Vengeance

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Sofiane Rougebarbe se réveille, attaché à un arbre par des chaînes.

- Alors ? Bien dormi, le beau au bois dormant ? dit Gwenda.

- Sale chienne ! Tu ne m'auras pas comme ça !

- Pourtant, vous êtes ligoté, comme moi dans les cachots : les chaînes, le noir... Bon, peut-être pas si sombre que là-dedans. Le ciel est bien dégagé et vous voyez mieux que moi dans le noir. Dommage que je ne vous aie pas crevé l'autre œil. Comme ça, vous sauriez ce que c'est que d'être dans le noir, seul sans que personne ne vienne vous aider.

Elle frémit devant ce souvenir douloureux. L'orphelinat, la cave, les enfants malades...

- Tu n'es qu'un monstre ! juge le Mousquetaire.

- Ah ! Tout de suite les grands mots ! Qu'est-ce qu'ils peuvent bien penser, eux, les personnes que vous avez tuées ? Vous tuez les gens même pas pour le devoir mais pour le plaisir. Alors, qui est le monstre dans l'histoire ?

- Mais nous tuons les rebuts pour la reine ! Donc...

- Donc quoi ?! Pour le bien de tous ou pour une question de normalité ? Ils ne font rien de mal aux autres ! Peu après la fin de la guerre entre les Draculiens et les sylphes, tous les colons mages n'avaient pas le temps d'émigrer Dracula que vous, les Mousquetaires, êtes arrivés avec vos mousquetons !

- C'était il y a cent vingt-et-un ans ! Les colons n'avaient qu'à se bouger plus vite !

- Pour un Draculien, ça fait douze ans de vie non draculienne.

- Tu ne manques pas de culot, toi ! Je me demande pourquoi tu te mets à défendre les mages... Ça y est, tu as compris qui tu es réellement ?

- Je ne suis pas une mage ! Ça m'est complètement égal de savoir d'où je viens !

- Ah bon ? Tu ne veux pas savoir tes origines ?

- C'est moi qui pose les questions. Pourquoi vouliez-vous ma mort ?

- Je t'ai déjà dit : tu es une mage et c'était notre boulot d'aller t'assassiner.

- Mais pourquoi étiez-vous cagoulés ?

- En cause, celui qui nous a payé ne voulait pas que le roi sache qu'un mage était parmi les rangs.

- Les rangs ? Vous voulez dire "l'armée" ?

- Oui.

Elle réfléchit.

- Qui est-ce ?

- Pourquoi te le dirais-je ?

Elle lui donne un coup de poing : il a un œil au beurre noir, maintenant.

- Vous avez une belle gueule d'amour, maintenant ! s'exclame-t-elle. Alors, qui est-ce ?!

- Va te faire foutre !

Elle lève son poing.

- Non ! Non ! C'est bon, je vais te le dire ! C'est ton général ! Alessander !

Ses yeux grandissent, surprise par la réponse. Le général Alessander. Celui qui hait les non draculiens, même les non-mages. Et le père de son ami Damian.

- Eh oui, ma petite ! C'est le général qui voulait ta tête plantée sur une pique ! Il a demandé aussi la mort de Sir Gauvain.

Sur ces mots, elle se met en colère et elle le frappe sur le menton. Du sang coule de ses lèvres. Il crache une dent.

- Mais tu es brute ! s'exclame-t-il.

- Ça, c'est pour avoir tué mon maître pour rien !

- Pour rien ? Tu crois vraiment qu'on a tué ton cher maître parce qu'il était avec toi ? Il était autant responsable que toi dans cette histoire.

Gwenda n'en croit pas ses oreilles.

- Pourquoi ? Il a fait quelque chose de mal ?

- Oui.

- Alors, qu'est-ce que c'est ?

- J'ai déjà trop dit ! Maintenant, laisse-moi crever ici !

- Très bien !

Elle prend le sceau qui se trouve à côté d'elle et éclabousse le Mousquetaire avec du sang. Il crache et il s'exclame :

- Pouah ! C'est quoi cette odeur immonde ?! C'est du sang ?!

- Pas n'importe quel sang. C'est du sang de mouton.

Ses yeux grossissent.

- Mais...?! Mais tu es malade ! Tu veux vraiment ma mort !

- Oui, tout à fait. Mais je peux vous épargner si vous me dîtes pourquoi il a été assassiné.

- D'accord ! C'était ton père.

Ses yeux s'écarquillent.

- C'est une blague, là ? Vous vous fichez de moi !

- Mais bien sûr que c'est une blague, espèce d'idiote !

Ouf ! Sérieux ! Pourquoi Maître Gauvain serait-il son père ? Ils ne se ressemblaient même pas en plus de venir de deux mondes différents !

- Non, sérieux, pourquoi ?

- Je ne sais pas, moi ! Il faut demander au général ! C'est lui qui organisé l'assassinat de Sir Gauvain, pas moi ! Même si moi, je voulais aussi sa mort...

- Pourquoi vouliez-vous qu'il mourût ?

- Je ne te dirai pas !

Tout à coup, un grognement guttural se fait entendre. Ça vient du buisson pas loin d'eux. Puis, un deuxième grognement. Et un troisième... Ils viennent de tous les côtés. Alors qu'il tremble, Gwenda reste calme comme si aucun démon ne venait. Elle ne le quitte pas des yeux, déterminée à lui faire cracher le morceau.

- Dîtes-moi pourquoi vous vouliez la mort de Sir Gauvain !

- D'accord ! - Déjà, je connaissais Sir Gauvain par le passé. Nous étions tous deux Francs. Je ne l'aimais pas beaucoup car il avait tendance à ouvrir sa grande gueule pour dire ce qu'il pensait. Une nuit, j'étais en train de courtiser une femme quand il s'est pointé pour me frapper.

Gwenda ne se doute pas qu'il ne la courtisait pas mais qu'il la violait.

- Alors, je l'ai poursuivi et Sir Gauvain a fui le Royaume des Francs pour aller en Britannique. J'étais content quand il m'a donné le contrat d'assassinat car j'avais enfin l'occasion de le tuer !

- Qui "lui" ?!

- Ben ! Le général, bien sûr ! Qui veux-tu que ce soit ?! Il s'est mis à fouiller dans ton passé à l'aide des dossiers et il n'a pas trouvé d'information sur ta naissance ! Puis, un jour, il s'est rappelé de ton maître, il a lu alors ses dossiers pour revoir toutes ses escales spatiales. Il a appris sur l'initiative de Sir Gauvain pour aller te chercher sur Nidaheim. C'est tout ce que je sais !

- Pourquoi il s'est intéressé à moi ?!

Il ne répond pas. Des ombres sortent. Des yeux dorés agressifs l'observent. Il tremble comme une feuille.

- Déjà, tu as fait plus d'exploits que n'importe qui et en plus, tu encaissais les coups mieux que n'importe qui.

- Oh oui ! Forcément ! Je suis la meilleure soldat de l'armée qui mérite un banquet ! dit-elle, sarcastique. D'autres explications inutiles ?

Les ombres s'approchent de lui. Ils ne prêtent même pas attention à elle !

- Tu... Tu as fait une mutinerie, c'est pourquoi tu as attiré son attention !

Elle reste bouche bée. Oui, elle se souvient de cette nuit-là... Elle a tiré une flèche dans le derrière du capitaine Asshol. Si elle n'avait tiré sur lui, Sir Gauvain serait encore en vie. Les créatures de la nuit s'arrêtent autour de la vengeresse et du Mousquetaire. Elle s'accroupit. Elle lui fait peur avec ses yeux bleus qui l'observent, qui n'expriment qu'une seule envie : lui trancher la gorge !

- Dîtes-moi ce que ce salaud de général a appris sur moi.

Ses lèvres tremblent. Il est à bout de pleurer mais à la seconde qui suit, il rit. Gwenda fronce les sourcils.

- Je crois que tu n'as pas besoin de réponse : tu le sais déjà !

La fille rousse se relève tout d'un coup. Il éclate de rire. Pendant ce temps, elle regarde tout autour d'elle. Toutes ces ombres qui la suivent comme des chiens... C'est elle qui leur fait cet effet-là ? Ça lui donne la chair de poule ! Il se calme avant de dire :

- Alors, jeune fille ? On a peur ? De quoi as-tu peur ? Du noir ? Des rats ? Ou alors autre chose ?

Sur le coup de la colère, elle plante son talon sur la cheville du Mousquetaire. Les ligaments cèdent sous la force exercée par la jeune fille. On entend un craquement. Il pousse un cri strident.

- Ça brûle ! hurle-t-il.

- Normal, vous venez de perdre votre pied. Nous sommes quittes, maintenant, dit-elle en dégageant son manteau rouge pour laisser voir sa jambe blessée.

Elle sort un trousseau de clés.

- Tenez, pour vous remercier d'avoir répondu à mes questions.

Elle jette cet objet par terre, pas loin de lui.

- Vous allez vivre ce que j'ai vécu. Je me suis libérée de mes chaînes car vous avez fait tomber votre trousseau de clés. J'ai dû les récupérer avec mon pied. (Elle regarde son pied cassé.) On va voir si vous avez assez de jugeotte pour survivre.

Elle s'éloigne. Il panique.

- Non ! Épargne-moi ! Ne me laisse pas avec ces clébards !

Malgré les plaintes désespérées de l'homme, Gwenda l'ignore.

- Tuez-le, ordonne-t-elle calmement.

Derrière elle, les loups s'approchent de lui de façon menaçante. Certains croisent la jeune fille sans jeter un regard sur elle, comme si elle n'était pas là. Tout ce qui les attire, c'est l'odeur du sang de mouton. Certains grognent, d'autres lèchent les babines. L'homme effrayé pleure et prie son dieu pour qu'il l'aide.

Affamés, les loups se lancent tous sur lui, en plantant les crocs dans sa chair. Toute la forêt est baignée par le cri effroyable de la victime. Même les oiseaux, perchés aux arbres, volent pour aller vers un endroit plus calme. Gwenda entend ses cris qui expriment la souffrance. Malgré la culpabilité qui pèse sur ses épaules, elle continue son chemin.

Finalement, elle ne se sent pas mieux après avoir tué l'assassin de Maître Gauvain.

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