Premiers contacts…

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Après un rapide passage chez elle pour déposer nos affaires, nous sommes allés à la rencontre de Patrick, son père, pour définir les modalités de mon séjour, faire un point sur ma situation… Malgré un physique plutôt banal, 1m80 environ, à peine plus petit que moi, plutôt maigre, brun avec une calvitie naissante, la cinquantaine. Il en imposait par son charisme, et avait fait naître en moi une légère crainte, empreinte de beaucoup de sympathie.

« - Bonjour jeune homme.

- Bonjour Monsieur. Vous pouvez m’appeler Louis, et me tutoyer. Merci de m’accueillir ici, et d’accepter que Charlène s’occupe de mon cas.

- Appelle-moi Patrick alors, au diable les règles vieillottes et dépassées. C’est elle que tu dois remercier, elle a tellement insisté pour ça, que j’ai pas eu trop le choix, n’est-ce pas mademoiselle Rivière ?

- Bon, ok, c’est la vérité, mais… Je sais pas, je me sens confiante.

- À toi de me prouver que j’ai eu raison de te faire confiance… Tu peux nous laisser un moment mon ange, j’aimerai discuter avec Louis quelques minutes.

- D’accord. À tout’…

- Bon, Louis, j’ai eu vent de ton histoire, de tes problèmes, et si tu es ici aujourd’hui, c’est pour guérir, pas en vacances, même si ça y ressemble… Donc, je compte sur toi pour mettre tout en œuvre pour atteindre ton but.

Tout cela dit avec le sourire, de façon sympathique mais ferme. J’ai senti immédiatement une grande confiance en lui, et que je n’avais pas le droit à l’échec.

- Vous savez, si je suis venu c’est dans ce but précis. Mes parents, mes amis, ma famille, Charlène, Cécilia, je leur ai fait une promesse, et je compte m’y tenir. Soit je m’en sors avant la fin de l’été, soit…

- Non, pas ce genre de paroles ici, tu vas t’en sortir, et s’il le faut tu resteras plus longtemps que prévu, mais tu ne quitteras pas le centre sans avoir remonté la pente. Ça fait partie du contrat qu’on va passer tous les deux. Premièrement parce que je ne suis pas du genre à laisser partir les gens qui ne sont pas guéris, deuxièmement parce que ma fille ne me le pardonnera pas, et enfin parce que je n’accepterai pas que nous échouions avec Charlène.

- Bien reçu… Ça fait du bien d’entendre ça… Si j’ai bien compris j’ai pas vraiment le choix…

- Bien entendu… Dis-toi bien, aussi, qu’en septembre ma fille retourne à ses études quoi qu’il arrive et que si tu es là, c’est qu’il y a bien plus qu’une simple relation entre un soignant et son patient n’est-ce pas ?

- J’ai bien compris… Mais je sais pas vraiment ce qu’elle vous a raconté à notre sujet, sur notre relation…

- Pas grand-chose à vrai dire, mais je connais bien ma fille, pour qu’elle te prenne sous son aile, qu’elle me tanne pour venir ici avec toi, et pour qu’elle ait ce sourire, je me doute de certains de ses sentiments à ton égard…

- Si seulement… Mais je crois qu’elle est simplement compatissante…

- Bien sûr oui… Bon trêve de bavardages, j’ai besoin que tu me racontes ton histoire, pour comprendre, pour mieux te connaitre et trouver les bonnes solutions. »

En quelques minutes je déballe toute mon histoire, dans les moindres détails, je savais que je devais tout lui raconter pour être bien pris en charge.

Nous avons ensuite rejoint Charlène pour visiter les lieux et rencontrer mes compagnons d’infortune.

Le centre était situé un peu à l’écart d’un hameau, le bâtiment principal était un ancien corps de ferme rénové, il avait conservé son aspect rustique à l’extérieur, murs en pierre et bois, toiture en ardoises, mais l’intérieur avait été refait à neuf et modernisé. La partie logement avait été construite lors de la création du centre, tout comme le bâtiment commun, tout en respectant l’architecture de la région. Le centre accueillait trente-deux personnes toute l’année, vingt-cinq chambres individuelles pour les patients, et sept pour le personnel. Dans le bâtiment commun on trouvait tout d’abord une cuisine et le réfectoire pour les repas, qui servait également de salle d’activités de groupe. À l’étage on trouvait une infirmerie, et des bureaux réservés aux psychiatres et psychologues ainsi que trois bureaux pour les intervenants, une bibliothèque et deux salles d’activités où l'on pouvait passer du temps entre nous, jouer aux cartes, à des jeux de société…

À l’extérieur, nous disposions d’un terrain multisports, d’un parc fleuri et ombragé, d’un boulodrome et d’une salle de sports…

Ils ont profité de la fin du repas de midi pour me présenter les résidents avec qui j’allais partager les activités dès le lundi suivant. J’ai trouvé ici des gens de tout âge, de toute classe sociale, une population vraiment éclectique, mais tous m’ont immédiatement fait ressentir énormément de sympathie, sans les connaître.

« - Alors, tu te sens comment ?

- Je sais pas trop, c’est nouveau pour moi… Je dirais bizarre pour le moment… Ton père m’a vraiment impressionné…

- Oui il est un peu sec parfois, mais c’est un amour, il sait qu’il doit rester ferme avec les résidents, c’est son boulot qui veut ça. En plus tu lui vole sa fille adorée…

- Je lui ai encore rien volé pour l’instant…

- Pour l’instant ?

- Je sais pas trop ce qu’il peut se passer pour la suite, bien sûr que j’ai envie d’aimer à nouveau, de trouver quelqu’un qui comblera ce vide en moi… Mais je suis pas sûr d’être prêt encore… On verra bien…

- Je suis pas pressée tu sais… J’ai tout mon temps et on a encore quelques semaines pour vraiment apprendre à se connaître…

- Si je te suis bien, t’es persuadée qu’il peut se passer quelque chose de sérieux entre nous… T’es sûre de toi ?

- Totalement sûre de moi… Sinon je serai pas là avec toi… »

Après avoir scruté les alentours pour s’assurer que nous étions bien seuls dans le parc, installés à l’abri des regards, elle est venue poser tendrement ses lèvres sur les miennes. Je lui ai timidement rendu son baiser, essayant de chasser mes doutes, mes peurs et mes angoisses, j'aurais souhaité m’abandonner totalement à ses lèvres, mais je ne me sentais pas encore complètement prêt…

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