Aux Nouveaux Attentifs

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Aux Nouveaux Attentifs, aux Nouveaux Esthètes, Joy s’est mêlée. Eux et elles ne font plus qu’une seule et même ligne continue qui monte en direction du ‘Sanjô ô Hashi’, ce ‘grand pont de la troisième avenue’ qui se donne pour l’allégorie d’une félicité surgissant à l’aube des consciences lorsque celles-ci, sortant de l’ornière et de l’inconnaissance, découvrent la pure lumière d’une Idéalité. Oui, il faut sortir de soi, s’extraire de son étroite tunique, connaître son exuvie, tel le reptile qui change de peau au printemps et inaugure une Nouvelle Vie. Il faut faire table rase du passé, désigner l’instant présent en tant que lieu de la manifestation du ‘carpe diem’, mais cette jouissance à soi n’est nullement gratuite, logée en quelque facilité. Elle suppose l’exercice d’une lucidité quotidienne, la reconnaissance de l’Autre, le respect des choses et du monde.

Dans le flux zénithal de l’immémoriale lumière, Joy et ses Co-existants se sentent pareils à des bourgeons en train d’éclore. Ils sont identiques à des feuilles tendres s’ouvrant au délicieux caprice du jour. Sur les larges travées du pont de bois, ils avancent en direction de leur futur, au plein d’une sensation qui les fait pures totalités à même l’étincelle temporelle qui les accueille en son sein sans aucune réserve. Ils sont condensation du temps, goutte suspendue de la clepsydre, grain de silice dans la gorge du sablier. Ils se fondent dans le flot continu des Pèlerins qu’ils découvrent à la manière d’un miroir, à la façon d’un écho de qui ils sont. Et ils ne sont nullement étonnés de cette onde qui court d’eux aux autres avec naturel, des autres à eux, avec facilité.

A proprement parler, ils n’ont plus de frontières, plus de limites. Ils se sentent exister dans le genre d’une substance unitive nullement séparée du monde ou de leurs Coreligionnaires mais bien plutôt imbriquée dans leur présence, comme une forme gigogne s’emboîte en son autre sans différence, une fusion seulement. Les Discrets, les Calmes, les Civilisés, tantôt se découvrent vêtus de kimonos teintés de bleu pastel, arborant de larges ceintures obi fleuries de motifs polychromes, leurs pieds chaussés de sandales de chaume zöri qui chuintent doucement en glissant sur les lames polies du bois de sycomore, abritant leurs yeux sous des ombrelles en parchemin ou des chapeaux d’herbe sugegasa. En réalité, ils sont eux et les autres, ils sont eux et le monde. Sans césure. Sans partage. C’est une manière de symphonie qui prend tout en son ensemble afin que, de ce rassemblement, puisse naître la valeur d’une harmonie. Et le processus joue en ses inverse, si bien que les Pélerins, par exemple une Akemi peut devenir une Estelle, un Akinori un Lucien, une Emiko une Joy. C’est ceci la grande fraternité du Peuple Nouveau. Maintenant que l’Hydre maléfique a été éliminée, il semble qu’elle ait emporté avec elle les éruptives tentacules du Mal qui se nomment indifféremment Lucifer, Méphistophélès, Satan, Belzébuth mais, aussi bien, Indifférence, Egoïsme, Orgueil et bien d’autres subtilités dont le genre humain est prodigue à l’envi.

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