Accident

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De retour dans sa chambre, il semble énervé. Je ne m’attendais pas à ce qu’il ne le soit pas à vrai dire. J’aurais juste espéré qu’il fasse comme moi : en silence. Car oui, depuis le début j’ai supporté bon nombre de choses. J’étais très en colère contre lui, mais j’ai serré les dents, il n’en a rien vu. Il m’a fait beaucoup de mal, il m’a brisé le cœur tout simplement. Mais j’ai serré les dents, il n’a pas vu coulé mes larmes. J’aurais espéré que pour une fois, il me prenne pour exemple et qu’il ne fasse pas comme lui, il a l’habitude de faire.

Je vois un billet de dix euros sur mon sac. Je lui demande pourquoi il me donne cet argent, il me répond :

-Hier soir, on était tellement chaud, qu’on a oublié les capotes en route. Et comme je veux pas avoir d’emmerdes avec un bébé, je te donne de l’argent pour te payer la pilule du lendemain.

Sur le coup, je ne pense pas que cette pilule puisse être synonyme d’avortement. Je pense que cette pilule peut me purger de ce qu’Alexandre m’a offert inconsciemment. C’est surtout à cela que je pense.

L’argent qu’il me donne… C’est pas un si gros con que ça tout compte fait. Il prend son rôle au sérieux, il prend vraiment sa part dans ma vie, il m’aime. Autrement je serais tombé enceinte, ma vie aurait été fichue. J’aurais dut arrêter mes études, être renié par ma famille. Et tout le mal qui va avec. Derrière ce bébé, toute ma vie j’aurais vu d’où il provenait.

Un bébé doit être le fruit d’un amour passionné. Moi, je n’y aurais vu qu’un désir que je n’étais pas capable de partager. Toute ma vie, mon enfant m’aurait rappelé les moments désastreux que je venais de vivre à l’instant.

J’aurais tellement aimé être normale. Répondre aux attentes d’Alexandre comme toutes ces filles partagent les attentes de leur petit ami. J’aimerais lui donner ce qu’il attend de moi. Mais j’en suis incapable.

Il me demande de m’assoir sur sa chaise de bureau et sort une panoplie de maquillage d’un petit sac noire.

-C’est à Agnès.

A vrai dire si. Je n’avais pas songé une seule seconde à ce qu’il puisse m’aider à cacher ces coups à l’aide d’une peau superficielle.

Il sort tout d’abord du fond de teint et m’en tartine le visage jusqu’à ce que mon bleu disparaisse complètement. Ca me fait tout drôle de voir que mes rougeurs sont complètement cachées sous une pareille couche de fond de teint. Je trouve ça encore plus laid, même si ça semble peu probable. Il me met ensuite du rouge à lèvre très rouge, ainsi on remarque à peine ma coupure sur ma lèvre inférieure. Et puis, il me met du far à paupière pour « embellir » son œuvre.

Quand il me fait voir le tout, cette fois-ci, je suis une véritable étrangère à mes propres yeux. Je n’arrive pas à me reconnaitre. Je ressemble à un clown. Quoique non, dans le cadre de mes actes, le nom de prostitué me va un peu mieux.

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