Gwenda

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Elle entre dans le pavillon. La première chose qu'elle voit est la venue des autres Mousquetaires Blancs. Elle se bat contre eux. Comme elle vient de passer un mauvais quart d'heure dehors, elle est très agressive durant ce combat.

Le premier Mousquetaire arrive en fonçant sur elle comme un taureau enragé : Gwenda tranche la gorge par un coup latéral. Deux autres arrivent : elle esquive la première attaque et touche une jambe à l’un d’eux. Elle pare l’attaque de l’autre et plante son épée dans son ventre. Elle exécute l’autre par décapitation.

Un grand nombre d’ennemis descendent des escaliers. Gwenda attend sur place un bon moment, sur ses gardes, avant qu’ils apparaissent. Elle pousse un cri de rage et fonce droit sur l’ennemi. Elle fait une attaque latérale, puis verticale, contre-attaque... Certains Mousquetaires n’ont même pas le temps d’agir qu’elle les tue. Une minorité d’entre eux arrive à la toucher mais quel étonnement de voir qu’une jeune fille possède à la place d’une peau une armure ! Aucun n’arrive à la cheville de cette fille déterminée. À chaque fois qu'elle voit un Mousquetaire Blanc, elle revoit le cadavre de Gauvain. Cette pensée renforce encore plus sa furie.

Une fois le combat intense et sanglant fini, Gwenda range son épée dans son fourreau. Seul un Mousquetaire se déplace à l’aide de ses deux coudes jusqu'à la sortie, en laissant une traînée de sang derrière lui. La vengeresse remarque sa fuite. Alors qu’elle s'approche de lui à un rythme lent, le blessé rampe d’une vitesse équivalente à celle d’un escargot. Le fuyard entend ses pas : son cœur s'accélère. Il a beau se dépêcher, s’accrochant à la vie, il est très faible : résister est vain. La vengeresse l'attrape par le col de son haut pour le retourner. Il émet un gémissement de douleur. Le Mousquetaire, effrayé, observe le regard de cette fille rousse : ses yeux bleus expriment de la fureur.

  • Vous n'avez pas d'insigne sur vous comme les autres, remarque-t-elle. Je conclue donc que c'est vous qui avez tué Sir Gauvain.
  • Non ! Non ! Non ! Laissez-moi tranquille ! Je n'ai rien fait de mal !
  • Rien fait de mal ?! S'emporte-elle. N'avez-vous rien fait de mal en attaquant Sir Gauvain ? En plus d'attaquer notre pays, vous avez trahi la planète entière en assaillant l'armée impériale !
  • Je sais, je sais ! Je reconnais mon erreur, dit-il en pleurant, mais c'était le chef des Mousquetaires Gérard Boucher qui menait la mission. Moi, je ne faisais qu'exécuter ses ordres !

"Quoi ? Il n'y avait pas qu'un seul Mousquetaire dans le groupe d'assassins ?" pense-t-elle, confuse. Elle reprend son sérieux :

  • Toujours une excuse, ça : "je ne faisais qu'exécuter ses ordres", comme si ça pouvait justifier tous les péchés ! Si on vous demandait de sauter d'un pont, le feriez-vous? questionne-t-elle.

L'homme pleure à chaudes larmes et répond en bégayant un peu :

  • Non, j... Je ne le ferais pas.
  • Alors, pourquoi avez-vous exécuté les ordres qui allaient à l'encontre des principes de la Compagnie des Mousquetaires de la Reine-Lune ?! Hein ?!
  • Nous étions tous des Mousquetaires dans le groupe d'assassinat.

Cette révélation la surpasse. Elle ne s'imaginait pas à ce qu'un groupe de soldats francs irait attaquer des soldats impériaux !

  • Pourquoi étiez-vous en Britannique ?!
  • Pour mener notre mission.
  • Quelle mission ?! Et pourquoi un soldat impérial ?!

Il ne répond pas.

  • Parlez, pauvre imbécile ! finit-elle par s'énerver.
  • Demande à notre chef, répond-il. Lui, il le sait. Il se trouve à Straville. Moi, je ne faisais qu'exécuter ses ordres.
  • Quels ordres ?
  • De surveiller les arrières du groupe.

"Il est sérieux, là ?!" pense-t-elle. Puis, ses yeux se ferment. Voyant cela, Gwenda hurle sur lui en le secouant :

  • Réveillez-vous, espèce de paresseux !

Mais rien à faire : il ne bouge pas. Il ne peut plus répondre à ses questions. Elle tape sur le sol avec son poing en criant de rage. Elle s'en veut d'avoir tué tout le monde sans garder un Mousquetaire en vie. Mais elle n'avait pas le choix : c'était elle ou eux ! En colère, elle sort du domaine des Mousquetaires Blancs.

Elle met sa capuche rouge sur la tête pour cacher son visage, afin de ne pas être reconnue par ses poursuivants. Les passants ne remarquent pas les gouttes de sang sur ses vêtements, trop occupés par leurs propres affaires... Elle se lavera quand elle croisera une source d'eau.

Elle n'a pas pu obtenir les informations qu'elle voulait. Tout ce qu'on a su lui répondre, c'était d'aller voir le chef du groupe qui avait mené l'assassinat.

Elle part pour Straville.

***

Gauvain était allé chercher la petite rousse à l’orphelinat trois jours après sa visite. Il était très étonné de voir que l'orphelinat ne lui avait pas donné de prénom. La petite orpheline n’avait prononcé aucun mot depuis leur rencontre à part dire “Oui, monsieur”. Il lui avait promis de lui donner un nom dès qu’il aurait une idée. Un nom qui lui correspondrait bien.

Dans le village, la petite fille suivait Sir Gauvain. Il était grand, blond, un peu barbu et imposant avec son armure. Il avait le visage fin et le menton carré. Ses yeux étaient rouge carmin. Il devait être autour de... Trente ans ? Elle avait peur de lui. Elle rêvait de rencontrer un chevalier mais pas un suceur de sang ! En plus, il n'avait pas de cheval... Tout ça pour dire qu'elle était déçue de sa rencontre avec le premier chevalier.

Les passants les regardaient bizarrement. Ils n'arrivaient pas à croire que la fille bizarre partait un jour. Bien qu’ils fussent contents, ils cachaient leur joie par simple politesse. Elle vit une mère parler à sa fille, qui était en train de tomber malade. Elle prit sa main et la mena jusqu’à la maison. Gwenda se perdit dans ses pensées. Elle aurait pu tomber malade comme l'enfant, juste pour être normale.

  • Gwenda ? Veux-tu bien te dépêcher, s’il te plaît ? dit-il, impatient.
  • Oui, monsieur ! se réveilla-t-elle de ses pensées.
  • Déjà, ce n'est pas "monsieur" mais "maître".
  • Oui, maître, grommela-t-elle... Ce n’est pas de l’esclavage, ça ?
  • Ce n’est pas de l’esclavage, c’est une question de respect.
  • De respect ? Pourtant, je respecte les gens qui ne sont pas des...
  • C’est ainsi : tu dois m’appeler “maître”.
  • Oui, maître..., dit-elle en faisant des efforts pour ne pas proférer.

La petite fille détestait la hiérarchie, donc le simple fait de dire “maître” la dégoutait. En soupirant, il questionna :

  • Bon, et si tu me parlais un peu de toi ?
  • J'aime jouer de la flûte.
  • Oh ! Sympa, ça !
  • Je n'aime pas les légumes.
  • Je m'en doute... Qu'aimes-tu manger ?
  • J'aime les gâteaux ! Comme la dame ne veut pas me les donner, je les vole en cachette ! Après, je partage avec mon ami !
  • Ah ? Comment il s'appelle ?
  • Mimi.
  • Mimi ?
  • Oui ! C’est un chiot ! C’est moi qui l‘ai appelé, parce qu’il était trop mignon ! Mais la dame ne le voulait pas alors, je l'ai élevé dans la forêt ! Elle a même appelé à l'aide ! C'était trop rigolo !

Il réfléchit, perplexe. Il préféra garder son commentaire, histoire de ne pas la vexer à propos de ce “chiot”. Tout à coup, une idée lui vint :

  • J'ai un nom qui pourrait te plaire !
  • Ah oui ?! C'est quoi ?! s'exclama-t-elle, excitée.
  • Gwenda.

Son sourire disparut.

  • Quoi ?! Mais c'est quoi, ça ?!
  • C'est un joli prénom féminin. Il y a beaucoup de filles dans l'univers qui portent ce prénom...
  • Mais ce n'est même pas vrai ! Personne ne s'appelle Gwenda !
  • Oui, en Rouskie, mais ce prénom est très bien porté ailleurs…
  • Mais je ne veux pas "Gwenda" ! Je veux un autre prénom, plus joli !
  • Bon, d'accord… Anna.
  • Non ! Trop de filles le portent !
  • Marguerite.
  • Non, je ne veux pas avoir le nom d'une fleur !
  • Bronislava. Cela fait penser à "brownie" : en plus, tu adore les gâteaux…
  • Non ! Gwenda ! Je préfère encore Gwenda ! céda-t-elle.

Il afficha un air satisfait. Elle le remarqua :

  • Eh ! Tu l'as fait exprès ! Tu voulais que je m'appelle Gwenda.
  • Non, si c'était le cas, je ne t'aurais pas laissé le choix de choisir ton prénom. Et ne m’appelle pas "tu" mais "vous".

Alors qu'il riait, elle boudait. Ce monsieur commençait à l'énerver !

  • Mimi est gentil, lui, au moins ! Il ne se serait jamais moqué de moi !
  • Parce que tu es sa maîtresse qu'il est gentil. Sinon, il t'aurait sauté dessus comme un chien enragé.

Gwenda ne dit rien.

  • Bon, est-ce que tu as besoin de quelque chose ? On arrive bientôt dans un autre village...
  • Oui ! Je veux me reposer ! J'ai mal aux pieds ! se plaignit-elle.

Maître Gauvain expira. "Je sens que le voyage va être long avec elle."

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