Sous le ciel étoilé

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Le Lundi 2 Herbafaux, sous le ciel étoilé, Gwenda est assise sur un tronc d'arbre mort, au bord d'une falaise. Elle s'est achetée des pistaches dans un supermarché. Une à une, elle enlève la coquille et la jette dans le vide, avant d’avaler la noix. Louna est couchée à côté d'elle, fatiguée.

- Est-ce que tu connais les Nains de l'Ouest ? Mon ancien maître, Gauvain, m'a dit qu'ils ne sont pas connus pour leurs bonnes manières. Par exemple, dans le pays du Soleil, dans les restaurants, les clients cassent les coquilles de leurs cacahuètes et les jettent par terre. Je plains les femmes de ménage ! Je ne sais pas si ça a changé. Maître Gauvain n'est allée à l'Ouest qu'il y a, euh... Cent trente ans ? Avant que l'Ouest et l'Est ne se boudent...

Louna n'écoute son histoire qu'à moitié. Tout ce qu'elle pense, c'est manger un bon steak. Gwenda casse une autre coquille et la jette.

- Au moins, ici, c'est la nature et les coquilles sont biodégradables ! Je peux les jeter sans gêner les autres... À moins que les animaux soient aussi maniaques de la propreté...

La louve ne répond pas. Elle jette une autre coquille.

- En tout cas, ça détend. J'imagine une tête de quelqu'un que je n'aime pas et je jette la coquille sur lui ! Par exemple, la reine Louise la XVe du nom. Elle, c'est une vraie vipère ! Tout le monde la voit comme une gentille petite fille alors qu'en réalité, c'est une diablesse !

Elle lance encore une autre coquille, en direction d'un des arbres.

- Ensuite, il y a Damian. Je l'ai rencontré à l'Académie de l'armée impériale. Tu sais ? L'école pour les soldats de l'Empire ? Bon, laisse tomber ! Au début, il se moquait de moi car j'étais différente.

Louna grogne.

- Oui, c'était méchant. Il me traitait d'agn...

Afin de ne pas réveiller l'appétit vorace de la louve, elle se corrige :

- De faible. Puis, un jour, je l'ai défié. Nous nous sommes combattus et Damian m'a fait tomber deux fois. Mais je me relevais. Comme j'étais pleine de boue, il a dit : "Beurk ! Tu es toute sale maintenant ! C'est tout à fait toi !". Alors, je l’ai frappé. Plusieurs fois. Je voulais lui montrer que je n'étais pas douce comme un agneau. Je...

Elle se lèche les babines.

- Désolée, je n'ai plus rien pour toi. Les pistaches, ce n'est pas bon pour toi.

Elle reprend son histoire :

- Il a fini à l'hôpital car je l'avais amoché. Comme j'étais trop gentille, je suis allée lui rendre visite pour m'excuser. Lui, il n'a pas voulu accepter mon excuse car "c'était lui le fautif dans l'histoire". Ensuite, nous sommes devenus amis. Nous avons grandi et lui, il commençait à avoir des sentiments pour moi. Je ne m'en étais pas rendue compte. Un jour, il a déclaré son amour et moi, j'ai dit "non". Il ne l'a pas accepté. Alors, il est devenu mauvais et a commencé à me harceler. Mais moi, ayant un fort caractère, je l'ai menacé de lui faire perdre une deuxième canine ; il a arrêté de m'embêter. Nous ne sommes plus amis, depuis. Oui, bon, il est revenu m'embêter une fois : c'était dans un commissariat de police. Il a eu ce qu'il méritait : la dernière canine vampirique tombée ! Ah ! C'était marrant à voir !

Elle jette la coquille vers l'arbre dans lequel chante un oiseau. Celui-ci s'envole. Elle crie à l'oiseau :

- Désolée ! (Elle se tourne vers Louna.) Puis, il y a le capitaine Asshol. Celui-là, je le hais ! C'était un vrai blaireau, ce type ! Il prenait ses soldats de haut, surtout aux étrangers ! Il était pire avec moi, car il n'y avait pas deux comme moi. En plus, c'était un vrai psychopathe : il tuait les Elfes Blancs, soldats comme civils, pour le plaisir. Il m'a engagé dans son groupe qui massacrait les civils la nuit. Contre mon gré, j'y ai participé. Je n'ai jamais pris plaisir à tuer des gens. Au début, c'était traumatisant, puis j'ai pris l'habitude. J'ai pris cette mission comme une routine. Mais une nuit, j'ai ouvert les yeux. J'ai rencontré une mère et une fille. J'ai regardé leurs yeux. J'ai craqué et je suis partie. Le capitaine m'a vu et m'a ordonné d'y retourner. J'ai refusé. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, il a vu la mère et la fille que j’avais épargné et il est parti à leur poursuite. Je ne l'ai pas laissé faire. J'ai pris mon arc et j'ai tiré...

Elle commence à rire. La louve noire dresse la tête et les oreilles, curieuse.

- J'ai tiré une flèche dans... Dans le cul !

Sa queue bouge. Gwenda s'éclate de rire. Elle tapote le tronc d'arbre avec son poing. Après une bonne minute de rire, la rousse lance la coquille et déclare :

- Je n'ai jamais regretté cette nuit-là ! Même si j'ai eu des problèmes après. Heureusement qu'il a cru que j'avais raté ma cible parce que sinon... (Elle rit.) Je n'imagine même pas la tête qu'il tirerait s'il apprenait que j'avais fait exprés ! Oh ! Le pire, c'est que son surnom, "Trou-du-Cul", est devenu officiel après cette histoire. Même ses amis se sont mis à l'appeler "Trou-du-Cul" !

Elle rit un bon coup et elle expire de soulagement. Elle observe les étoiles.

- Dis-moi ? T'es-tu déjà demandée d'où tu viens ?

La louve penche la tête sur le côté.

- Ah oui ! J'ai oublié. Tu es une louve : tu n'as pas de questions existentielles.

Elle se tait un moment. Elle reprend :

- Maître Gauvain me disait tout le temps qu'il ne savait rien sur mes origines... Mais je sais que c'est faux.

Son animal de compagnie gémit.

-Oui, d’accord ! On va chercher à manger pour toi !

***

Dimanche 17 Semance 5001

J'ai rencontré le fils du général, il y a deux jours. Il s'appelle Damian. Il a huit ans. Il est le meilleur de tous les élèves de sa classe. Quand je l'ai vu battre son adversaire, je l'ai applaudi et les deux garçons se sont retournés vers moi. Je ne savais pas ce qu'ils disaient jusqu'au moment où ils ont commencé à m'insulter. Ils ont dit que je ne réussirais jamais car j'étais faible et que je faisais honte à l'Académie.

Alors, je suis sortie de l'académie pour pleurer. Maître m'a vu avec les garçons et m'a rejoint. Je lui ai tout raconté et il m'a dit que, malheureusement, personne ne pouvait attaquer Damian car son papa finançait l'Académie. Je lui ai demandé si j'étais faible. Il m'a répondu que non car ma différence faisait ma force.

Extrait du journal de Gwenda

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