Prologue

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Trente-six printemps et toujours célibataire. Ce n’est pas que les occasions de me caser m'aient manqué, mais il me faut avouer que cette idée me terrorise. Devoir se consacrer pour le restant de son existence à un autre, de manière inconditionnelle, putain de corvée.

Pourtant, une part de mon âme implore de gouter à la tendre caresse matinale, suivie d’un baiser à l’haleine douteuse en frissonnant sous la douceur d'une main aimante. Malheureusement pour elle, je ne me fis qu’à ma raison, qui, je dois encore le reconnaitre, me conduit souvent à une primale débauche.

Avec l’expérience, une règle c’est imposée : jamais deux fois le même gars. Et comme là si bien dit notre chère Valérie Trierweilerr à notre bon François Hollande « Merci pour ce moment ».

Excuse mon manque de Politesse ! C’est tout moi d’exposer ma vie sans même me présenter.

Donc me voici, me voilà : Ilan, fils d’immigré algérien, né en plein milieu d’un carambolage sur l’autoroute A55 reliant Vitrolles à Marseille. Mon père a succombé sur le coup, quant à ma mère, elle expirait son dernier souffle alors que le pompier plongeait me récupérer dans ses entrailles. Pour le monde, je suis devenu le sulfureux Maître Chems, avocat de la défense, tristement réputé pour ma liste de client aux mœurs douteuses.

Mon type de mec : soigné, musclé, élégant. Peu importe qu’il soit con comme un balai, après tout ce n’est pas le cerveau que l’on suce. Pour ma part : ni bogossitude ni mochitude. Au premier abord on ne m’accoste pas. Cela doit être dû à ma froideur ardemment étudiée .

La genèse de mes flirts remonte à l’été juste avant le lycée. Je ne doutais pas d’être attiré par les hommes. Nul trauma d’identité. Pourtant… j’étais ancré dans ma solitude jusqu’à ce que je déniche dans les méandres du web le site Caramail.

Le principe était assez primaire : des salons du genre « Gay des bouches du Rhône », puis il suffisait de lancer un ASV général (âge, sexe, ville) ; et, à la manière de Tinders, tu sélectionnais des profils en fonction des infos récoltées. D’un simple dialogue cochon à l’échange de photos à caractère porno, je vivais mes premiers émois. J’avais quinze ans, c’est en écrivant ces lignes que je réalise avoir été en contact avec des prédateurs. Bien entendu, j’indiquais la majorité.

Un temps arriva ou le virtuel ne me satisfit plus, alors je décidais de franchir le cap de la première fois. En ce temps, je n’imaginais même pas la possibilité qu’une relation entre hommes puisse être autre que charnelle.

C’était le jour de ma rentrée en seconde. À peine sortit des cours, je me précipitais sur l’ordinateur, qui serait bientôt occupé jusqu’à pas d’heure par mon père adoptif. Au fait de la procédure pour avoir posé une cinquantaine de lapins par manque de courage, il ne me fallut pas plus de dix minutes pour dénicher un prétendant à la fornication, véhiculé, qui accepterait de tirer un coup vite fait dans la nature. Pas glam, je le confesse. Une pointe de gel, un souffle de parfum plus tard et me voilà en marche pour le point de rendez-vous situé non-loin de l’appartement de mes adoptants.

On s’était échangés nos clichés avant : le gars était le genre de gay métroséxualisé des années 2000, propre sur lui et bien outillé. Pendant que je patientais, mon cœur battait la chamade. Comme pour me rassurer, je triturais les préservatifs dans ma poche arrière dont je ne savais ce que j’en ferais.

Enfin après d’interminables minutes d’attente, la golf IV Noir aux vitres teintées, fidèle à la description, débarqua sur le parking juste à mon niveau. Fébrile, je m’élançais sur la portière. Il me fallut moins d’une seconde pour réaliser que ce n’était pas le type de la photo, mais un papi dans la soixantaine, grisonnant, transpirant une féminine autorité. Sa bagnole se verrouille, il démarre. Je n’avais qu’une envie… fuir, mais j’étais tétanisé. N’osant pas le contrarier par peur de ce qui pouvait en découler, j’ai pris sur moi et a acceptai, malgré ma répulsion, de partager ce moment.

Parfois, je me demandais si cet unique instant de ma vie intime, en avait défini son cheminement chaotique ?

Désormais, j'en suis certain. Bien ! Maintenant que l’on a fait connaissance, il est temps d’entrer dans le vif du sujet.

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