Chapitre 7 : Conflits ethniques

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À peine les déchus furent sortis du bâtiment que les lourdes portes se refermèrent dans leurs dos, les laissant seuls face aux habitants n'ayant pas assistés au conseil. Le jeune homme pouvait voir leurs regards interrogateurs les scruter en quête d'informations. Il ne se donna pas la peine de leur en fournir, ils en auraient bien assez tôt et il se contenta de suivre Naricia qui n'avait rien perdu de sa bonne humeur.

— Par ici ! Suivez-moi !

Kean n'aurait su l'expliquer, mais les grands gestes de la gardienne détendirent les déchus. Sa bonhomie avait quelque chose de contagieux, son visage piqueté de tâches de rousseur et ses yeux vifs n'y étaient pas indifférents. Le jeune homme se laissa donc entraîner et suivit les autres déchus, le nain à ses côtés.

— Salut ! Moi c'est Perec. Alors tu les préfères blanches, blondes, ou brunes ?

Kean qui fixait à ce moment précis Tania qui sortait par une porte annexe en compagnie de son demi-frère se tourna vers le nain.

— Pardon ?

— Les bières !

— Ah, brunes.

— Je peux savoir à quoi tu pensais ?

— À rien.

Le nain tout sourire fit un signe de tête en direction de Tania.

— Un sacré rien dans ce cas.

Kean accéléra l'allure dans le but de distancier ce bavard aux courtes jambes et percuta l'elfe qui s'était brusquement arrêtée devant lui.

— Aïe ! Regarde où tu vas abruti !

Son gardien protecteur, s'interposa entre eux.

— Votre langage.

Après une moue dédaigneuse, l'elfe rectifia ses propos.

— Regardez où vous allez, être ignare.

Cette fois-ci sa gardienne intervient, tout aussi serviable que son confrère.

— Ne leur en voulez pas, les humains en plus d'être dôtés d'une faible intelligence, sont pourvus d'une vue médiocre.

Entre temps, Perec rattrapa le groupe.

— T'es si pressé que ça de te rafraîchir le gosier, l'ami ?

Ses deux accompagnateurs s'immiscèrent à leur tour dans la conversation.

— Vous trouverez à l'est du camp, une bonne taverne d'alcools locaux. Après deux-trois pintes vous serez d'excellentes humeurs !

— La taverne de l'ouest est bien meilleure !

— Ah non !

— Ah si !

Perec et Kean suivirent l'échange du regard avant d'être interpellés par le sorcier.

— Au lieu de picoler, ça vous dirait pas de prendre un dernier repas tous ensemble ? Et surtout de réfléchir à une stratégie.

Kean regarda cet être au physique hétéroclyte et se dit que ces multiples hybridations, lui avait au moins donner un esprit lucide et le sens des priorités.

— Enfin un qui a la tête sur les épaules.

Ce qui n'était pas de l'avis de l'elfe.

— Tu veux rire ! Comme si j'allais manger en compagnie des deux espèces...

Elle interrompit sa phrase et se tourna vers l'orc.

— Enfin, des trois espèces les plus grossières de l'Ancien Monde, sans parler de cette difformité !

Le sorcier loin de montrer un quelconque signe de susceptibilité prit appuie sur ses pattes félines à l'avant et envoya un coup de sabot à l'elfe qui atterrit dans un arbre. Une branche se tendit à son approche et la renvoya dans les bras de ses gardiens qui essuyèrent le sang qui coulait de son nez à l'aide d'un mouchoir en soie.

— Veuillez éviter les attaques physiques envers notre déchue, il ne faudrait pas quelle soit défigurée.

Kean leva les yeux au ciel.

— Sans parler de la tuer. Il manquerait plus qu'on s'entretue.

À ces paroles l'orc prit rudement la parole.

— Ramenez vos culs crasseux à l'intérieur ! Une heure de méditation pour tout le monde !

Les deux gardiens orcs se placèrent dans leur dos et les forcèrent à avancer. Le premier, Kean était bien en peine de savoir s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme prit la parole.

— Votre raisonnement est correct, mais bien trop agressif, peut être pourrais-je vous enseigner, quelques tournures et expressions plus diplomatiques.

Le second gardien poursuivit la proposition de son collègue.

— Ainsi que des techniques de relaxation pour éviter de parler sur le coup de l'émotion.

Kean n'eut qu'à le regarder quelques secondes pour que le gardien réalise la portée de ses propos.

— Oh ! C'est vrai, vous êtes humains. Vous ne savez pas encore de quoi il s'agit, mais raison de plus pour apprendre à les gérer ! Il vaut mieux prévenir que guérir !

Kean sortit du rang ce qui interpella Selyf.

— Que fais-tu c'est pas prudent de te promener seul, surtout après ta provocation ?

— J'ai besoin d'un peu de solitude.

Le jeune homme se tourna vers le nain.

— Dis-moi dans quelle taverne te retrouver et je t'y rejoindrai.

— Comme le soleil, je commencerai ma tournée à l'ouest et je la terminerai à l'est.

Kean partit en petite foulée et disparu dans un bosquet attendant que le groupe parte et retourna sur ses pas pour suivre le trajet emprunter par Tania et son frère. Il trouva rapidement une petite hutte et essaya tant bien que mal de déterminer si elle était occupée. Il sursauta vivement lorsqu'une main tapota son épaule. Lorsqu'il se retourna la symbioz le regardait, les bras croisés sous sa poitrine.

— Je peux savoir ce que tu fais ici ?

— Je... Je, euh....

— Te fâtigue pas, je sais très bien ce que tu fais. Mais dis-moi t'en a souvent des pulsions suicidaires comme ça ? J'ai jamais vu le conseil aussi énervé et maintenant ça ? Tu m'espionnes !

— Je suis venu te voir au sujet du Satoo, mais comme je ne voulais pas te déranger, je tendais l'oreille pour voir si tu n'étais pas en pleine discussion.

— À d'autres.

Après avoir regardé à gauche et à droite, elle l'invita à pénétrer dans la hutte.

— Allez suis-moi.

Pour une raison inconnue, Kean sentit les battements de son rythme cardiaque s'accélérer. Lorsqu'il pénétra à l'intérieur, il découvrit pour seul mobilier une table et un lit.

— J'ai bien des nouvelles au sujet du Satoo : aucune archive ne le répertorie, mais plusieurs signatures semblent s'en approcher. Tout porte à croire que tu as été mordu par un hybride entre deux Satoo anonymes, ce qui à ma connaissance est une première.

Tania lui tendit les deux parchemins posés jusque-là sur la table.

— Comme tu peux le voir, les marques externes de la signature correspondraient à un Satoo capable de contrôler le temps. les marques internes quant à elles, correspondraient à un Satoo capable de modifier le temps.

— C'est la même chose, non ?

— Non, le premier te permet de voir l'évolution du temps : passé, présent et futur probable. Le second d'influer sur le cours du temps : arrêt du temps, modification d'un événement antérieur. Autant dire que si ces capacités se combinent, c'est extrêment puissant. Mais tu ne pourras pas les utiliser avant cicatrisation complète du tatouage. Montre tes poignets.

Tania les étudia, les retournant avec douceur et dextérité.

— Ca na pas l'air de s'infecter, c'est une bonne chose.

Kean crut percevoir l'espace d'un instant le soulagement dans les traits de la jeune femme.

— Tu prends bien soin de moi pour quelqu'un qui souhaite me tuer.

— Je te l'ai dis, je souhaite le faire dans de bonnes conditions. Je souhaite libérer les miens de votre héritage corrompu, ... mais le débat que tu as soulevé ... était intéressant.

La symbioz détourna les yeux visiblement dérangée par cet aveu. Kean tenta sa chance.

— À ce sujet, qu'en penses-tu ?

— Je ne sais pas trop.

— Il est plus que probable que nous soyons innocents. En revanche, le peuple absent est suspect.

— Ce sont les seuls à avoir voter en votre faveur. Je pense qu'ils ne souhaitaient juste pas assister à votre dernier conseil.

— Retrouvons-les ! Ils nous aiderons à comprendre ce qu'il se passe.

— Quoi ? Mais non !

— Oublie le sacrement et résolvons cette affaire !

— Mais qu'est-ce qu'il te prend ? Depuis quand t'es si investis ?

— Je suis pragmatique.

Tania haussa un sourcil.

— À ton avis, peu importe que nous survivions, que se passera-t-il pour vous si les ressources diminuent et qu'un peuple fait déjà bande à part ? Ca ne fera que créer des tensions, alors imagine si nous réussissions. Ce monde n'est pas prêt à accueillir cinq peuples supplémentaires, il peine déjà à maintenir en vie ses actuels habitants. La survie de ce monde passe avant le Sacremnt. Ces deux objectifs ne sont pas si éloignés, vois ça comme un entraînement, un vieux stratège suggère d'apprendre à connaître son ennemi pour mieux en triompher, dis-toi que c'est ce que tu fais.

Tania le regarda, ouvrit la bouche, mais ne trouva rien à redire. Alors que Kean s'apprêtait à sortir, une secousse le projetta sur elle. La symbioz le chassa sans ménagement et se précipita dehors suivit de Kean, moins réactif.

Lorsqu'il sortit, il trouva le camp sans dessus-dessous, des craquelures parcouraient le sol et plusieurs constructions s'étaient effondrées. Tania se précipita en périphérie du camp et Kean la suivit. Ils arrivèrent rapidement face à une série de stèles toutes fissurées. Tania lâcha une floppée de jurons et fit demi-tour. Au même instant, les stèles volèrent en éclats, projetant des débris en tout sens. Kean sentit plusieurs projectiles l'atteindre et avant qu'il ne touche le sol, les fissures déjà importantes à cet endroit s'écartèrent d'avantage et les engloutirent.

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