L'hôte

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Tout à coup, une sonnerie retentit. Gwenda bondit de son lit, sur ses gardes. Se pourrait-il que la police soit déjà devant sa porte ? C'est possible. En plus de ne pas avoir envie d'aller en prison, elle n'a pas envie de revoir le visage de l'inspecteur Scott, car c'est à cause de lui si elle en est arrivée là. S'il avait fait l'effort de chercher le coupable, elle aurait encore une vie normale, qui n'existe plus désormais. Dans le cas contraire, d'un jour à l'autre, quelqu'un aurait découvert sa vraie nature... Ou elle-même.

Ding ! Dong !

Elle marche vers la porte d'entrée à pas de loup. Elle prend son balai à côté de la porte. Elle n'arrive jamais à croire qu'un jour, elle vivrait dans la paranoïa. Elle pose sa main tout doucement sur la clenche.

Ding ! Dong !

Ils commencent à s'impatienter. Elle ouvre brusquement la porte et tend le balai devant elle. Soudain, elle voit une jeune blonde, surprise par son accueil agressif. Ses yeux violets attisent sa curiosité. "Serait-ce Hana ?" Elle se souvient bien que l’étrangère lui a dit qu’elle utilisait ses pouvoirs d’hypnose, qu'elle n’était pas comme elle paraissait. Pourtant, elle n’est pas sûre d’elle. Sa question reçoit une réponse quand la fille aux cheveux blond platine s'exclame en dévoilant ses dents non pointues :

- Mademoiselle Gwenda ?! Pourquoi me menacez-vous avec votre balai ?! C'est moi ! Hana !

Ses épaules se relâchent.

- Désolée, je croyais que c'était quelqu'un d'autre.

- Je vous comprends : je m’attendais à recevoir une méfiance de votre part mais pas de recevoir un accueil aussi...

- Surprenant ?

- Oui. Il faut croire que j'étais trop fatiguée pour utiliser encore ma magie pour ressembler à un vampire aux yeux de tous. Si vous saviez combien de porte j‘ai toqué... Heureusement que je suis tombée sur vous ! Si quelqu’un d’autre me voyait ainsi, je ne sais pas ce qui serait passé ensuite ! Alors, désolée si je vous ai surprise.

- Non, c'est moi qui m’excuse. En ce moment, la vie n’est pas facile. Je suis piégée au fond d’un gouffre d’où je ne peux sortir donc, je me méfie de tout le monde désormais.

- Oui, je comprends.

- Entre ! Fais comme chez toi !

Hana, gênée, entre timidement pendant que la fille rousse ferme la porte. Elle observe l'appartement autour d'elle avec curiosité. Par rapport à la première fois qu'elles se sont vues, Hana est plus maigre ; des formes féminines sont discrètes, la rendant aussi fragile qu'une fleur des champs. Par contre, elle a les mêmes traits de visage : lèvres fines, petits sourcils, yeux bridés... Ses oreilles ont la même taille que ceux d'un Draculien mais elle ne se doute pas que c'est à cause du mélange des sangs morganien et elfe. À cause du manque de soleil, one peut facilement la comparer à une Draculienne. Elle paraît plus jeune qu’elle. Gwenda pose son balai en insistant :

- Vas-y ! Assis-toi sur le canapé, là-bas !

La demi-elfe n'a pas l'air d'avoir l'habitude qu'être accueillie par quelqu'un. Elle regarde le salon, petit, étroit mais moderne. Elle se dirige vers le canapé doucement puis s’arrête. Elle fixe son regard sur la petite télé devant. À croire qu'elle n'en a jamais vu !

- C'est une télé, dit Gwenda comme si elle s'adressait à une enfant.

- Oui, j'en ai vu derrière les vitrines, dit Hana. Vous... Tu as dû payer très cher en la prenant !

- Oui, c'est normal : c'est un ami qui me l'a offerte.

- Oh...

C'était de la part de Maître Gauvain, pour qu'elle s'informe régulièrement des actualités. Mais Gwenda ne s'est jamais intéressée aux infos. Hana s'assied et regarde autour d'elle avec la curiosité d'une enfant. La rousse s'installe à côté d'elle en demandant :

- C'est toi qui m'as téléporté vers le fleuve ?

- Oui, c'est moi ! répond-elle en voilant sa fierté.

- Merci de m'avoir sauvé la vie ! Où as-tu appris ce tour de magie ? questionne-t-elle, impressionnée.

- Personne ne m'a appris ce sort : je l'ai appris moi-même.

- Waow ! Tu es sacrément douée !

- C'est ce que tout le monde me dit, dit-elle sans une pointe d'arrogance. Tu aurais dû quand même éviter de te suicider.

- Mais je n'avais pas le choix ! s'emporte-elle. C'était soit ça, soit le bûcher !

- On a toujours le choix.

Elle se tait car cette blonde a raison.

- Qu'est-ce qui s'est passé dans la Tour Impériale ? demande-t-elle de façon directe. Tout le monde était à bout là-bas.

Gwenda reste silencieuse et se lève pour se mettre à dos à elle. En Gabalie, elle voulait le tuer pour ce qu'il avait fait à Maître Gauvain. Après Yvie, elle a changé d’avis. Elle voulait seulement parler avec lui pour avoir des réponses. Pourtant, ça ne s’est pas passé comme prévu. Il a tenté de la tuer et elle s’est défendue. Pourtant, en lui ôtant la vie, elle a ressenti une certaine satisfaction malsaine. Elle a réussi à venger la mort de son père adoptif. Maintenant, elle ne ressent plus de la colère contre le général : seulement de la culpabilité et de honte. Après maintes réflexions, elle répond :

- J’ai tué le général.

- Quel général ? Il y en avait trois au bal.

- Alessander Marsh, le chien qui a tué l’homme qui m’a élevé ! S'écrie-t-elle en se retournant. Il l’a assassiné pour garder son emploi et il a aussi voulu me tuer ! Je n’avais pas le choix : c’était lui ou moi! Tout ce que je voulais, c’était des réponses, malgré que je souhaitasse sa mort !

Bien que surprise, Hana se penche en arrière et après un temps de réflexion, elle dit :

- Je comprends ; tu devais être très en colère pour l’avoir tué. De toute façon, il l'avait bien mérité.

Gwenda la regarde, stupéfaite. Les yeux violets de la fille reflètent une compassion énorme ! Bien que son visage n'exprime pas grand-chose, ses yeux en disent long sur sa personnalité. Elle est introvertie, timide mais sensible.

- Sérieux, qui es-tu ? demande-t-elle.

- Je vous ai déjà dit : je suis une espionne de l'Empire d'Odin. On m'a demandé d'espionner l'empereur mais je n'ai pas pu apprendre de nouvelles informations auprès de lui à cause des imprévus. Par contre, j'ai pu apprendre des choses intéressantes en écoutant les proches de l’empereur, dit-elle avec un petit sourire.

- Ah oui ! J’ai complètement oublié que tu es une espionne. C’est que tu es assez jeune, alors...

- Oui, je le suis ; j’ai quinze ans. D'habitude, on devient espion après une formation de cinq ans à l’Académie Interplanétaire de l’Espionnage, donc à vingt-trois ans. Sauf que l’armée d’Odin avait besoin d’une espionne exceptionnelle pour s’infiltrer sur Dracula.

- Ce n'est pas une excuse ! Pour moi, tu es trop jeune !

Hana ne fait pas de commentaire, jugeant inutile. Gwenda pose une question :

- Qu'as-tu appris auprès de l'entourage de l'empereur ?

- Je ne te dirai pas : c'est confidentiel. Seul le roi Mordred a le droit de le savoir. En plus, ce n'est pas grand-chose alors...

- Oui, c'est bon ! J'ai compris... Qui est Mordred ?

- Le roi de Morgana et d'Aermor. Tous les ans, les rois élisent un roi pour présenter la planète. C'est la troisème fois qu'il a été élu représentant de Morgana.

- Hein, hein...

- Que fait-on maintenant ? Je dois partir vite de cette planète maudite : je crains que quelqu’un m’ait vu utiliser de la magie pour te sauver de la chute...

Gwenda écarquille des yeux.

- Je croyais que tu pouvais m’aider, que tu avais un vaisseau spatial pour quitter cette planète.

- J’en avais, jusqu’à ce que ma grand-mère décide du contraire. Elle a dit qu’ils ne peuvent pas passer la frontière pour venir me chercher.

- Mais... Elle est complètement conne ! Vous avez pourtant réussi à passer la frontière pour venir jusqu’ici, donc ils peuvent le faire encore une fois !- C’est ce que je lui ai dit aussi mais ma grand-mère perd vite patience. Si tu savais combien de temps je suis sur Dracula... Enfin, elle ne croyait plus à ma réussite.

- C’est bon ! De toute façon, j’ai une idée pour nous sortir de là. Nous irons sur le Grand Pont pour midi. Un ami à moi m'a dit d'y aller : je ne sais pas pourquoi mais je sens que c’est un nouveau départ vers une vie meilleure.

- Quel grand pont ? Il y a plusieurs grands ponts à Londine !

Gwenda expire, lasse. Elle lève les yeux au ciel.

- C'est un nom.

- Ah ! Désolée.

La rousse s'assied sur le canapé, fatiguée. Comme si elle n'avait pas assez de problème à résoudre, l'invitée demande :

- Et comment on va faire pour aller dehors sous le soleil ?

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