peut pas parler de la Gaule en 50 Av-J.C sans parler de mes protégés, mes poulains, mes champions...


Ha non ! Place aux autres, et à la nouveauté. On en a assez soupé des vos deux moustachus, le petit et le gros.



  • Je suis pas pas gros !


Incroyable, ce type a le pouvoir de savoir quand quelqu'un prononce ce mot... Mais comment il est arrivé là ?


On s'en fiche ! Il n'a rien à faire ici. Monsieur, barrez-vous de cette narration immédiatement. Vous n'y êtes pas à votre place.



  • Allez viens, mon ami, nous sommes pas appréciés à notre juste valeur.

  • On pourrait pas avoir un ou deux sangliers au moins ?

Non !


  • Ils sont fous ces dieux...

 

Messieurs, désolé pour vous, je vous aime bien mais il va falloir partir. Sinon, moi je peux rester ? Après tout, vous parlez de la Gaule, donc je suis bien placé pour vous épauler dans votre récit.



Accordé ! Mais si jamais vous faites la moindre allusion à vos deux moustachus, ça va mal finir. Nous sommes ici pour conter l'histoire de Kendraff et Lirinah, et aux dernières nouvelles, ils n'ont jamais croisé le chemin de vos protégés.



Soit, soit, entendu. Mais je me permettrais d'intervenir comme les autres, en cas de besoin.

 

À croire que mes confrères et consœurs n'ont rien de mieux à faire de leur éternité. Mais reprenons donc, si vous le voulez bien, avec le début, le contexte de ce nouveau chapitre de la vie de Kendraff. Alors que Lirinah arrivait en Bretagne, lui de son côté était en Gaule depuis un mois. Vous vous demandez sûrement ce qu'il a fait durant cette période en Gaule. La première semaine, il l'avait passé à se saouler, pleurant sa séparation avec Lirinah. Cela lui déchirait le cœur, et seul l'alcool semblait parvenir à le soulager.


Ha oui, quand même. Kendraff aussi était devenu accro à cette histoire d'amour. Mais, c'était pas en se prenant des cuites jour après jour qu'il allait la récupérer.


Si vous ne m'aviez pas interrompu, vous sauriez que ça n'était qu'un léger mauvais départ, car certes c'était une vraie épave lorsqu'il rencontra un druide. Il lui suggéra un voyage en Grèce, où beaucoup d'aventuriers se rendaient, fascinés qu'ils étaient par les héros légendaires comme Ulysse ou Hercule. Kendraff y vit un moyen de se couvrir de gloire et d'honneur, d'y trouver une légitimité indiscutable pour réclamer la main de Lirinah. S'il était vrai qu'elle était déjà fiancée de force, le mariage n'aurait pas lieu avant plusieurs années, afin que Boldiv ait l'assurance que son homologue respecte bien ses engagements. Puis, selon la loi, s'il en avait le prestige suffisant, il pouvait défier le prétendant, et prendre sa place en cas de victoire.

 

Lirinah était certes sa priorité, mais son désir de voyage et d'aventure ne pouvait cependant pas se taire plus longtemps. Il voulait, à son tour, explorer ces terres, car depuis son arrivée en Gaule, les seules exploits furent des missions chasseur de prime, sans grand intérêt. La plupart de ses cibles étaient de pauvre malchanceux s'étant tournés vers le crime sans l'avoir vraiment désiré. Kendraff les traquait à contrecœur, faisant en sorte de les épargner et les blesser le moins possible. Si certains d'entre eux étaient de gros morceaux et des durs à cuire, aucun n'offrit un combat digne de ce nom au jeune guerrier.


Un matin, Kendraff décida donc de partir pour le sud de la Gaule afin de se rendre en Grèce. En traversant un bois, il trouva un louveteau abandonné, au pelage semblable à la neige et aux yeux jaunes. Fenrir faisant du loup un animal symbolique et spirituel pour lui, Kendraff y vit un signe de son dieu protecteur, et recueillit la bête pour l'élever. Cependant, n'était pas le seul changement dans la vie du guerrier scandinave depuis que celui-ci était arrivé en Gaule. En plus du louveteau, Kendraff avait désormais les cheveux courts pour symboliser un nouveau départ. Après plusieurs jours de marche, il approchait des Alpes, et décida de s'arrêter dans une auberge sur sa route.


Quand il entra dans le bâtiment en bois et toit en paille, celle-ci était pleine de clients. Le patron, un vieil homme enrobé et dégarni à la barbe grisonnante, annonça à Kendraff qu'il avait de la chance car il venait de demander la dernière chambre de libre.



Cela était tout de même surprenant pour une auberge miteuse, n'ayant que quelques tables rondes en bois, et trois rectangulaires en guise de comptoir.


C'est pas miteux ! C'est de l'architecture traditionnelle. Vous n'avez aucun goût. Vous n'avez même pas vu la magnifique terrasse en extérieur.


Oui, la terrasse... Ça vaut vraiment le coup d'en parler ? C'était juste un bout de terrain boueux avec des tables en pierres mals taillées.


C'était tout de même une terrasse, et Kendraff alla ensuite s'y installer avec un pichet de vin et de la viande. Une fois assit, il commença à manger et à boire mais remarqua que deux guerriers, l'un aux yeux marron et cheveux bruns, l'autre avec des cheveux noirs mi-longs et des yeux vert bouteille. Ils le dévisageaient de façon trop insistante à son goût. Puis, le fait qu'ils soient armés, et bien équipés, ne le rassurait par sur leurs intentions.


Bon, pour résumer, on avait un Égyptien avec une hallebarde d'argent ainsi qu'un plastron en ivoire et des protections de bronzes à chaque membre. L'autre...


Était un Romain avec deux glaives courts, équipé comme un centurion, enfin sauf la jupette. Un pantalon et une chemise de soie pour habillement en dessous. Voilà, maintenant cessons de ralentir ce récit avec ce genre de description et allons à l'essentiel.


Oui, mais difficile à faire si ne prenons même pas le temps de bien présenter nos deux nouveaux personnages. Aventuriers qui échangèrent alors quelques paroles à voix basse. Puis le guerrier aux cheveux se lança sans prévenir sur Kendraff, sa lance à la main, et envoya...



Une magnifique frappe verticale sur le combattant scandinave  ! Il esquiva de justesse, ne laissant que la table brisée en deux comme seule victime.


Kendraff dégaina ses deux épées et sauta sur son adversaire, place un puissant coup circulaire de sa main droite.


En effet cher confrère, geste technique parfaitement exécuté.


Mais le guerrier égyptien esquiva aisément. Il venait à peine d'éviter le coup que... oui ! Kendraff lui envoya immédiatement un revers de la gauche.


Belle parade de l’égyptien, et avec le sourire, qui démontre bien qu'il est aussi à l'aise en défense qu'en attaque. 




Et ce fut à cet instant que le guerrier romain interrompit la passe d'armes. Il s'adressa ensuite à Kendraff, comme s'il s'agissait d'un banal petit jeu entre eux, tout en le félicitant. 

  • Tu te bats plutôt bien.

 

  • Qui êtes-vous ? demanda Kendraff toujours prêt à frapper. Vous me voulez quoi, les deux comiques ?


Ho la la la, des mots durs, qui risquent d'être vite regretté.



Et effectivement, ce fut le guerrier romain qui dégaina son glaive à la face de Kendraff, avant d'être stoppé par son coéquipier.


 

  • On va se calmer tout de suite, que ce soit les mots ou les gestes ! Compris ? Pour te répondre, l'ami, je suis Edris d'Alexandrie, et mon équipier ici présent c'est Adarius de Rome. Ce petit échange surpris n'avait pour but que de te tester.

  • Désolé pour la mise en scène, on ne te veut pas de mal, confirma Adarius.

 

  • Un Romain et un Égyptien, quel duo, commenta Kendraff d'un ton sarcastique. Et que me vaut ce test, qui était surtout une agression gratuite de mon point de vue ?


Alors c'est l'histoire d'un Romain, d'un Égyptien et d'un Scandinave qui entrent dans une taverne...


Mais chut ! Vous voyez bien que c'est pas le moment.


Désolé, mais ça avait tout du début d'une histoire drôle.



Sauf que ça ne l'était pas. On parle ici d'aventure, d'épopée, de grand voyage empli de danger et de mystères ! Voyage que seuls des aventuriers entreprennent, la plupart des gens préférant le confort douillet de leur foyer. Fait que les deux guerriers avaient vite remarqué chez Kendraff, et qu'Adarius ne put s'empêcher de relever à voix haute, au cas où cela n'aurait pas été suffisamment clair.

 

  • Disons qu'avec tes deux épées courbes dans le dos, il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que tu es comme nous. Si je t'ai attaqué par surprise c'était pour éviter que tu te retiennes.

  • Ça n'explique pas ce que vous me voulez.

  • On ne va pas tourner en rond, est-ce que tu ne te rendrais pas Grèce par hasard ? Demanda Edris.

 

  • Effectivement, mais en quoi cela vous intéresse ?

  • Parce que c'est une destination très à la mode chez les jeunes aventuriers, de plus en plus recommandés par beaucoup d'oracles et de devins ces derniers temps. C'est aussi la notre.

  • On s'est dit, avec Adarius, qu'un équipier de plus serait le bienvenu. Raison pour laquelle on voulait te tester au combat. Qu'en penses-tu ?

 

  • C'est une idée intéressante mais j'aimerais y réfléchir un peu . Après tout on ne se connaît pas, et je n’apprécie pas vraiment la méthode de recrutement.

 

  • Soit, de toute façon nous resterons ici pour la nuit. Tu nous donneras ta réponse demain matin.

 

  • Bien sûr, dans le cas où tu accepterais, tout gain gagné au cours du voyage serait partagé équitablement en trois parts égales, précisa Edris.

 

  • C'est très honnête comme affaire, je vous répondrais, sauf s'il me prend l'envie de prolonger votre petit test de façon plus brutale, histoire de vous rendre la pareille pour m'avoir dérangé en plein repas.

Les deux guerriers retournèrent à leur table, tandis que Kendraff partit dans sa chambre. Il dormit très peu cette nuit-là, réfléchissant à la proposition d'Edris et D'Adarius, et finit par se dire que ce serait que ce serait sûrement plus amusant que de voyager seul. Le lendemain, il descendit s'asseoir à une table, pour attendre Edris et Adarius pour leur donner sa réponse, mais tout deux l'avaient déjà devancé.


 

  • À ton avis, Adarius, tu crois qu'il viendra ?

 

  • Certainement. Comment pourrait-il refuser notre offre ? L'aventure c'est toujours mieux à plusieurs, cela augmente les chances de succès et de survie.

 

  • On va le savoir très, le voilà qui arrive.


Kendraff les rejoint à leur table, tout en se rappelant qu'il avait complètement oublié de se présenter. C'est donc ce qu'il fit en premier :

 


  • Bonjour. Pour votre information, je me nomme Kendraff du royaume du Nord.

 

  • Un Scandinave ? S'étonna Edris. Voilà qui est intéressant, si tu nous rejoins l'équipe va se diversifier encore plus.

 

  • Alors, ta réponse ? Demanda Adarius.

 

  • J'accepte seulement de faire le voyage avec vous jusqu'en Grèce. Une fois là-bas, je verrais si je poursuis l'aventure avec vous ou non.

 

  • Il me semble donc que nous ayons un accord, déclara Edris.

 

  • Et moi je propose de sceller cet accord autour d'un verre, ajouta Adarius. C'est ma tournée, je vous l'offre de bon cœur.

 


Mais bien sûr, de l'alcool, encore. Cela avait tellement réussi à Kendraff jusqu'à maintenant.


Oui mais là, c'est différent, c'est une convention sociale pour officialiser un accord.


C'est qui est assez vrai, puisque les trois  aventuriers trinquèrent à la santé de leur partenariat. Cependaaaaaaaaaant !  Chacun voulant absolument offrir la dernière tournée aux deux autres, ils passèrent donc la journée à... à boire... Mais aussi à manger ! Ils ne partirent que le lendemain en direction des Alpes pour se rendre en Grèce, et au bout de quelques heures de marche à travers une vaste plaine, ils arrivèrent à un étang où Kendraff proposa de faire une pause.


 

  • On pourrait s'arrêter ici quelques instants. Kros est encore un bébé, il ne peut pas marcher aussi longtemps que nous.

 

  • Kros? 

 

  • Il est si petit qu'on ne l'avait pas remarqué, avoua Edris.

 

  • Moi non plus, mais c'est normal vu son âge.

 

  • Ça reste quand même rare de voyager avec un loup, même si celui est encore très jeune, commenta Edris.

 

  • Pour vous peut-être, mais pour ceux de mon village ça a toujours été ainsi. Sinon, comment vous êtes-vous retrouvés à voyager ensemble vous deux ?

 


Magnifique technique pour changer de sujet.


Pas la peine de le relever. Certes, lui n'est pas recherché, mais cela ne signifie pas qu'il est prêt à balancer son passé aux premiers venus.


 

  • C'est une bien longue histoire, répondit Edris. Je t'expliquerais en marchant si tu le veux bien.


Edris semblait avoir la même règle que Kendraff. Mais comme il nous faut apprendre à les connaître un peu, nous évoquerons quelques lignes de leurs vies. Edris avait quitté son royaume plusieurs mois plus tôt pour des raisons que nous ne révélerons pas pour l'instant, et s'était rendu en premier lieu à Rome pour visiter cette cité. Puis, il partit la mer en direction du sud de la Gaule, poussée par la curiosité. Il y rencontra le jeune Adarius, qui...



À quoi bon relever ce détail ? C'est pas comme s'il avait pris plusieurs décennies dans la tronche en quelques mois. Il avait quinze ans et c'est toujours le cas.



C'était pour mentionner le fait qu'il soit le plus jeune des trois, puisqu'en dehors de Kendraff nous n'avons pas connaissance de ce genre de détail. Mais continuons de parler d'Adarius, qui avait quitté Rome pour des raisons familiale dont que nous évoquerons également plus tard. Il était parti sur les routes sans le moindre sou avec seulement de l'équipement qu'il avait fauché dans une caserne romaine. Pour gagner sa vie, il détroussait les gens mais que les mauvais : brigands, assassins, marchands d'esclaves, etc. Un jour, il vit passer un guerrier égyptien sur son chemin et l'attaqua. L'individu en question était Edris. Après avoir écrasé... heu... oui mais non... Après s'être expliqué avec Adarius, il avait décidé de le prendre sous son aile, et chacun accepta le passé de l'autre comme un secret à ne pas aborder.


Leur longue marche jusqu'aux Alpes se résumant à traverser des forêts, des plaines et quelques plateaux rocheux, il n'est pas nécessaire d'en parler, ils ne s'arrêtèrent même pas dans le moindre village, préférant dormir à la belle étoile.


Donc, la beauté des paysages et de l'architecture celtique, on s'en fout ? Du coup, je sers à quoi, moi ?


À rien, c'est vous qui avez insisté pour rester. Surtout qu'il y plus important à raconter, car cette nuit-là, Kendraff se surprit à rêver de Lirinah. Il ignorait totalement qu'elle avait quitté le palais, ainsi que le royaume. Son songe fut interrompu à l'aube par les premiers rayons du soleil. Ils reprirent leur chemin pour atteindre le sentier tant convoité.


Alors on parle d'un sentier tout pourrir, mais les paysages on s'en fout ?


Il suffit. C'est comme ça, et pas autrement. Ce simple sentier, comme vous dîtes, est d'une importance capitale. Il est la clé conduisant notre brave trio d'aventuriers vers l'inconnue, même si leur voyage était des plus calme. L'un des rares moments mouvementés fut l'obligation pour eux de camper une seconde nuit, et l'occasion pour chacun de montrer ses talents de chasseur, ce qui dégénéra en concours. C'est Kendraff qui fit la plus grosse prise, mais Edris et Adarius contestèrent le résultat.



  • C'est de la triche, tu avais Kros pour t'aider ! Protesta Adarius.

 

  • Pas du tout, il peut flairer une proie, pas sa taille !

 

  • Peut-être, mais tu as pu en trouver plus, et choisir la meilleure, insista Edris.

 

  • Pas vraiment, c'est la seule. Et puis Kros est encore petit ce n'est pas un chasseur.

 

  • Alors j'en conclus que tu ne dois ta victoire qu'à la chance, répondit Adarius.

 

  • J'ai quand même gagné.

 

  • Juste de la chance !


Leur discussion tourna en rond jusqu'à ce qu'elle fût interrompue par Kros qui se mit à grogner pour signaler la présence de brigands proches du campement, attiré par le bruit qu'ils faisaient en parlant. Cependant, les pauvres ne savaient pas à qui ils avaient à faire, et se firent rapidement écraser sans pouvoir vraiment se défendre. Le combat fut si court qu'il nous est impossible de vous en faire une description digne d'intérêt. Les trois hommes déplacèrent leur camp plusieurs centaines de mètres plus loin, et dormirent à tour de rôle. Le lendemain matin, ils parcoururent les Kilomètres restants qui les séparés du sentier, et arrivèrent dans le dernier village avant la chaîne de montagnes. Ils s'y reposèrent dans une auberge en préparation de la traversée des Alpes.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Coutard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0