Moi c'est Louis, adolescent mal dans sa peau, timide maladif, cœur d'artichaut, et fleur bleue. Certes, je ne suis pas un canon de beauté, loin s’en faut, mais mon intelligence, mon humour, ma curiosité et surtout ma grande timidité devraient jouer en ma faveur.

Je ne suis pas ce que les filles appellent un "beau mec", pas sportif pour un sou, un peu enrobé, de taille normale, je passe tout de même pour quelqu’un de cultivé pour certains et, surtout, je peux me targuer d'un grand sens de l'humour.

J’ai toujours eu le don d’espérer des amours impossibles. Toutes les filles que j’osais aborder n’étaient pas faites pour moi, mais je ne m’en rendais compte que trop tard et j’en souffrais systématiquement.

Qu'est-ce que les autres mecs avaient de plus que moi ? Pourquoi eux et pas moi ?

C’est donc plein de rancœur et de peine que je traîne ma solitude à travers ma vie d'adolescent, musique dans les oreilles, les yeux dans les bouquins et ma guitare jamais très loin de moi.

Le collège et tous les changements qui peuvent intervenir dans la vie d’un jeune garçon à cette période furent pour moi un véritable chemin de croix, j’étais toujours la tronche de la classe, mal vu par ceux qui considéraient l’école comme une garderie ou un parc de jeu, la compétition constante avec les plus doués était mon seul plaisir.

Brimé, bousculé par cette bande de bons à rien, j’usais mes stylos sur le papier et m’usais les yeux dans mes leçons, subissant mes coups de cœur, n’osant pas aborder ces filles, ou ne m’en faisant que des amies, produits de substitution à mes amours immédiatement éconduits lorsqu'enfin je trouvais le courage d'avouer mon attirance.

Certes quelques-unes me le rendaient bien et nous sommes encore proches à l’heure actuelle, mais ces amitiés me rendaient plus triste chaque jour qui passait…

Puis est arrivé pour moi l’heure de la délivrance, et l’entrée au lycée, qui a tout chamboulé dans ma vie…

Nouvel établissement, nouveaux camarades, plus de libertés, nouvelles matières. Tous ces changements me font le plus grand bien, et toutes ces nouvelles personnes à connaître vont m’occuper à temps plein.

Je retrouve aussi des camarades de collège, dans la même classe depuis quatre ans, et on continue au lycée pour notre plus grand plaisir.

Cette nouvelle période commence donc avec de nouvelles fréquentations, de nouvelles habitudes et de nouveaux cuisants échecs auprès de certaines filles qui me refroidissent brutalement et me rendent à mes errements passés. Et c’est penaud que je me replonge dans les études, essayant d'oublier le reste…

Mais le cœur a ses raisons, et cette première année au lycée se solde par une immense déroute, moi si assidu, si sérieux, si "intelligent", je me retrouve tout en bas du tableau, décevant mes parents et mes profs, assombrissant déjà un avenir radieux qui semblait tout tracé. Putain de cœur d’artichaut…

Les séparations ne sont pas ma tasse de thé et celle avec mes amis d'enfance n'a pas dérogé à la règle, mais après l'annonce de mon redoublement (rien que d'écrire ce mot, j'ai encore honte aujourd'hui de ce que j'ai fait cette année-là, vingt plus tôt...) je suis le plus heureux de pouvoir passer une partie de l'été a leur côtés.

C'est ainsi que je retrouve mon lycée, mes nouveaux camarades et... Mes anciens profs... Mauvaise surprise... Mais nouveau départ...

Pour cela, je me plonge à cent pour cent dans les études, absent pour tout le monde du lundi huit heures au samedi midi, comme prisonnier de mes capacités intellectuelles et de mon avenir.

Enfin arrive la première délivrance avec les vacances de la Toussaint, et les retrouvailles avec mes amis d’enfance, dans notre petit village. De nouvelles têtes, aussi, se sont intégrées à notre bande, dont Sarah, petite blonde aux grands yeux bleus, profond regard de saphir, fille d’un riche chef d’entreprise originaire des Pays-Bas.

Une fille magnifique qui ne nous laisse pas de marbre, nous les garçons du groupe, et moi le premier. Elle me plait vraiment, je redeviens donc cette personne que j'aime de moins en moins en mûrissant, dragueur, gouailleur, grande gueule, carapace pour masquer mon manque de confiance en moi, ma timidité maladive.

Malheureusement je m’aperçois que premièrement elle est aussi conne qu’elle est jolie (ça risque de vous paraitre méchant mais je n’exagère pas) et deuxièmement elle a déjà des vues sur un autre mec du groupe avec lequel je ne peux pas lutter auprès des filles, sans jamais avoir su réellement pourquoi.

Pour s’intégrer plus rapidement dans le groupe, elle nous avait invités chez elle pour passer la soirée et la nuit dans la grande maison qu'elle habitait, sous prétexte de « fêter » halloween, à l’écart du village, avec une piscine, divers cabanons aménagés, le tout sur un immense terrain arboré, au milieu de la forêt, le cadre parfait pour une soirée entre amis.