Salope

de Image de profil de Amir AcazarAmir Acazar

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L’auto s’arrête, il fait clair dehors.

— Voilà, celui-là, c’est ton amoureux, il s’appelle Simon, d’accord ? Répète : Si-mon. OK ? Et c’est TON amoureux à toi.

Tu te concentres pour articuler.

— D’accord Cécile. Merci Cécile. Waouh! Il est beau. C'est MON amoureux. Rien qu’à moi ?

— Ouaip, rien qu’à toi.

— Et comment il s'appelle? Gérard ?

— Si-mon !!!

Pas de doute, c’est ton amoureux, il a sa main sur ton nichon, il pince ton téton. Bien sûr, tu ne penses pas que tu as déjà un amoureux qui t’attend à la maison. Tu hésites quand même à sortir de la bagnole.

— Euh... et qu’est-ce que je fais là avec François ?

— Il s'appelle Si-mon ! Eh bien il te ramène chez lui, il va être gentil — elle regarde le mec avec un air d’institutrice sévère, puis te sourit à nouveau — vous allez fumer un bon pétard, puis il va te sauter. Si t’as pas envie, il te prend juste dans ses bras et il te saute demain. D’accord Simon ?

Stéphane hoche la tête, l’air béat. Les autres s’impatientent.

— Bon merde, vous sortez ? T’y vas ?

— Nan, je veux pas. Je veux rentrer chez moi, je veux plus de mon amoureux, j’ai pas envie.

Alors René bouge sa main sur ton sein. Il te sourit. Tu sors et le suis.

Il est beau le loft de Michel, les murs sont remplis de grands tableaux colorés, c’est carrément lui qui les a peints. C’est bien ça un amoureux peintre ! Ça en jette.

Paul doit te rouler un joint, il te l’a promis. Il te roule une pelle, te plaque sur son bureau, te caresse, te lèche, avec fougue. Tu espères qu’il ne va pas te manger. Mais tu mouilles. C’est chouette.

Jacques oublie clairement ton pétard, te déshabille et te montre une échelle. Tu aimes bien les échelles, tu grimpes. Luc te baise sur un matelas dans sa mezzanine. T’as pas trop envie, t’arrêtes pas de dire « et mon pétard ? » mais quand même tu jouis très fort. Stéphane a de l’énergie à revendre, parce que là-dessus il t’encule, comme ça, paf, tu lui demandes d’arrêter, il dit « Trop tard, laisse-toi faire, c’est bon », tu gueules, tu jouis encore, c’est sans doute là que la capote pète – tandis que Laurent lui pète la forme, il te saute à nouveau et éjacule enfin en disant argmfh. Tu vois sa verge molle et le préservatif troué qui coule blanc, tu râles. Jérôme te rassure, il n’a pas le sida, il demande « et toi ? » Il parle même de t’accompagner acheter la pilule du lendemain, sacré Stéphane, c’est un brave. M’enfin tu veux ton pétard, tu l’as mérité !

Hélas Philippe s’endort au milieu d’une phrase. Tu t’en fous, tu vas te débrouiller, tu descends, tu ne trouves pas le chite, tu es furieuse, tu gueules « Hé Éric, Jean, euh Stéphane, euh putain, il est où ton chite, merde à la fin ? » Joël marmonne mmmmmpas et ronfle.

Tu te sens désespérée. Profondément désespérée. Tu dois te barrer, rentrer chez toi à pied tant que le speed te tient encore éveillée. Là au moins tu pourras fumer tranquille et te détendre parce que bordel tu es trop trop désespérée ! Tu ramasses ta robe abandonnée en bas et tu t’habilles en grommelant.

Tu remontes vers la mezzanine pour récupérer tes sandalettes. Soudain, presqu’arrivée en haut, l’échelle semble instable, elle balance bizarrement de gauche à droite, toi aussi d’ailleurs. Ses oscillations sont de plus en plus fortes, l’échelle va basculer, vous allez basculer, vous basculez dans un badaboum épouvantable.

Par un invraisemblable réflexe, tes mains s’accrochent aux barreaux de la balustrade de la mezzanine. Tu pends dans le vide cramponnant du bout des doigts de fins barreaux de bois. Trois mètres plus bas le plan de cuisine et son pot à couteaux et ses pots en verre cassés. Comme dans un film, horrible.

Alors tes jambes s’élancent et elles aussi agrippent la balustrade. Maintenant tu pends comme un agneau prêt pour le méchoui. Georges éveillé par le boucan t’attrape et te hisse à lui.

Sauvée ! Ouh que tu as eu peur, mais peur… Guillaume te serre contre lui en disant « tu l’as échappé belle ». Te voilà coincée, tout là haut, là haut ! Tu rouspètes. Manu te dit de la fermer et de dormir, tu n’as pas le choix. Sauf qu’à cause du speed tu n’y arrives pas, les heures passent, ton cœur bat trop vite, tu dois rentrer dans ton lit à toi, l’échelle est allongée au loin 4 mètres plus bas. Tu es plus désespérée que désespérée. Tu es over désespérée.

Bien fait. Ça t’apprendra à faire la salope.

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Table des matières

En réponse au défi

Pronoms sujets

Lancé par Phoenix-blanc

Henri Bachelin, Georges Perec, Bernard Werber, Nathaniel Hawthorne, Jay McInerney, Michel Butor, Anna Carey…

Une histoire rédigée à la 2ème personne du singulier/pluriel se cache derrière chacun de ses auteurs. Le défi consiste donc à écrire un texte à la seconde personne (tu /vous).

→ 1500 mots maximum

→ Pas de genre imposé

Au revoir les « je » et les « il/elle » place aux « tu » et « vous » !

Commentaires & Discussions

SalopeChapitre6 messages | 2 ans

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