Chapitre 5 – Andrew Ribot

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Un homme au visage fin, à la barbe courte, des yeux bleus, souriant et avenant à l'apparence athlétique, Mary savait qui il était, Andrew, un homme d'au moins dix ans de plus qu'elle, un habitant des bords du lac comme elle. Pourtant Andrew ne semblait pas la reconnaître, Mary tentait de lui parler mais elle ne contrôlait rien. Elle n'arrivait ni à lui dire qui elle était ni ce qui lui arrivait. Elle s'entendait parler comme à travers une masse d'eau sa voix lui semblait déformée et distante. Elle prononçait des paroles qui ne venait pas d'elle.

Andrew discutait avec elle dans la boutique de la station service d'Indian Lake. Il semblait charmé, il lui souriait, la discussion était bien avancé et il rit. Andrew passa à la caisse de la boutique et il accompagna Mary jusqu'à un pick-up rouge dans lequel ils montèrent tout les deux.

Elle lui indiqua un chemin, une adresse que Mary ne connaissait pas, ils arrivèrent jusqu'à une belle propriété sur les bord de l'Indian Lac. Une grande maison aux bardages de bois blanc avec de grandes baies vitrées ouvrant sur une terrasse surplombant les eaux sombres du lac.

Ils descendirent tout les deux du véhicule et elle lui prit la main. Elle l’entraîna en riant jusqu'à la porte d'entrée. Sur le perron, elle l'embrassa. Mary avait peur et tentait à nouveau de reprendre le dessus mais rien ni fit une autre volonté agissait à sa place. Le corps de Mary lui défendait de contrôler ses actes et ses mouvements. Sa main pris des clefs et elle ouvrit la porte d'entrée de la belle demeure.

Ils entrèrent dans cette maison à l'intérieur résolument moderne et chic, des murs à la blancheur immaculée auxquels étaient accrochés des reproductions d'artistes que ne connaissait pas Mary. Le sol était recouvert par endroit de quelques tapis feutrés aux vives couleurs.

Mary vit sa main attirer Andrew à sa suite dans cette maison inconnue, elle l'amena jusqu'à un tapis épais et l'embrassa à nouveau avec un peu plus de fougue. Elle commença à déboutonner la chemise de bûcheron d'Andrew pour découvrir un torse sculpté, des pectoraux ciselés, des abdominaux saillants. Il retira complètement sa chemise en l'embrassant, laissant voir ses bras puissants, des veines apparentes sur ses biceps gonflés et sur ses larges avants bras tatoués.

Elle retira son haut à son tour, et les mains calleuses d'Andrew caressèrent un corps que Mary ne reconnaissait pas comme étant le sien. Sa poitrine était plus lourde et moins ferme, son corps paraissait voluptueux et rebondi alors qu'il était habituellement fin et athlétique. Elle frémit intérieurement autant par peur que par dégoût.

Ils se dévêtirent et Mary découvrit avec émoi la virilité turgescente d'Andrew, ils s'enlacèrent nus et s'affalèrent sur la douce surface du tapis pourpre. Andrew l'embrassa dans le coin de l’oreille et elle l'embrassa dans le cou.

Le cœur de Mary battait à tout rompre dans sa poitrine, elle sentait ce désir irrépressible cette rage qui montait dans ce corps qui n'était plus le sien. Les lèvres de Mary sur le cou d’Andrew se retroussèrent et laissèrent la place à des crocs affûtés qui mordirent à pleines dents. Andrew émit un hurlement et se débattit mais la poigne de Mary semblait être un étau. Du sang gicla et coula entre les lèvres de Mary, ce fluide vital chaud inonda sa gorge. Mary sentit alors un plaisir aussi grand qu'immoral couler en elle alors que la vie d'Andrew s'échappait de son artère déchirée. Quand le pauvre homme cessa de se débattre, Mary, contre sa volonté, arracha des morceaux de chairs du cou encore frémissant de vie. Mary luttait contre cette monstruosité, mais elle était pourtant submergée d'un plaisir bestial. Alors qu'elle déployait des efforts aussi intenses que vains elle assista impuissante à un monstrueux équarrissage. Devant ce corps démembré et dévoré, la conscience et la volonté de Mary vacillèrent, elle s'évanouit dans le néant. Et elle le vit à nouveau.

Un immense soleil rougeoyant rayonnant des larmes de sang au rythme d'une pulsation intérieure malsaine. Ces larmes pourpres tombant lentement et emplissant un océan écarlate sans limite. Elle entend alors ces paroles démentes annonciatrices de telles horreurs que toute description en devient inepte. Elle les entend mais ne peut en saisir le sens et elle hurle, elle voudrait retourner au néant ne plus rien voir, ne plus rien entendre et ne plus être. Mais elle le voit, elle l'entend, le Soleil Rouge.

La conscience de Mary s'éveilla alors, elle entendit sa voix habituellement si douce, si discrète hurler si fort qu'elle en eut mal à la gorge. Elle tourna convulsivement la tête à droite et à gauche, elle était sur ce tapis maintenant d'un camaïeu de rouge, de pourpre du tapis à l'hémoglobine encore fraîche, en passant par des restes de chairs rosâtres. Elle se prit la tête et pleura. Et alors qu'elle commençait à rassembler ses idées en tremblant, elle sentit une pression derrière ses yeux, une force violente qui revenait. Prise de peur Mary se frappa la tête, elle se releva en titubant et se dirigea vers le mur blanc le plus proche, elle luttait de toutes ses forces contre cette conscience primale qui venait prendre possession d'elle. Mary s’appuya sur le mur et commença à écrire avec ses doigts ensanglantés sur la paroi immaculée.

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