Golden Inaba

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Lien : https://www.youtube.com/watch?v=MV_3Dpw-BRY.

Une chaude journée d'été après le travail. La radio en bruit de fond. Je vois une fille qui joue avec ses parents. Une femme qui court dans le parc. Un vieil homme qui fait les courses. J'entends un klaxon. Je regarde dans le rétroviseur. Un camion de livraison. Le feu est vert. Je me redresse pour conduire.

Ça va, ça va, j'avance...

Ce que je m'ennuie dans cette ville. Je ne m'attendais à rien de différent lorsque j'ai su que je serais muté au plein milieu de nulle part. Au moins mon coéquipier ne me prend pas la tête. Il a vingt ans dans la police. Il est compétent. Il fait bien son travail. Le genre de personne avec qui je ne m'entends pas.

Je passe à la station-service pour mettre de l'essence. J'en profite pour acheter quelque chose à un distributeur. Il fait vraiment chaud aujourd'hui. Je desserre ma cravate. Je pose la canette fraîche contre ma joue. Une jeune femme quitte la bibliothèque. Elle a les cheveux noirs et le teint clair. Un beau sourire.

Un beau sourire, hein ?

La jeune femme est toujours devant la bibliothèque lorsque je reprends la voiture. Elle a toujours le même sourire heureux. Je la perds de vue au premier virage pour rentrer chez moi. J'habite au deuxième étage d'un petit immeuble éloigné du centre-ville. Le coin est tranquille. Mon appartement n'est pas très grand.

Mon coéquipier a pris un jour de congé aujourd'hui. C'était pour préparer l'anniversaire de sa fille qui arrive la semaine prochaine. Elle aura sept ans. C'est une gentille petite. Son père aussi est un type bien. Mais ça ne m'amuse pas plus que ça de passer tous les soirs dans un bar ou dîner en famille avec lui. Au moins cette fois-ci je n'aurai pas besoin de le supporter.

J'allume la télévision. Je prends de temps en temps une canette de bière dans le frigo. Je change fréquemment de chaîne. En attendant que je tombe de sommeil. Un court interlude avant une autre journée de travail ennuyeuse. Supporter les remarques des supérieurs avec les monotones « Oui, d'accord », « Oui, monsieur », « Oui, commissaire ».

Qu'est-ce que je m'ennuie dans cette ville...

Une autre journée où il fait très chaud. Je suis souvent seul ces jours-ci. Mon coéquipier qui s'occupe de sa fille. Les supérieurs qui partent en vacances. Ça me laisse à peu près libre de faire ce que je veux. Je ne dois pas supporter les autres sans arrêt. Mais je ne supporte toujours pas d'être ici.

Je rencontre souvent la jeune femme aux cheveux noirs ces temps-ci. On discute de temps en temps. Lorsqu'on se croise. Puisque c'est une petite ville. Les gens se connaissent. On fait connaissance. Elle me parle d'elle. De ses études d'Histoire. De son travail à mi-temps à la bibliothèque. De ses passions. Je ne lui avais pourtant rien demandé. Je réponds à son sourire par un autre sourire. Elle a l'air d'apprécier ma compagnie.

Ma compagnie ?

On doit être de bon amis pour passer autant de journées ensemble. Elle m'emmène faire le tour de la ville. Je ne m'y plais toujours pas malgré ses efforts. Je feins le contraire et souris à ses tentatives. Elle semble tellement heureuse avec son sourire éclatant et ses yeux émerveillés. Elle pose souvent sa tête contre moi. Je ressens sa douceur. Elle frémit.

Je la raccompagne chez elle. C'est plutôt elle qui insiste pour que je le fasse. On se quitte après une longue et tendre étreinte de sa part. Je reste au pied de son immeuble puisque je n'ai nulle part où aller. Assis contre la façade à l'ombre. Il fait chaud. Un bruit éveille un peu ma curiosité. Je vais vérifier.

Une vitre brisée. Les débris sont à l'extérieur. Ça vient de l'intérieur. Je rentre dans l'appartement en passant par la fenêtre. J'avance vers où proviennent les bruits. Un homme. Et la jeune femme. Visiblement en conflit. Ils ne m'ont pas encore vu. J'attends. Des insultes volent. Des coups sont donnés.

C'est donc ça...

Mon vieux, c'est lâche de s'en prendre à une femme. L'homme me dévisage avec des yeux enragés. C'est facile de s'en prendre à plus faible que soi. Bats-toi contre quelqu'un qui peut rendre les coups, pour voir. Qu'est-ce que tu attends, abrutis ? L'homme se jette sur moi. Je finis à terre et me cogne la tête contre un placard. Je reçois plusieurs coups de pied avant que la jeune femme ne l'éloigne de moi.

J'en ai marre de cette chaleur...

Je me redresse. Je desserre ma cravate. Déboutonne ma veste et le haut ma chemise. Je prends mon arme. La jeune femme est dans une situation délicate lorsque je les retrouve. Elle est à terre. L'homme a un couteau de cuisine à la main. Tout ça à cause d'une dispute entre père et fille. C'est pathétique.

Ça se voit que tu es habitué à donner des coups. L'homme se rend compte de ma présence et prend peur lorsqu'il voit mon arme. Je ressens de la satisfaction à le voir trembler devant moi. C'est presque grisant. Mais qu'est que tu essayes de faire ? Tu veux devenir un meurtrier, c'est ça ? Mais si tu détestes ta vie au point de commettre l'irréparable, fais-le. Tue-toi.

Un spectacle divertissant. Sa colère et sa peur. Pitoyable. Je sens le froid métal de mon arme que je pose contre ma tempe. Une montée d'adrénaline s'empare de moi. Je ne me suis jamais senti aussi vivant. Tu vois ? Tu n'es rien. Juste un idiot qui pleure sur ses frustrations. L'homme avance vers moi. Je le vise à nouveau. Je recule. Il s'élance sur moi pour asséner un coup. Je bloque le couteau avec mon bras. Je tire.

Espèce d'idiot...

Il tombe à terre. Aucune chance. Il est mort. La jeune femme a l'air terrifiée. Mais ses yeux restent doux. Elle garde de la joie au fond d'elle. Mon cœur bat très fort. Pendant combien d'années a-t-elle vécu ça ? Mais qu'est-ce que ça change après tout ? La chaleur étouffante de l'été ne s'en va pas malgré la nuit.

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