Cécilia : ‘SURPRIIIIIIIIIIIIIISE’

‘Euh… Ouais, si tu veux. Elle est complètement barrée ou quoi ?’

Et j’entends qu’on sonne à la porte.
Je repose mélodie sur son chevalet et y dépose un baiser.

« Merci ma vieille. »

Je cours jusqu'à la porte d’entrée,la déverrouille et n’ai pas le temps de poser la main sur la poignée qu’une tornade pousse la porte, que j’évite de justesse, deux bras m’enlacent, un corps se colle au mien, une bouche se pose sur la mienne. Ce goût, cette odeur, je les reconnaitrais parmi des centaines de milliers, sucré, légèrement vanillé…

« - Bonjour mon étoile, qu’est-ce que tu fous là ?
- J’en pouvais plus, fallait que je te vois, que je t’embrasse, c’était plus possible…
- Mais encore…
- J’ai craqué, tu m’as fait craquer, j’arrête pas de penser à toi, j’dors plus la nuit, j’te vois partout…
- T’es complètement barrée, c’est ça en fait. T’es pire que moi…
- C’est bien possible… »

Ma langue s’introduit alors entre ses lèvres, entamant cette langoureuse chorégraphie amoureuse, alors que je n’ai toujours pas ouvert les yeux, toujours sous le choc de la surprise de cette visite impromptue. Je suis aux anges, je l’avoue, j’avais espéré un message, voire un coup de téléphone, mais sûrement pas la voir cet après-midi.
Je m’écarte pour fermer la porte, et retourne dans ses bras.

« - Alors qu’est-ce que tu fais là ?
- J’avais trop envie de te voir, alors quand ma mère m’a dit qu’elle partait voir une amie, et qu’elle passait par ici, j’ai pas hésité.
- Mais comment t’as fait pour savoir où j’habitais ?
- Un coup de fil à Sarah pour me couvrir en même temps. Donc si on te demande, on était chez elle.
- Merci d’être venue, ça me fait vraiment du bien de te voir, en plus, lundi tu t’es barrée en courant, comme une voleuse.
- Je suis désolée, je voulais pas, mais j’avais peur…
- Peur de quoi ?
- De ce que j’ai ressenti quand… Enfin… En te disant au-revoir. »

Trop craquante…
Je l’invite à entrer, et nous faisons un rapide tour de la maison pour terminer par mon sanctuaire et nous nous installons sur mon lit.

« - J’étais en train de bosser avec Mélodie, en fait. Lui dis-je en lui montrant ma guitare.
- T’as donné un nom à ta guitare ? C’est con, mais c’est mignon…
- Ben, vu comme ça oui, mais elle est spéciale pour moi. »

Je lui explique donc notre histoire, du jour où mes parents me l’ont offerte, jusqu'à l’épisode des minutes précédant son arrivée. Elle rit de ma naïveté, et me demande d’essayer, j’accepte, confiant, c’est la première fois qu’une autre personne joue de ma gratte, et pourtant je n’ai pas peur, j’ai une entière confiance en elles. Je lui amène donc l’instrument, elle s’installe, se met à l’aise, et commence à jouer. C’est un peu désordonné, brouillon, on sent qu’elle ne joue que depuis peu de temps, mais je m’en balance, elles sont si belles toutes les deux, Mélodie reflétant la lumière du jour, et Cécilia, si sexy avec la guitare sur les genoux.
Je trouve vraiment qu’une fille jouant de la guitare est sexy au possible, et elle l’est plus que tout, baggy en jean très large ne laissant deviner aucune forme, un sweet noir imprimé à la gloire de Metallica, un de mes groupe préféré, ses longs cheveux noirs retombant devant son visage, lui donnant un air mystérieux.
Je fonds en la voyant, elle semble captivée par son jeu, concentrée comme jamais, enchainant maladroitement les riffs et les intros de quelques morceaux connus.

« -C’est bon j’arrête, je joue trop mal. Me lance-t-elle en posant Mélo à côté d’elle.
-N’importe quoi, ça fait combien de temps que tu joues ?
-Ben un an et demi, toute seule, mais là, les cordes de ma gratte sont HS, elle se désaccorde en deux minutes. Et puis tu joues si bien, toi…
-Six ans… Six ans de travail, à raison de quatre heures de cours par semaine, et de six heures de travail à la maison. Plus des compos perso quand j’ai le temps, ou l’inspiration…
-Putain, tout ça !!! T’est un fondu de guitare c’est pas possible.
-Non, je suis fondu de MA guitare, c’est pas pareil. Et si t’es là, c’est qu’elle est d’accord, si t’es arrivée à plaquer tes note, c’est parce qu’elle a décidé de te laisser faire…
-N’importe quoi…
-Si je te jure…
-Tu joues pour moi ? Un de tes morceaux je veux dire…
-Possible »

Je farfouille un peu dans mon cahier, cherchant un texte écrit quelques mois auparavant, avec bien sur les harmoniques qui vont avec.

Toi

Tout n’arrive pas par hasard, mais toi,
Tu es bien tombée du ciel, pour moi.
Je te cherche depuis si longtemps, ici,
Ou ailleurs, et tu es là, merci.

Toi, tu es ma vie, mon amour,
Maintenant et pour toujours,
Ne me quitte pas je t’en supplie,
Reste avec moi, pour toute la vie.

Cette belle histoire, est bien la nôtre,
Et quoi que les autres puissent en dire,
C’est notre envie, c’est notre désir,
Nous on s’en fout de l’avis des autres

Toi, tu es ma vie, mon amour,
Maintenant et pour toujours,
Ne me quitte pas je t’en supplie,
Reste avec moi, pour toute la vie.

Nous, c’est l’histoire de la vie,
Une rencontre, un sourire, une envie,
Et pourquoi se cacher, et souffrir,
Alors que tout ça nous fait sourire.

Toi, tu es ma vie, mon amour,
Maintenant et pour toujours,
Ne me quitte pas je t’en supplie,
Reste avec moi, pour toute la vie.
Toi…..
Ma vie…..
Mon amour…..
Pour toujours…..

Elle me bouffe de ses yeux humides, choquée je pense par cette déclaration, venant du fond de mon cœur d’artichaut.
Je n’ai pas le temps de poser Mélodie qu’elle est sur moi, collée à mon corps, et me fait basculer sur le dos. Elle pleure maintenant, ouvrant les vannes une nouvelle fois, sanglotant de tout son être, le corps secoué de spasmes.

« - Ben alors, si j’avais su…
- Merci… C’est magnifique, je sais pas quoi dire…
- Ne dis rien, ce sera ta chanson, maintenant et pour toujours…Tiens, on va adapter le truc. »

Je me relève, prends alors une feuille blanche et recopie :

Cécilia.

Tout n’arrive pas par hasard, mais toi,
Tu es bien tombée du ciel, pour moi.
Je te cherche depuis si longtemps, ici,
Ou ailleurs, et tu es là, merci.

Cécilia, tu es ma vie, mon amour,
Maintenant et pour toujours,
Ne me quitte pas je t’en supplie,
Reste avec moi, pour toute la vie.

Cette belle histoire, est bien la nôtre,
Et quoi que les autres puissent en dire,
C’est notre envie, c’est notre désir.
Nous on s’en fout de l’avis des autres.

Cécilia, tu es ma vie, mon amour,
Maintenant et pour toujours,
Ne me quitte pas je t’en supplie,
Reste avec moi, pour toute la vie.

Nous, c’est l’histoire de la vie,
Une rencontre, un sourire, une envie,
Et pourquoi se cacher, et souffrir,
Alors que tout ça nous fait sourire.

Cécilia, tu es ma vie, mon amour,
Maintenant et pour toujours,
Ne me quitte pas je t’en supplie,
Reste avec moi, pour toute la vie.

Cécilia….
Ma vie….
Mon amour….
Pour toujours….

Quelques accords judicieusement rajoutés, tant pis pour l’arythmie des phrases…

C'est la deuxième trace de son passage dans ma vie. Cette chanson est comme une bouffée d’amour pour moi, elle me rappelle combien l’amour peut être inattendu, coup de foudre, puissant, coup de foudre, et intense, coup de foudre...

« - Tu m’apprends à la jouer ?
- Non, tu vas apprendre toute seule.
- Mais je connais pas les accords…
- T’inquiètes pas, je te la réécris en tablatures, ce sera plus simple.
- Ca je maitrise, merci.
- Par contre t’as intérêt à la bosser, on jouera ensemble la prochaine fois qu’on se voit.
- Mais mes cordes…
- C’est vrai… Soudain la connexion se fait dans mon esprit. Ce weekend tu viens ?
- Ben je sais pas trop, je devais aller chez mon père, mais…
- T’as pas envie, c’est ça ?
- Ben ouais, en plus il est jamais chez lui…
- Bon tu gères avec Sarah, pour l’alibi, mes parents partent samedi matin et rentrent que dimanche soir. Je sors des cours à 12h, je suis ici vers 12h45, tu viens avec les deux tourtereaux, je vous fais à bouffer, après on les dégage, tu mènes ta gratte, j’ai un stock de cordes, on les change et on répète ensemble. »