Complications…

5 minutes de lecture

Après cet épisode, nous avons essayé de reprendre une vie normale, mais si j’essaie de donner le change, au fond de moi je suis totalement rongé par l’inquiétude, par la peur que la situation dégénère encore une fois. Charlène est la seule à s'en rendre compte, me reprochant parfois d’être trop prévenant, trop attentionné, mais j’ai beau essayer de lutter contre mon instinct, je ne peux pas m'empêcher de prendre soin d’elle.

La naissance prévue mi-mai, à quelques jours de mon anniversaire, tombe à point nommé pour moi, le carnet de commande étant plus léger, je me suis arrangé avec mon patron pour pouvoir passer le plus de temps possible chez moi pour terminer les derniers aménagements de notre maison.

- MON COEUR!!!!

- J’ARRIVE!!!

- Bouge toi!!! Nouveau sprint, nouvelle poussée d’adrénaline…

- Qu’est ce qu’il se passe?

- Je sais pas… Comme des contractions… Mais… Bizarres… J’ai vraiment mal… Elle appuie sur le col…

- OK… On file à la maternité, on verra bien ce qu’ils disent… Essaye d’aller à la voiture seule, je m’occupe du reste.

- C’est tout prêt, dans…

- Le placard de la chambre à droite, sur la deuxième étagère… Je sais… File!!!

Conduite souple, vitesse régulière, un créneau devant les urgences et je la dépose à l'accueil où elle est prise en charge immédiatement pendant que je réponds aux questions de la secrétaire puis la rejoins dans le box où on commence à s'affairer calmement autour d’elle, sans précipitation, ce qui est plutôt rassurant.

- Mon bébé, j’ai peur… Et si…

- Chut… Tout va bien se passer, t’es à l'hôpital, ils vont s'occuper de toi… De vous.

- Mais si…

- Stop!!! Tu l’as senti bouger?

- Oui…

- Alors c’est rien de grave… Respire… Calme toi…

- Alors Mademoiselle Rivière, qu’est ce que vous nous faites encore?

- Bonjour Docteur… Je sais pas, comme des contractions bizarres, et je sens qu’elle appuie sur le col.

- Elle doit être pressée de sortir la demoiselle… Ça m'a pas l’air trop grave… Mais on vous avait dit de vous ménager et de vous reposer?

- Oui…

- Et alors?

- …

- Bon… Je vais vous faire une écho, on en saura plus après…

Le résultat nous rassure, rien de grave, rien du tout même, si ce n’est que notre fille n’avait pas envie de respecter le calendrier établi, c’est ainsi que le gynécologue a décidé de garder Charlène sous surveillance à l'hôpital quelques jours, pour éviter inquiétudes et angoisses.

- Mademoiselle Rivière, je sais que vous vous sentez en forme, que vous ne voulez pas rester inactive, mais vous n’avez plus le choix, il faudrait encore une bonne semaine minimum avant de laisser votre fille venir au monde, et ici, au moins, je suis sûr que vous vous reposerez…

- Mais chez moi aussi…

- J’ai pas envie de vous voir accoucher dans trois jours, c’est trop tôt…

- Mais Lou, et toi?

- C’est bon… Je peux me débrouiller tout seul…

- Et le déménagement?

- Arrête! Je peux m’en sortir sans toi…

- Si dans quelques jours vous allez mieux, je peux envisager de vous laisser rentrer chez vous… Mais à condition que vous restiez allongée la plupart du temps.

- Bon… Mais si… Lou?

- Tu me saoules… Je vais appeler tes parents, ta mère viendra s'occuper de toi au moins tu te tiendras tranquille… Appelle-moi quand tu seras décidée à être raisonnable…

J’ai atteint ma limite, je ne me réjouis pas de me retrouver encore quelques jours seul chez nous tandis qu’elle est alitée ici, mais son attitude et son entêtement ne servent qu'à faire augmenter mon niveau de stress et d’angoisse et même si j’ai été d’un calme olympien aujourd’hui, et jusqu’à maintenant, ce nouvel épisode m’affecte plus qu’il n’y paraît.

Je quitte la chambre en claquant la porte, sous les yeux médusés du personnel, puis passe rapidement un coup de fil à mes beaux-parents en leur expliquant la situation.

En larmes, je tourne la clé de contact de la voiture, et rentre à l'appartement où je laisse mes nerf prendre le dessus en explosant quelques blocs de pierre à coups de masse, prenant un peu d’avance sur le programme d’aménagement du jardin.

Je ne suis pas fier de ma réaction, loin de là, je lui avais demandé de ne pas me ménager, de ne plus me protéger, de me laisser gérer seul, mais là, ça la touche directement et ça vient seulement d’elle, pas de l'extérieur.

- Allo?

- Lou, c’est Carolina… Comme va?

- Molto arrabbiato… E molto stanco.

- Ti capisco, mia figlia può essere una vera testa di mulo.

- Lo so…

- Me ne sono occupata, una bella lotta.

- Grazie.

- Tou veux loui parler, lei chiede… Penso che voglia scusarsi.

- Si…

- Mon coeur?

C’est une voix à peine audible qui filtre.

- Ma puce?

- Je… Je suis désolée… Je veux pas te causer de soucis… C’est pour ça que je veux rester à la maison, avec toi. Continuer à faire comme d’habitude… Pour te soulager.

- Et tu crois que ça me soulage là? Tu te mets en danger, et tu mets en danger notre fille… Je m’en fout de dormir trois heures par nuit, je m’en fout de faire le ménage, la cuisine, la lessive et les travaux, tant que ça te permet de rester tranquille, de te reposer, d'être en bonne santé et de dormir près de moi.

- Excuse-moi… S’il te plait… Ne m’en veux pas.

- Je t’en veux pas ma puce, je peux pas t’en vouloir, je suis juste en colère parce que tu veux en faire qu'à ta tête… Que tu ne veux pas m’écouter… Que tu n’accepte pas mon aide.

- Pardon… Sincèrement. Je m’en veux de te causer du souci.

- Alors pense à toi. Pense à vous deux. Et fais moi confiance… J’en ai besoin… Je t’aime, et je veux pas qu’il t’arrive quelque chose de grave, j’ai déjà eu ma dose.

- D’accord… Je vais rester un peu ici, juste quelques jours, et si je peux rentrer à la maison, je te promets d’en faire le moins possible… Ti amo anch’io.

- Grazie mille principessa… A demain.

- Ok, à demain.

Quelques jours après, nous nous sommes retrouvés chez nous, et Charlène a vraiment pris au sérieux tous les avertissements, tandis que je n’avais pas une minute à moi, et ça nous convenait très bien, même si je commençais vraiment à être épuisé.

Le weekend suivant, nous avons enfin pris nos quartiers dans notre nouvelle maison, aidés de nos amis. Le soleil brille en ces premiers jours de mai, et tous sont à l'écoute des consignes que notre cheffe hurle depuis la terrasse, avachie sur un transat.

Déménagement de l’appartement, montage des derniers meubles, rangement des placards, la maison est une véritable fourmilière durant trois jours, et nos amis sont d'un efficacité redoutable.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire L-Boy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0