Au commissariat de Londine (2/2)

4 minutes de lecture

Gwenda quitta le bureau de l’inspecteur. Damian, le fils du général Alessander, l'espionnait derrière la porte. Quand elle l’ouvrit, elle fût surprise de le voir... Et en colère.

Damian était le fils du général Alessander Marsh. Il portait un justaucorps noir sur un gilet rouge, avec des boutons et des broderies en or. Ses cheveux blonds soyeux étaient attachés par un ruban en soie. Élevé dans un milieu aisé, il était arrogant et obtenait toujours ce qu’il voulait... Jusqu’à qu’il connût le chagrin d’amour.

Après avoir fermé derrière elle, elle s'exclama :

  • Qu'est-ce que tu fais là ?!
  • Ben, rien, se défendit-il. Alors, tu pars ?

En plus, il se fichait d'elle ! Elle ne voulait plus le revoir. Pas après ce qui s'était passé entre eux.

  • Oui, je pars.

Alors qu'elle partait, Damian l'arrêta en saisissant son bras fermement.

  • Attends ! Où vas-tu ?
  • Ça ne te regarde pas ! Maintenant, lâche-moi avant que je t'amoche encore plus que la dernière fois ! s'exclama-t-elle en dégageant son bras.

En effet, elle lui avait donné un coup de poing la dernière fois. Elle avait fait tomber une de ses deux canines pointues. Par conséquent, Damian était allé chez le dentiste pour se faire poser une fausse canine en acier. Plus tard, les autres élèves se moquaient de lui.

  • Si, ça me regarde ! Tu dois me dire où tu vas.
  • Pourquoi je devrais te répondre ? Nous ne sommes plus amis, tu te rappelles ? En plus, je ne t'appartiens pas ! Ni aujourd'hui ni demain !
  • Gwen, ne fais pas ça.
  • "Ne fais pas" quoi ?
  • Ne te venge pas. Venger sa mort ne t'apportera rien du tout : cela te fera encore plus de mal.
  • Je sais ce que je fais ! Merci de te soucier de moi !
  • Non, je suis sérieux ! Comment vas-tu faire pour venger sa mort, hein ? Dis-moi !
  • Je trouverai l'assassin et je lui ferai payer pour ce qu'il a fait ! Je rendrai justice à Sir Gauvain !
  • Il est mort, Gwenda ! C'est fini ! Tu ne peux pas le faire revenir !

Elle avait envie de lui envoyer une grosse baffe ! Ses proches lui disaient toujours la même chose : "Oublie, la vie continue", "Tu n'es pas seule : il est toujours là", "Accepte sa mort"... Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Les gens ne la comprenaient pas car ils ne ressentaient pas le même chagrin qu'elle.

  • Oui, je le sais, répondit-elle, mais qu’il soit mort ou pas, son assassin mérite d'être puni. Je ne peux pas ignorer ce qu'il s'est passé. Le jour où Sir Gauvain a pris sa retraite, il était heureux. Il était sur le point de commencer une vie mais il n'en a pas eu le temps. Je ne peux pas laisser ce meurtrier en liberté, pas après ce qu'il a fait !
  • Je sais que tu ne supportes pas les injustices, mais il y a certaines choses injustes dont il faut accepter...
  • Accepter le meurtre de Sir Gauvain ?! Comment peux-tu dire cela ?! s'exclama-t-elle en montant d'une octave.
  • Je dis simplement qu'il faut accepter tels qu'ils sont ! dit-il sur la défensive.
  • Tu dis ça parce que ce n'est pas ton ancien maître qui est mort !
  • Non, et même si un jour, mon maître se faisait assassiner, je n'irais pas le venger.
  • Eh bien ! Bravo ! Mets-toi à ma place ! Je viens de perdre la seule personne qui m'a tout appris, qui m'a accepté comme je suis et qui a cru en moi ! Tu saisis ? Maintenant qu'il est mort, je me sens seule. Je ressens un vide en moi. Je ressens de la tristesse et de la colère. Toi, tu ne le ressens pas car tu as perdu personne !
  • Si, ma mère.
  • Mais tu l'as perdu quand tu étais bébé ! Tu ne te souviens pas d'elle donc tu ne peux pas ressentir ce chagrin-là !
  • Tu dis ça parce que tu n'as jamais eu de parent : tu as grandi à l'orphelinat depuis bébé ! Tu t'en fous d'avoir un parent ou non ! Et puis, peut-être qu'ils t'ont abandonné parce que tu étais une anomalie de la nature.

Elle n'arrivait pas à croire ça : Damian venait de la traiter d'anomalie. Son visage changea d'expression. Ses yeux devinrent agressifs. Sa voix baissa d'une octave :

  • Répète ce que tu viens de dire.
  • J'ai dit que tu étais une anomalie de la nature, dit-il sans remord.

Elle le poussa.

  • Je t'interdis de dire ça !
  • Ah oui ? Pourtant, c'est vrai ! Tu ne ressembles à personne ! Tu n'as pas de canines pointues, tu es robuste... Sans compter que les armes ne percent jamais ta peau. En fait, ce n'est pas étonnant que tu aies réussi à tuer un grand nombre d'Elfes : tu n'es pas humaine.

Là, c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase! Elle lui donna un coup de poing sur la figure. Il tomba en arrière et il perdit sa deuxième canine. "Pour de bon, il n'est plus un vrai vampire !" se moqua-t-elle intérieurement.

  • Gwen ! Tu as fait tomber ma deuxième jolie dent ! Tu es folle !
  • Oui, je suis folle ! Et alors ? Puisque je ne suis pas humaine, j'ai le droit de te donner une bonne raclée !

Elle partit, bouillonnante de fureur. Elle traversa les portes automatiques. Damian la regardait s'éloigner à travers les murs vitrés. L'un des policiers qui avait assisté à la scène murmure à son collègue :

  • Tiens ! C'est le Sans-dent !
  • Oui ! Il s'est fait défoncer par une fille !

Ils rirent en chœur.

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