La Tour Impériale

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Le Palais Blanc est construit dans le district de la Cité Ministérielle, en compagnie d’autres institutions politiques et des habitations des personnes importantes, dont celles de l’Archiprêtre de la Britannique (celui qui est responsable des églises britanniques). Il a été abandonné par l’empereur Arthur III pour habiter dans son nouveau palais, la Tour Impériale, pas loin de son ancien domaine.

Cette tour noire très moderne de cinquante étages, faite de verre et de pierre, ci se situe à côté d'un fleuve. Sur le toit, il y a une grande terrasse. Elle est construite en 4990, afin de faire concurrence à la reine des Francs. En effet, bien qu’ils maintiennent l'alliance, les deux dirigeants se disputent sans cesse. Déjà que l'empereur britannique ne s'entendait pas très bien avec la reine Louise XIV, il fallait que sa fille soit jeune, naïve et encore plus hypocrite que sa mère.

Les gens, vêtus d’habits chics, entrent dans la propriété de l'empereur en montant les dix marches. Une grande porte à double battant, sur laquelle figure l'emblème de l'Empire, qui est une chauve-souris, les accueille. A l'intérieur de la Tour Impériale, trois chandeliers dorés pendus au plafond brillent la salle du bal. Le sol est carrelé en noir et blanc et les murs en granite sont décorés de tapisseries rouges sur lesquelles est tissé le symbole de l'Empire.

Beaucoup de voix résonnent dans la pièce de la taille d’une gare. Une dizaine de musiciens accueille chaleureusement les invités avec leur douce musique. Des serveurs marchent dans tous les sens, proposant de succulents apéritifs aux personnes. Un long buffet se tient à droite de la salle, offrant un large choix : jambon, saucisse, saumon, œufs de lump, chèvre-miel, crevettes, etc. Un homme très bien habillé sert les bourgeois en remplissant les verres avec du vin rouge violet ou avec du whisky.

L’empereur, blond aux yeux bleus et un peu barbu, attend patiemment quelqu'un, assis sur son trône est au fond de la salle. Il est reconnaissable grâce à la couronne rouge incrustée de rubis, de saphirs, d'émeraudes et de diamants. Au sommet de la couronne, une petite chauve-souris d'argent est sculptée.

Agé de cent vingt-huit ans, il a six enfants, d'entre cinquante-deux et cent ans. Sa première épouse, Diana, a mis au monde deux garçons et deux filles, qui ont donné ensemble douze petits-enfants. Les deux derniers enfants, des vrais jumeaux, sont de sa deuxième épouse Elizabeth. Alors que l'un est marié avec la Comtesse des Côtes Est, l'autre est fiancé depuis un an avec la reine Louise XV, qui n'est pas encore au courant. La tante de cette dernière a l'intention de le lui dire le jour de ses seize ans, pour faire une surprise. Ce mariage devrait permettre de calmer les tensions entre les deux pays pour empêcher le retour d'une guerre.

Son épouse de soixante-douze ans est assise à sa droite. Elle paraît avoir quatre ans de moins que l'empereur. Elle est blonde, tout comme sa précédente épouse ; c'est pourquoi toute la famille royale est blonde. Mais différemment de Diana, elle a des yeux rouges. Ce qui est un peu dommage : Arthur III a toujours préféré les blondes aux yeux bleus. Elizabeth a l'air de s'ennuyer avec son regard vague. Elle est malheureuse avec son époux car il ne prête jamais d'attention sur elle à part quand il s’agit d’assurer leur descendance. Elle est très belle dans sa robe rouge et noire. Elle a des lèvres noires et une petite mèche ondulée tombe sur sa nuque. Sa minceur la rend aussi fragile qu'une fleur.

Le général Alessander arrive avec son fils Damian. Ils portent des vêtements en soie rouge, très voyants. Alors que le père est décoré de la médaille de l'honneur et de son insigne de général de l'armée, sur lequel cinq étoiles d'argent forment une croix, Damian ne porte que l'insigne d'élève-officier, représenté par une corde en petit alpha. L'empereur s'exclame en souriant :

- Ah ! Vous voilà ! Je vous attendais !

- Votre Majesté, salue le général. Pourrions-nous nous entretenir ?

- Oui, bien sûr, general.

En laissant l'impératrice et le fils du général seuls, ils se dirigent vers le bureau de l'empereur. Tout est en luxe : bibliothèque, bureau, chaises... Ils sont ornés de traits d'argent. Les rideaux en velours rouge sont ouverts, laissant passer la lumière lunaire dans la pièce à peine éclairée. Les meubles en bois de couleur foncée sont propres grâce à la minutie de la femme de ménage. Le papier peint marron des murs représente des fleurs blanches.

L'empereur s'assied sur son fauteuil bien douillet alors que le général reste debout, par respect.

- Alors ? De quoi s'agit-il ?

- Votre Majesté, je viens vous parler de l'amélioration de l'artillerie.

- Ah ! Enfin ! Cela fait longtemps que j'attendais des nouvelles. Des améliorations ?

- Oui, enfin, comme vous dîtes ! Après tant d'efforts, nous avons enfin percer leurs points faibles : ces sauvages ne feront plus le poids face à nous. Nous pourrons faire progresser notre territoire vers l'ouest !

- Ah ! Quelle bonne nouvelle ! Quand commencera votre prochain essai ?

- Dans trois mois.

- Ne pourriez-vous pas le faire en avance ? Notre empire a besoin de plus d'espace vital.

- Je suis bien conscient de cela, Votre Majesté, mais mes soldats ont besoin de temps pour se préparer contre ces dégénérés. Ceux-là ne sont pas aussi intelligents que nous mais ils sont plus féroces. Mes hommes sont fatigués à force de combattre...

- Faîtes comme vous voulez ! Du moment que vous vous débarrassez de ces parasites... Qu'est-ce cette nouvelle arme ?

- Une bombe d'argent. Les sauvages sont allergiques à l'argent.

***

Gwenda arrive devant l'entrée. Elle est habillée avec une robe noire avec des rayures verticales violettes. Elle porte un chapeau décoré de fleurs violettes et un masque de théâtre blanc, qui fait un sourire. "Après tout, c'est la fête, non ?" pense-t-elle. Les gens alentour la prennent pour une actrice, car il y aura bientôt une pièce de théâtre sur le plateau qui se trouve dehors.

Elle entre dans la salle du trône. Beaucoup de gens mondains sont déjà arrivés. Elle aperçoit Damian, qui est en train de boire un verre de vin. Elle l'a en travers de la gorge quand elle le voit ! Elle se dirige vers le couloir principal, sans que personne ne la voit... Sauf Damian. À cause de l'épée qui n’a pas pour fonction de décoration. Alors, il la suit. Au moment où il atteint le couloir, il croise l'impératrice qui s'exclame en le voyant passer :

- Mister Damian ! Où allez-vous ?

- Je suis une jeune femme.

- Une jeune femme ? Déjà ?! Ah ! La jeunesse ! Toujours pressés ! Vous avez une longue vie devant vous : vous avez du temps pour vous trouver une épouse.

Comme les Draculiens vivent en moyenne six cents vingt-et-un ans (si on calcule les âges de tous les habitants sans prendre en compte le sexe), ils prennent souvent leur temps pour le mariage et les enfants. En général, ils se marient pour la première fois entre quarante ans et cinquante ans. Puis, pour un premier enfant, c’est à soixante-dix ans en moyenne. En pensant à Gwenda, Damian devient triste. Si seulement elle l’aimait, il serait l’homme le plus heureux du monde ! Si elle revenait, il ferait tout pour la charmer ! Il l’enlacerait dans ses bras et ne la lâcherait pas, pour qu’elle ne l’abandonne plus jamais comme elle l’a fait en partant pour le pays des Francs. D’humeur sombre, il dit :

- Oui, je le sais...

- Bon, je suis mal placée pour dire cela : je suis mariée à vingt ans, non pas parce que je l’ai choisi mais parce qu’on m’a forcé à épouser l’empereur. Mes parents souhaitaient que j’honore notre emblème. L’empereur m’a choisi seulement parce que j’étais belle et qu’il voulait avoir d'autres enfants aussi beaux que ses premiers descendants. Malheureusement, mes fils sont les moins charmants...

Pendant ce temps, la jeune fille mystérieuse prend l'ascenseur, ce qui agace beaucoup Damian. Il a bien envie d’envoyer cette prétentieuse dans les roses mais dans la hiérarchie sociale, elle est sa supérieure. Alors, il écoute cette pipelette jusqu’au bout. Après, il verra ce que mijote cette drôle de fille.

***

Au bureau de l'empereur, ce dernier questionne le général Alessander Marsh :

- Comment va votre fils ?

- Très bien ! Il se porte à merveille !

- Ah bon ? En le voyant arriver avec vous, je le trouvais plutôt triste.

- Ah oui... Un chagrin d’amour. Celle dont il est tombé amoureux l’a rejeté. De toute façon, cette fille n’était pas digne de lui.

- Pourquoi ?

- Parce qu’elle n’était pas Draculienne.

- Je ne comprends pas pourquoi certains Draculiens se marient avec des étrangers : ils sont moins intelligents en plus d’avoir une longévité extrêmement petite. On a beau restreindre les droits des étrangers, les mariages mixtes continuent toujours de poursuivre. Si cela continue, je vais devoir mettre en place de nouvelles lois, comme mon père aurait dû le faire il y a longtemps.

- Comme quoi, par exemple ?

- Stériliser les non Draculiens qui sont mariés avec les nôtres. En conséquence, les couples mixtes ne mettront pas au monde des monstres.

- Pourquoi stériliser les étrangers seuls ?

- Il n’est pas nécessaire de stériliser les Draculiens. En ne pouvant plus avoir d’enfants avec eux, ils divroceront et se mettront avec de vrais Draculiens. Il est préférable de contrôler la croissance démographique de ces peuples dégénérés. Le Seigneur du Ciel souhaite que nous nous multipliions alors nous nous multiplierons.

- Alors, qui a créé les autres peuples ?

- Le Seigneur du Feu, bien sûr. Qui créerait des êtres humains aussi indignes qu’eux ?

- Ah bon ? Je croyais que le bon dieu avait créé tout...

- Pourquoi ces questions ? N'allez-vous pas à la messe ?

- Je suis athée, Votre Majesté. Comme vous, je crois que les non-mages sont la pire espèce de l’Univers, que les peuples sans magie, sauf nous, sont bons à servir notre puissante planète qui a pour destin de régner sur l’Univers. Mais je ne crois pas en une entité supérieure au Draculien. S’il en existait une, je serais puni depuis longtemps à cause de tous les crimes que j’ai commis dans le passé, comme assassiner des villages entiers sur Râ, exécuter des femmes enceintes allant mettre au monde des hybrides...

- On dirait que vous avez perdu votre foi durant une guerre, observe Arthur III. Vous croyez donc au hasard de la création de l’Univers ?

- Oui, Votre Majesté.

- Aïe ! Heureusement que vous êtes dans un pays ouvert à toutes les croyances. Si la reine Louise XV vous entendait, elle vous aurait sûrement coupé la tête.

Le général est d’accord qu’il faut faire un génocide pour protéger leur peuple mais il ne croit pas que les mages soient des démons : ce sont simplement des gens fous qui se croient supérieurs aux autres, prêts à assouvir les autres peuples à l'aide de leur magie. Alors que tous les livres sacrés sont jumeaux, les fidèles ont chacun sa propre foi. Certains pensent en secret que tout a été créé par le dieu de la lumière, même les gens dotés de magie, alors que d’autres pensent que seul le Draculien a été créé à son image, car les textes religieux parlent de Dracula et non des autres planètes. Alessander reproche souvent à ces derniers d'être trop égocentriques, de se placer au centre du monde alors que sur la carte de la Voie Lactée, la planète Dracula n'est même pas au centre.

- Même si vous ne croyez pas en Dieu, vous devez croire que certaines choses vous dépassent, reprend l’empereur.

Oui, il le reconnaît : il ne peut pas tout contrôler comme Gwenda le monstre. Soudain, un bruit sourd passe à travers la porte. Ils sursautent. Inquiet, l'empereur questionne :

- Qu’est-ce que c’est ?

- Je ne sais pas. J'ai cru entendre un de vos gardes souffrir d’agonie, répond Alessander, ayant des expériences derrière lui.

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