- Monsieur Gallo, au vu de vos radios, vous allez être officiellement libéré! Même si on aurait pu anticiper d’une semaine, je pense. La rapidité de votre guérison est assez impressionnante.

- C’est plutôt moi qui suis libérée, là!

- Ma puce, je suis désolé. Docteur, merci pour tout.

- Mais attention quand même, vous êtes libre, pas totalement guéri, ça va prendre encore du temps pour vous remettre totalement. Pour l'instant, on va vous enlever les plâtres, regarder un peu ces cicatrices. Vous pourrez vous déplacer avec de simples béquilles et surtout n’hésitez pas à poser votre pied au sol le plus souvent possible et à utiliser votre bras autant que faire se peut, mais sans forcer. Vous continuez aussi les séances de kiné tous les jours et je vous conseille d’aller à la piscine régulièrement. On se revoit d’ici un mois pour refaire le point.

- Avec plaisir, ça commence à me manquer. Mais la première étape ce soir, ce sera un bon bain…

- Je vous comprends… Au revoir Monsieur Gallo, Mademoiselle Rivière, courage…

- Merci Docteur, au revoir.

Après ces trois semaines éprouvantes moralement, à la fin desquelles je ne supporte plus d'être assisté à longueur de journée, arrive enfin la délivrance, plus d’attelle, plus de plâtre et je vais enfin pouvoir sortir de la maison, retrouver un minimum d’autonomie, même si mon bras me fait souffrir dès que je force un peu dessus, surtout avec les béquilles.

- Salut les amoureux! Louis, je suis contente de te voir en si bonne forme.

- Salut Mag, c’est pas encore la grande forme, mais au moins je suis debout, c’est déjà ça. Merci en tout cas pour tes petits mots, ça fait du bien au moral, et désolé de pas être passé te voir, mais c’était compliqué pour descendre, à la maison…

- C’est à moi de m’excuser de pas avoir pris plus de nouvelles et de pas être venue te voir, mais…

- Charlène m’a dit que t’avais rencontré quelqu’un, je comprends, je suis heureux pour toi.

- Merci. Moi aussi, mais c’est que le début, on verra avec le temps. J’ai pas envie de me précipiter. Mais toi alors?

- De quoi moi?

- Comment tu te sens?

- Vivant, c’est déjà pas mal… Il parait que je suis pas passé loin… Mais j’ai un ange qui veille sur moi…

- Et mentalement?

- Ça baigne… J'ai pu réfléchir à plein de choses, faire un peu le point. En fait ça fait cinq semaines que je me fais bichonner, c’est pas désagréable. Le seul truc, c’est de pas avoir pu aller grimper Lure et le Ventoux, ça me fait un peu chier, mais c’est pas grave, ça repousse juste d’un an…

- Tu comptes remonter sur le vélo?

- Bien sûr, et je vais pas traîner.

- Super de le prendre comme ça, c’est pas forcément facile après ta chute, mais je suis fière de toi, tu lâches rien.

- A vrai dire, je me souviens pas de ce qu’il s’est passé, donc j’ai pas peur d’y retourner, pour le moment.

- Bon, je suis contente en tout cas, tu tiens le bon bout… Allez je dois y aller, Jeff va m’attendre…

- T’as raison, file le retrouver, je veux pas qu’il soit jaloux de moi…

- Vaut mieux pas pour lui, tu comptes trop pour moi…

- Merci.

***

- Salut tout le monde!!!

- Tiens… Voilà notre cascadeur…

- Alors Louis, ça va mieux on dirait?

- Oh que oui! Beaucoup mieux même.

- Ça se voit. Tu t’es remplumé.

- Alors ça, vaut mieux pas m’en parler… Je me languis de reprendre le sport pour perdre ce léger embonpoint… Et le boulot bien sûr!

- Ne sois pas trop pressé. Vu le carnet de commande, on risque pas de chômer pour les mois à venir… Et c’est un peu grâce à toi…

- Pourquoi? On fabrique des armures pour cyclistes maintenant?

- T'es couillon p’tit, t’as pas perdu ton sens de l’humour apparemment. Non, on s’est pas encore lancé là-dedans, mais grâce au contrat que t’as chopé à tes débuts, on a d’autres exploitants qui ont passé commande, trois stations de plus à fournir. Du coup je prévois d’embaucher trois gars en plus, dont un pour t’épauler.

- Super tout ça, mais j’y suis pour rien, c’est le boulot de tout l’atelier qui est récompensé, pas que le mien.

- Bon, et ta fille?

- Un amour, une princesse, sage, souriante… Toute sa mère… D'ailleurs je vais pas traîner pour aller les retrouver.

- Embrasse les pour nous… On se revoit dans deux semaines pour ta reprise?

- J’y compte bien… A bientôt les gars…

- A bientôt Louis. Prends soin de toi.

Quelques jours plus tard, je peux enfin commencer à me déplacer plus facilement, grâce au boulot de Lionel les douleurs ont quasiment disparu, et mes muscles ont repris de la force rapidement, même si je finis nos séances sur les rotules. Je retrouve petit à petit toute ma mobilité, ma force aussi, et après la visite chez le médecin, j’ai l’autorisation de laisser les béquilles au placard et de reprendre le vélo, doucement.

Grâce aux témoignages des personnes présentes lors de mon accident et au rapport de la gendarmerie, l’assurance m’a remboursé un bon prix pour mon vélo et j’ai rapidement pu faire l’acquisition d’une nouvelle monture, plus adaptée, et de nouveaux équipements.

C’est avec joie, et une certaine appréhension pour Charlène, que j’enfourche mon nouveau vélo pour mes premiers kilomètres depuis mon accident, nous ne nous éloignons pas beaucoup de la maison, pour une petite boucle de quelques kilomètres, de laquelle je rentre plutôt satisfait, malgré des douleurs récurrentes à la cheville, au genou et aux côtes.

Le côté rassurant, c’est que ce ne sont que des douleurs musculaires et tendineuses, causées selon Lionel, par ma longue inactivité, mais pas par une mauvaise guérison de mes multiples fractures, avec la reprise, et une activité régulière, elles devraient s’estomper rapidement.

Ma première longue sortie en solo a lieu la semaine suivante, ma prise de poids me déprimant un peu, je choisis un bel après-midi de cette fin du mois d’Octobre pour me tester sur un circuit connu, le même que lors de notre séjour après la réussite de mon bac et de mon permis. Au retour à la maison, je dois dire que je suis plutôt satisfait du résultat, aucune douleur pendant l’effort, ma condition physique me permet de terminer sans grandes difficultés, même si ce fut une sortie plutôt courte et sur un rythme tranquille.

Immédiatement après j’en profite pour en informer Lionel, qui se réjouit de la bonne nouvelle, et m’encourage à répéter ce genre d’efforts le plus souvent possible, mais sans forcer, pour réhabituer mon corps à une activité intense.