La boîte

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Gwenda loue une charrette. Après trois jours, ils arrivent enfin dans le vide du Royaume des Francs, là où il y a beaucoup de zones rurales. La forêt est lugubre sous les deux demi-lunes. Elle entend des chauve-souris, des hiboux et d'autres oiseaux nocturnes. Elle a l'habitude de ces sons, ayant chassé avec Gauvain, la nuit. Elle pense aux Mousquetaires Blancs de Straville. Elle se demande :"Comment vont-ils s'organiser maintenant qu'ils n'ont plus de chef ?" Mais elle se fiche de leur sort.

Tout à coup, des Mousquetaires Tricolores les croisent. L'un d'eux ordonne au cocher de s'arrêter. Un autre vient avec une feuille.

- Avez-vous vu cette jeune fille ?

Le cocher observe l'image en noir et blanc. C'est la photo de Gwenda, marquée "Recherchée".

- Oui, elle est avec moi.

Les soldats de la Reine-Lune regardent la voyageuse qui est dans la charrette... Elle n'est plus là.

- Merde ! Elle s'est enfuie !

Pendant ce temps, Gwenda court comme une dératée. "Il ne faut pas que je ralentisse. Ils peuvent me retrouver d'une minute à l'autre !" Elle entend des chiens mécaniques aboyer derrière elle. "Eh merde !" Elle accélère malgré le poing de côté qui apparaît.

Soudain, une ombre apparaît au loin. Elle est en train de courir. On dirait que l'ombre essaie de la guider. La fuyarde ne cherche pas à comprendre : elle la suit. "Pourquoi je la suis ? C'est peut-être une hallucination !" Pourtant, elle continue car elle n'a pas le choix. Ses poursuivants sont derrière elle !

L'ombre dépasse les buissons. Gwenda parcourt une bonne vingtaine de mètres avant d'atteindre ces plantes et de les dégager avec ses bras. Elle arrive devant une petite porte rectangulaire toute en métal et insérée dans un mur de terre ! Avec le temps, le métal est devenu orangé. Il est très bien caché derrière les plantes grimpantes, qui descendent du sommet de la colline de deux mètres de hauteur. Pas étonnant que personne ne l'ait vue pendant longtemps !

Elle remarque que son guide a disparu. "C'était quoi cette ombre ?" En entendant les aboiements, elle se rappelle qu'elle est toujours poursuivie. Elle écarte les lianes. Elle voit un gros cercle, de la taille d'une main. On aurait dit une poignée. Alors, elle place sa main dedans et elle la fait tourner avec force. Clic. La porte se déverrouille. Elle la tire. La porte grince. Comme elle est très lourde, Gwenda utilise toute sa force pour l'ouvrir.

Soudain, un courant d'air entre brusquement à l'intérieur et la rousse manque de tomber. La faible lumière de l'extérieur brise l'obscurité souterrain. Elle voit un endroit sombre et poussiéreux. Elle ferme la porte derrière sans faire de bruit. Elle s'assied pour reprendre son souffle. Elle écoute derrière la baie métallique : les chiens-robots et les Mousquetaires arrivent. Ils fouillent. Pendant un bon moment, rien ne se passe. Après, en se rendant compte qu'il n'y a personne, l'un des poursuivants dit :

- Merde ! On l'a perdu !

- Il faut dire que pour une fille qui n'est pas Draculienne, elle est drôlement rapide !

- Ah oui ? Tu trouves ? dit un autre, ironique.

- Bon, il faut rentrer. Elle ne survivra pas longtemps dans la forêt. Les chiropiens seront bien curieux de goûter une étrangère.

Ils s'esclaffent de rire. Les pas des chevaux s'éloignent avec les chiens-robots. Gwenda expire de soulagement. Les chiropiens sont des hommes hybrides : ils ont des ailes et une tête de chauve-souris, et des griffes bien acérées. Ils attrapent les personnes égarées pour les manger.

Elle allume sa petite lanterne de poche, qu'elle avait mise dans sa sacoche. Des vitrines poussiéreuses sont insérées dans les murs. Elle s'approche de l'une d'elles, en se demandant ce qu'il y a là-dedans. Elle essuie la baie vitrée. Une combinaison qu'elle n'a jamais vue auparavant. Elle est toute bleue et le gros casque a une visière opaque. Toutes les cabines en verre sont remplies de combinaisons.

Une porte se trouve au fond de la pièce d'entrée. De taille moyenne, elle ressemble beaucoup à celle des Nains : style moderne et très ergonomique. Elle l'ouvre sans effort. Elle entre dans un monde inconnu. Un drôle de salon. Les meubles noirs et blancs ont une forme arrondie. Les tiroirs sont vitrés ; on peut voir les boîtes de conserve et les livres qu’ils contiennent. Une fausse plante en plastique est rangée dans un vase rouge lisse à côté d’un écran incurvé, dont la longueur est égale à celle de deux bras. Les fauteuils et les canapés sont aussi un peu bizarres : leur forme privilégie le confort. Elle a bien envie de s’asseoir dessus mais sa curiosité est plus forte que sa fatigue.

Elle pose sa lanterne sur la table basse en verre. Elle fouille les tiroirs. Elle trouve plusieurs objets étranges. Par exemple, des boîtes rouges contenant des bâtons de couleur orange et blanche. Elle remarque à l'arrière de la boîte une image horrible d'une langue et de dents noircies. Ecœurée, elle repose tout de suite le contenant.

Elle tire un autre tiroir. Elle trouve des cartons qu'elle ouvre. Elle découvre des papiers bien conservés. Ces papiers semblent dater de quelques années alors qu’en réalité, elles datent de plusieurs millénaires, vu la tonne de poussière qui s’est déposée sur les meubles. Comme elle peut constater, ce lieu a très bien été isolé (il n'y avait pas d'air avant qu'elle n'y entre) et par conséquent, les documents sont restés intacts. Une feuille l'intéresse beaucoup. Sur celle-ci, est affiché un logo bleu imprimé avec un anneau blanc et une épingle rouge, et 4 lettres blanches bizarres sont écrites dessus. Elle n’arrive pas à lire cette langue morte. Elle plie et range le dossier dans sa sacoche.

Ensuite, elle trouve un livre. Après l’avoir ouvert, elle découvre des photos. Sur l'une d'elles, un groupe de personne porte des blouses blanches, de différentes ethnies, âgés d’entre vingt et soixante ans. Sur une autre, il y a deux femmes brune et blonde. Alors que la blonde est bronzée et extravertie, la brune est pâle et introvertie. Elles doivent avoir le même âge que Gwenda. Elles sont vêtues de longues robes noires et de chapeaux carrés. Elles tiennent à la main des rouleaux de papier. Elles ont l’air heureuses... Et fières. “Mais fières de quoi ? D’avoir reçu des rouleaux de papier ?” pense-t-elle. Puis, sur une autre photo, la brune, plus vieille, tient une fille d’environ cinq ans dans ses bras. Elle reconnaît le salon dans lequel elle se trouve actuellement, qui est plus propre dans cette image. L’enfant ressemble beaucoup à la brune. Sa fille, sûrement.

Fatiguée, elle s'assied sur le canapé en cuir. "Je vais appeler cet endroit "La boîte"." Elle se couche et s'endort.

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