Chapitre 3

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— Laël, tu vas encore être en retard si tu ne te lèves pas dans les trente secondes, hurla la colocataire du brun.

Génial, et en plus, il commençait par une matière qu'il n'avait pas encore eue, de quoi faire bonne impression, pensa-t-il sarcastique. Seulement trois jours de cours, et le voilà déjà en retard. Pourquoi s'était-il encore couché à pas d'heure ? Ah oui, parce qu'il était incapable de s'arrêter de lire lorsqu'une histoire le passionnait, et Le livre perdu des sortilèges était vraiment génial. Résultat, il ne dormait que depuis deux ou trois heures seulement.

— C'est bon, je me lève, lui répondit-il, ne voulant pas qu'elle le tire de force de son lit.

Elle en serait tout à fait capable, cette sorcière. Non, elle n'avait pas de pouvoir, mais elle pouvait se montrer diabolique quand l'envie lui en prenait. Des frissons lui parcoururent l'échine en pensant à toutes les crases qu'elle lui avait fait subir depuis qu'il la connaissait, c'est-à-dire depuis presque toujours. Regardant l'heure, il vit qu'il ne lui restait que cinq minutes pour se préparer s'il voulait espérer être à l'heure. Elle avait osé mettre sa menace à exécution. Sautant de son lit, il courut jusqu'à la salle de bain pour se préparer en quatrième vitesse.

— On ne court pas dans l'appart, le réprimanda sa meilleure amie.

— Peut-être que si tu m'avais réveillé plus tôt, je n'aurais pas à le faire Lili, lui reprocha le brun.

— Si tu le dis. Bon, ce n'est pas tout ça, mais je vais y aller, je ne compte pas arriver en retard pour notre nouveau cours, à tout, fit-elle en sortant de l'appartement.

Rangeant intérieurement contre la blonde, Laël se dépêcha de finir de se préparer. Un coup d'œil à sa montre, il vit qu'il était finalement en retard. Tant pis pour le petit-déjeuner, il n'avait plus le temps. Sortant en vitesse de chez lui, il se mit à courir dans les rues, voulant limiter la casse. Il arriva tout de même cinq minutes après le début des cours. Tentant de se faire le plus discret possible, le métis entra sur la pointe des pieds, mais se fit tout de même remarquer par le professeur qui était face au tableau.

— C'est à cette heure-ci que vous arrivez, jeune homme. J'espère pour vous que vous avez une excellente raison à ce retard, fit l'homme d'une voix calme.

— Euh, ma coloc a jugé bon de me réveiller seulement vingt minutes avant le début des cours, monsieur, tenta-t-il.

— Mademoiselle Moor, je vous prierai de réveiller votre camarde plus tôt la prochaine fois, que cet incident de se reproduise plus, dit-il en se tournant vers Alice.

— Oui monsieur, lui répondit-elle en baissant les yeux.

— Bien, et maintenant, à votre place, ordonna le brun.

C'était dingue, comment avait-il su qu'il parlait d'elle ? Il venait à peine de débarquer et le brun doutait que la première chose qu'Alice ait dite soit qu'ils étaient colocataires. Il prit place à côté de la blonde et sortit ses affaires, prêt à suivre le cours. Il tourna la tête vers le professeur, monsieur Howard lui avait dit sa voisine de classe, pour écouter ce qu'il avait à dire, soit continuer de présenter sa matière. Son regard se perdit sur son corps, le détaillant de haut en bas. Oui, les hommes l'attiraient, et alors ? Son père et sa meilleure amie le savaient et n'avaient rien dit, et il se foutait bien de ce que les autres pouvaient penser. Même s'il ne le criait pas sur tous les toits, il était fier de qui il était. L'homme face à lui était plutôt bien bâti, son T-shirt moulant laissant voir de magnifique abdos et des bras musclés. Son pantalon, même si large, laissait deviner un postérieur ferme. Ses yeux, d'un magnifique vert, et ses longs cheveux de jais attachés en un chignon le rendaient encore plus irrésistible. Même s'il devait avoir bien cinq ans de plus que lui, il était tout à fait à son goût. Mais il restait un enseignant et lui son élève, le mettant hors de sa portée.

Le cours se passa dans le calme le plus total, l'homme imposant un certain respect et passionnant ses élèves dans sa façon de leur expliquer le fonctionnement du corps humain. Ça changeait de ses professeurs de prépa. Même s'ils avaient été super, ils n'avaient jamais su le passionner comme le faisait monsieur Howard. Le temps fila et la fin du cours arriva bien trop vite aux yeux du jeune homme qui dut abandonner sa contemplation pour aller à son prochain cours. Il avait projet, ce qui voulait dire qu'il serait en autonomie et qu'il retrouverait Makayla et Jezekael. Sentant un coude insistant dans ses côtes, il tourna la tête vers son origine. Il ne fut même pas surpris de voir que c'était Alice qui le regardait avec cette expression, celle qui dit que vous allez vous mettre à table rapidement et lui dire tout ce qu'elle voulait savoir. L'aurait-elle cramé pendant son observation minutieuse du brun ? Il en était quasiment sûr et il n'échapperait pas à l'interrogatoire complet de sa meilleure amie.

— Oui, lui fit-il d'une voix incertaine, une fois assis à sa place.

— Ne fais pas l'innocent, tu sais très bien de quoi je veux te parler. Alors comme ça, notre prof de bio est à ton goût, lui dit-elle, un regard plein de sous-entendu tourné vers lui.

Malgré lui, Laël sentit son visage chauffer, signe que le rouge lui montait aux joues. Plus direct que sa meilleure amie, c'était la mort elle-même. Et en plus de la gêne occasionnée par la question de la blonde, les jumeaux étaient présents, signifiant qu'ils avaient parfaitement entendu ce que venait de dire Alice.

— Non sans déconner mec ? s'étonna Jezekael. Attends, t'es gay ?

— Oui, souffla le brun. Et ?

— Non rien, ça m’a juste surpris sur le coup. Alors comme ça, M. Howard t'a tapé dans l'œil.

— C'est vrai qu'il est plutôt canon comme prof, rajouta Makayla.

— Vous avez fini d'en rajouter tous les deux, répliqua le brun, néanmoins soulagé de leur réaction vis-à-vis de son homosexualité. C'est vrai qu'il est pas mal, mais c'est un prof et moi son élève, alors arrête de rêver Lili, il ne se passera jamais rien. Fin de la discussion.

— C'est pour ça que tu l'as littéralement dévoré des yeux pendant tout le cours ? lui demanda-t-elle.

— Arrête de dire des conneries et mets-toi au travail, contredit le métis, remerciant la couleur de sa peau de cacher en partie ses couleurs. Ce projet ne va pas se créer tout seul.

— Ce que tu peux être susceptible dès qu'on parle de mec, t'es pas croyable, se moqua la blonde.

— Je ne suis pas susceptible, juste réaliste, démentit le concerné. Et ça m'étonnerait fortement qu'un homme comme lui puisse être attiré par quelqu'un comme moi.

— Ça tu n'en sais rien. Et peut-être que ton charme légendaire le fera tomber dans tes filets, ajouta sa meilleure amie en lui faisant un clin d'œil.

— Je dirais plutôt que c'est un cadeau empoisonné que m'a laissé ma mère, déprima le jeune homme. Je n'arrête pas d'attirer toutes les personnes les plus bizarres qui puissent exister.

— C'est vrai que certains étaient vraiment des cas, pouffa-t-elle. Mais ce n'est pas comme ça que tu m'échapperas.

— Mais puisque je te dis qu'il n'y a rien à raconter, commença à s'énerver le brun.

— Mec, tu sais très bien qu'une fois qu'elle est lancée, on ne l'arrête plus, lui rappela Jezekael. Elle était déjà comme ça quand on avait dix ans.

Comme s'il pouvait l'oublier une seule seconde. Ils se côtoyaient depuis dix-sept ans et pas une seule fois, il n'avait réussi à échapper à la blonde. Le reste du cours promettait d'être long.

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