13 février 2011

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Etant donné que demain, c’est la St Valentin, fête de tout les amoureux, Alexandre m’invite chez lui pour la célébrer comme demain, on ne peut pas faire cela dignement, en intimité. Je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de savoir qu’une fois de plus, nous serons chez lui, que ses parents se contrefichent de savoir que leur fils s’envoie en l’air avec moi, de savoir que mon corps sera transformé en objet une fois de plus. Non, je ne suis pas enthousiaste du tout même si lui apprécie ma compagnie.

Dès que nous arrivons chez Alexandre, nous sommes accueillis par Ethan et Agnès. Agnès, sa petite sœur est une jeune fille sympathique le temps qu’on s’entende bien avec elle. Autrement, elle a vraiment un très sale caractère, quitte à pourrir la vie de ceux qui l’embête. Ca peut aller très loin. Elle est très jolie, je l’envie. Elle semble très mature pour son âge, et elle est très rigolote aussi. Elle est très petite, encore plus que moi, ses cheveux sont coiffés de la même manière qu’Alice dans Twilight, et c’est ce qui lui donne son petit air innocent. Ce style lui va à merveille je trouve. Et comme son frère, elle a l’air d’une asiatique, mais une asiatique avec la couleur de peau plus bronzée.

Ethan, son petit ami, est non seulement très beau gosse, mais il est aussi très sympathique et sait parler pour dire des choses très intelligentes. Je ne sais combien de choses j’ai appris de lui. Enormément. Je l’aime bien même si je ne le vois uniquement le dimanche, jour de la semaine que j’aime le moins, c’est un genre de cadeau de consolation.

Aussitôt que nous nous sommes mis à l’aise, on se met tous les quatre à table. Alexandre, en face de moi, Ethan à côté de moi. La mère d’Alexandre installe un gâteau au chocolat en forme de cœur au milieu de nous. Je n’ai pas faim, je laisse ma part à Ethan qui n’hésite pas à la manger.

-Je n’avais pas mis beaucoup de chocolat pour que tu puisses en manger toi aussi, râle sa mère.

Qu’il y ait un peu ou pas beaucoup de chocolat, moi, ça fait un mois que je me suis mise au régime. J’aspire tellement à une taille filiforme, enviée de tous. Je veux qu’on me trouve mince, je veux qu’Alexandre me trouve assez maigre à son goût, alors je cesse de manger tout ce qui contient trop de matière grasse à mon goût. Je ne veux plus jamais l’entendre dire que j’ai pris du poids, c’est une remarque qui fait bien trop mal.

Quand ils ont terminé de manger, Alexandre sort de table et part dans sa chambre pendant que sa sœur me demande quelques petites choses quant à ma façon de vivre en tant que « chrétienne ». Je lui raconte la joie qui m’habite à entrer dans la maison du bon Dieu, quelle joie j’y puise, quelle force j’y trouve, quelle consolation ça m’apporte. Puis Alexandre revient avec un petit sachet en papier noir. Il en sort une petite boite, me l’ouvre et me regarde fièrement. Dedans se trouve une chaine argentée où pend un pendentif en forme de cœur. Il me dit :

-Je t’aime.

Ca me fait tout drôle qu’il me dise qu’il m’aime. J’ai l’impression d’être revenue à la case départ. Tout le mal semble s’être fait oublier face à cette simple mais sincère déclaration d’amour. Cela fait des semaines entières qu’il ne me l’avait pas dit. Et maintenant, je trouve cela bizarre car ces mots me semblent étrangers à sa bouche.

Moi aussi je l’aime. Mais je ne peux pas lui dire car ces mots-là, je ne les dis jamais. Sauf quand c’est extrêmement fort et qu’ainsi, ça passe la barrière que j’ai moi-même formé pour retenir les mots qu’il ne faut pas dire. Et là, l’amour que j’éprouve pour Alexandre n’est pas encore assez. Il me faut du temps, beaucoup de temps pour oublier que derrière cette face se cache un homme pour qui seul le sexe ne compte. Il me faut du temps pour lui pardonner tout simplement.

Ce jour-là, le sexe ne semble pas dans son programme. C’est étonnant et plaisant à la fois. Alors qu’il va à l’ordinateur avec Ethan, Agnès me tient compagnie. Elle est très gentille avec moi. Elle m’emmène dans sa chambre et elle me parle d’avenir.

Elle me dit qu’elle sent qu’Ethan est le bon pour elle, que c’est son âme sœur. Elle me parle et me dit comment elle conçoit son propre avenir. Un mariage, un travail, des enfants. Tout ce qu’une personne prévoit d’avoir quand elle a trouvé l’amour parfait. Elle me demande comment moi, je vois mon avenir. J’aimerais voir l’identique, mais je ne vois rien si ce n’est du noir. Je ne vois pas l’avenir, je ne m’imagine pas vieillir avec Alexandre. Mais je ne peux lui répondre comment je vois mon propre avenir, puisqu’il n’existe pas. Je ne peux rien lui dire, je lui ferais peur avec toutes mes théories. Je mourrais peut être avant d’avoir le temps de m’imaginer quoique ce soit.

Au fond, cette première St Valentin n’a pas été aussi terrible que je l’aurais pensé au départ. Peut être qu’Alexandre s’est converti en autre chose, peut être qu’il a trouvé une autre manière pour se faire aimer. Peut être que je pourrais l’aimer à nouveau, comme j’ai pu l’aimer un jour …

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