Après s'être suffisamment éloignées de la grotte pour être en sécurité, Gwenda se rend compte qu'elle se trouve à côté d'une mage... Qui lui tient la main. Par réflexe, elle arrache sa main et s'arrête. La blonde se retourne et dit d’une voix bienveillante :

- C'est bon, tu n'as pas plus rien à craindre, louloutte !

- Eloignez-vous de moi, sorcière ! ordonne-t-elle.

- Pourquoi me traites-tu comme ça ? N'es-tu pas une sorcière, toi aussi ?

- Euh... Peut-être mais j'ai déjà trop de problèmes à gérer en ce moment ! En plus d'être poursuivie par les Mousquetaires pour meurtre, je ne veux pas non plus côtoyer une sorcière... Mais pourquoi m'appelez-vous louloutte ?!

- Parce que tu as l'âme d'un loup.

- Eh ben ça y est ! D'abord, le roi chiropien qui me traite comme une magicienne et maintenant, une sorcière qui m'appelle "louloutte" ! Ça part de plus en plus en steak !

- Je comprends que tu sois perdue, louloutte. Je...

- Mais arrêtez de m'appeler "louloutte" ! C'est humiliant ! Je m'appelle Gwenda ! Gwen. Da ! Gwenda ! dit-elle en séparant bien les syllabes.

- Gwenda ? Ça veut dire "cercle blanc" en breton ! Joli nom ! s'exclame-t-elle, hystérique. C'est un prénom très populaire sur Mor...

- Déjà, pourriez-vous me dire pourquoi vous m'avez secouru ?! Et comment saviez-vous parfaitement où j'étais ?!

- J'ai suivi un loup rouge.

- Un loup quoi ?

- Un loup rouge. J'ai vu un loup rouge se faire attraper par un chiropien donc j'ai su où ce monstre l'a emmené.

Gwenda sait bien que cette femme blonde parle d’elle, quand elle a été kidnappée par l’un de ces monstres, mais un loup rouge ?

- Sérieux, vous avez vraiment vu un loup rouge se faire attraper par un chiropien ?

- Oui.

- Mais il n'y a pas de loups rouge sur Dracula ! C'est plutôt sur Nidaheim qu'on en voit ! Vous souffrez d'hallucinations ou quoi ?!

- Que ce soit une hallucination ou non, ma vision m'a mené jusqu'à toi.

- Mais... Mais vous êtes complètement malade ! Vous avez besoin de vous faire soigner !

- De rien.

Gwenda se tait. Elle se rend compte de sa bêtise. C'est pourquoi elle dit :

- Merci.

- Enfin ! J'attendais ce mot magique !... Eh ? Tu es blessée ?

Gwenda regarde sa jambe. Beaucoup de sang s'est propagée dans le tissu du pantalon.

- Yvie va te soigner !

- Mais arrêtez de me traiter comme si j'étais un petit louveteau ! gronde-t-elle.

***

Dans une grotte à l'abri des regards illuminée par une lanterne, sont assises deux femmes. La jambe de Gwenda a été soignée par la folle, qui paraît avoir trente ans. Elle remarque une cicatrice sur son cou, probablement dûe à un incendie. Cette dernière sort une feuille du sac de la rousse et la lit. Elle murmure :

- Intéressant...

- Eh ! Ce sont mes affaires ! gronde-t-elle.

- Non, ceux-ci appartiennent aux Ancêtres. Tu viens de trouver un de leurs artéfacts ! Ceux-ci renferment des secrets, des pouvoirs, notre passé !

Gwenda a déjà mal à la tête avec ses délires donc si c'est pour écouter la théorie des Anciens... Le sourire de la blonde laisse voir ses belles canines. Ses yeux sont bleus mais trop foncés pour être ceux d'un vampire. Mais cela ne l'empêche pas d'être effrayante.

- Les Ancêtres se sont adaptés aux environnements des planètes il y a cinq millénaires.

- Waow ! ironise la rousse. Et quoi d'autres à raconter ?

La blonde lit déjà la vieille feuille blanche, en marmonnant des mots incompréhensibles. Gwenda croit entendre des mots transparents à la langue britannique. C'est fou comme la langue des Ancêtres est si proche de la langue britannique... Au bout d'un moment, la femme s'exclame :

- Mary Brecker ! Je me souviens parfaitement d'elle... Enfin, presque. C'était un chef de projet. J'ai entendu parler d'elle. Enfin... Je l'ai étudié par le passé.

- Et qui est-elle ?

- Une Ancêtre qui travaillait dans la génomique. Elle est diplômée d'un doctorat. Je ne sais pas ce que tous ces mots signifient. Mais je sais qu'elle est la Mère des chiropiens et des vampires.

Elle prend ensuite le livre noir qui contient des images. Elle pointe son doigt vers quelque chose et montre la photo :

- Regarde ! C'est elle, ma mère ! Avec la blonde ! Elles ont des chapeaux carrés et des robes noirs ! Elles tiennent des rouleaux de papier dans les mains ! Oh ! Je crois qu'elles sont amies ! Tu as un ami, toi ?

- Qui est-ce ? ignore-t-elle la question.

- Ben ! C'est Mary Brecker !

- Non ! La blonde !

- Ah ! C'est... Hum...

Elle lit les notes de Mary Brecker, écrites en pattes de mouche.

- Laura... Davidson. Tiens ! Je crois que ce nom me dit quelque chose... En fait, non. J'ai dû confondre avec Lawrence Davids. C'est qui, déjà ?... Ah oui ! C'était celui qui envoyait les colons vers Dracula.

- Dîtes-moi. Pourquoi dîtes-vous que Mary Brecker était la Mère des vampires ?

- Au temps de l'Age d'Or, les Ancêtres voyageaient dans l'espace pour coloniser des planètes. Avant, on croyait qu'ils avaient colonisé huit pla...

Elle tourne la tête vers la droite, comme si elle s’adressait à un fantôme :

- On ne coupe pas la parole !

En changeant vite d'humeur, elle parle à Gwenda :

- Huit planètes, avant de découvrir l'existence de Niflheim. Qui sait ? Peut-être que les Ancêtres ont découvert d’autres planètes ? C'est bien eux qui ont donné naissance aux peuples. C'est bien eux qui ont créé les vampires, les anthropomorphes, les nymphes...

La jeune fille reste muette car elle n'arrive pas à y croire. Tous ces peuples qui descendent d'un seul... C'était donc vrai ? Elle est complètement perdue !

- T'es choquée ?

Elle ne répond pas. Pour changer de sujet, la femme déclare en tendant sa main droite :

- Je m'appelle Yvonne-Veronique Chastel ! Je suis mi-vampire, mi-Morganienne !

Elle enlève son bandeau rouge pour laisser voir ses oreilles rondes. De son père vampire, elle a hérité ses dents pointues, sa peau pâle et sa rapidité. De sa mère magicienne, elle a hérité ses yeux bleus vifs, ses oreilles et ses pouvoirs.

- C'est naze, ce prénom !

- Je m'y attendais un peu... Appelle-moi donc Yvie. C'est plus classe, non ? Et tutoie-moi, s'il te plaît, d'accord ? Je suis sûre que nous serons les meilleures amies du monde ! Non ! De l'univers !

La jeune fille reste muette et tremble de tout son corps. Elle prend son courage à deux mains et répond :

- Gwenda.

- Et ton nom de famille ?

- Je n'en ai pas.

- Ah... Bon, d'accord ! Il faudra que tu t'en trouves un, un jour ! Attends !... (Elle se tourne vers son ami imaginaire.) Non ! Pas ça ! Chut ! Tes idées sont nulles ! (Elle se retourne vers Gwenda.) Ah ! Dubois !

- Non, trop cliché. J'en trouverai un par moi-même.

Sur ce, Gwenda se couche sur la couchette. Yvie en fait de même. Elle la surprend en train de murmurer à quelqu'un :

- Chut ! Elle a besoin de sommeil ! On en parlera demain.

Inquiète, la fille pense : “Pourquoi je me retrouve avec une sorcière schizophrène ? J'espère qu'elle ne me tuera pas durant mon sommeil...”