Chapitre 15 : Erreur et conséquences

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Au bout de quelques secondes, je me retourne rapidement vers mon bourreau, les mains en avant. J'y envoie toutes mes forces, toute ma puissance. Ma vue se trouble et je vacille, je tombe durement sur le sol sans que je puisse me retenir. Des éclats de verre tombent par terre lorsque mon bourreau passe à travers la fenêtre, un cri strident résonne et me glace le sang et soudain plus rien, le silence. L'ai-je tué ? je n'ai pas le temps de me poser des questions, Lukas réagit immédiatement, se mets debout, se retourne vers le garde qui était derrière lui. Il a le temps de le frapper violemment dans la mâchoire, l'autre soldat qui tenait le vieil homme le lâche et sort son épée, prêt au combat. Je l'envoie valser à travers la fenêtre déjà éclatée, il y a un cri et puis soudain, il n'y a plus que le silence. Des points noirs dansent devant mes yeux, ma tête tourne et je ne sens rien lorsque Lukas m'aide à me relever.

— Vous pouvez le faire, debout, me hurle-t-il.

Je lutte pour reprendre mes esprits, mais ma tête lancinante et l'épuisement qui m'accable me laissent faible et désorientée. La douleur pulvérise ma concentration, me laissant pantelante et vulnérable. Mon cœur bat la chamade et je sens que je pourrais m'effondrer à tout moment. Les points noirs qui dansent devant mes yeux me donnent l'impression de sombrer dans les ténèbres. Tout est flou, confus, et je me bats pour rester consciente.

— Je n'y arriverai pas, dis-je en soufflant.

— Vous pouvez le faire, affirme-t-il tout en essayant de me maintenir pour que je me relève.

Je tente de le repousser, en le suppliant de sauver sa peau, mais il insiste et m'oblige à me relever. Mes jambes tremblent sous mon poids, et je vacille dangereusement. Je ne sais comment, mais je parviens à trouver l'équilibre, mon corps luttant contre la douleur et la faiblesse. J'essaie de retrouver mes esprits, mais la panique me submerge, tandis que mes muscles endoloris me rappellent à chaque instant ma vulnérabilité. Malgré tout, je tiens bon, mon esprit résolu à ne pas céder.

— Restez à mes côtés, je vais vous protéger, me rassure-t-il en continuant d'avancer.

Nous atteignons la grande porte avec peine mais lorsque Lukas s'apprête à se saisir de la pognée, la porte s'ouvre à la volée. Je n'ai même pas le temps de relever la tête que je me retrouve violemment projetée contre un mur. Je m'écrase sur le sol, le choc et la douleur me font échapper un horrible hurlement. Mes yeux se ferment petit à petit, je n'arrive pas à lutter, ni à empêcher l'assassinat de Lukas qui se déroule devant mes yeux. Je vois le sourire sadique de mon père alors qu'il est en train de le poignarder. Le visage de Lukas se crispe de douleur et il se tient le ventre avant de s'effondrer sur le sol.

Un jet d'eau glacée s'abat sur mon visage et je me réveille en sursaut. Ma tête me fait souffrir, lancinante, tandis que des frissons parcours mon corps. La douleur qui me tord le dos est insupportable, et je lutte pour la contrôler. Je redresse la tête et affronte le regard de mon père, ce monstre, cet assassin. Il m'effraie, mais je refuse de montrer ma peur. Je lis sa fureur dans ses yeux, et je sens mon cœur battre la chamade. Il a de petites entailles sur les joues, qui renforcent son air impérial et autoritaire. Je sens une bouffée de colère me submerger, mais je me retiens, sachant que je ne peux rien faire contre lui.

— Vous avez essayé de me tuer, finit-il par dire en élevant la voix.

Il se déplace avec précaution, en tournant autour de mon lit et en me fixant intensément. Son regard ne me quitte pas, et je sens qu'il s'accroche désespérément à chacun de mes mouvements. Je ressens sa présence oppressante, comme s'il voulait s'imprégner de mon être. Je me sens vulnérable, comme un animal traqué, et je suis incapable de soutenir son regard plus longtemps.

— C'était le but, je réponds en essayant de m'assoir sur mon matelas.

Je ne parviens pas à bien me replacer alors il échappe un petit rire dédaigneux pour se moquer.

— Vous avez oublié un détail en me jetant à travers cette fenêtre. Je suis le chef du clan de l'air, je maitrise l'espace comme bon me semble.

— Je n'avais pas d'autres solutions, vous vous étiez protégé de mon pouvoir.

— Alors vous ne parvenez pas à m'atteindre ? demande-t-il surpris.

Je ne réponds rien mais il lève le menton pour que je le confirme.

— Non, plus maintenant, je ne suis plus assez puissante.

Il s'apprête à rire mais il fronce les sourcils avant de me jauger du regard.

— Votre magie n'est pas censée régresser. Comment est-ce possible ?

— A votre avis, je l'affronte en lui lançant un regard noir.

— Vous avez intérêt à vous reprendre en main, dit-il froidement.

— Vous le savez aussi bien que moi, tout ne dépend pas de moi.

— La magie est en vous, vous n'avez qu'à vous en servir.

— Elle n'est pas faite pour faire le mal, à faire la guerre et à instaurer la terreur comme vous essayez de le faire.

— Vous vous trompez, elle guide notre famille, elle est dans notre sang pour que l'on guide nos peuples. Elle est intimement liée à la peur et à la destruction.

— Je me refuse de l'utiliser, du moins de cette façon. Je ne m'en sens plus capable de toute façon, je ne vous sert plus à rien désormais.

— Vous abandonnez trop facilement.

— Elle est en train de me tuer.

— Parce que vous la laissez vous dominer.

— Vous n'avez toujours pas compris ? je demande les larmes aux yeux, cherchant en cet homme une once de bonté et d'empathie.

— Compris quoi je vous écoute ?

Il lève la tête pour m'observer, ses bras sont croisés contre son torse, et je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de méfiance. Je frissonne violemment, parcourue par des frissons qui me secouent de la tête aux pieds. L'eau continue de dégouliner de mes cheveux, créant une flaque sur mes draps. Je me sens humiliée et vulnérable, comme si j'étais exposée au regard de tous.

— Je n'ai jamais été comme vous, je ne le serai jamais. Est-ce que vous vous rendez compte du mal que vous m'avez fait ?

— C'est un endurcissement, réplique-t-il immédiatement.

— C'est de la torture, je rétorque, les larmes aux yeux, la colère bouillonnant dans mes veines.

Il fait un soubresaut, comme s'il venait de recevoir un coup, et je perçois une lueur d'émotion dans son regard froid. J'aimerais tellement qu'il comprenne, qu'il se rende compte de ses torts et qu'il me laisse partir. Je me demande s'il est capable de ressentir autre chose que la haine, la colère ou le désir de pouvoir. Peut-être qu'au fond de lui, il y a un être humain, avec des émotions et des sentiments ? Je suis bouleversée par cette idée, mais je me raccroche à cette mince lueur d'espoir.

— Avez-vous conscience que je suis votre fille ? que je vous déteste ? Que mon rêve ultime soit de vous tuer ? je crie pour lui montrer ma rage.

— Je le sais, tout ça je le fais pour nous.

— Non vous le faites pour le pouvoir.

— Assez, dit-il. Vous n'avez pas réalisé votre promesse, je ne sais pas ce dont vous êtes capable, vous ne me l'avez pas montré.

— Je ne peux pas ! je m'affaiblis ! Je sais ce que je peux faire, je peux vous énoncer un tas de choses mais je ne peux plus le faire, je ne peux pas tuer d'autres innocents !

Il s'apprête à dire quelque chose mais finit par fermer la bouche et sortir de la pièce en claquant la porte, me laissant seule.

— Et ! Je hurle. Et ! Revenez ! Revenez !

Je me lève avec difficulté, mes jambes tremblantes sous le poids de la douleur. J'avance à petits pas vers la porte, la détermination ancrée au plus profond de moi. Je lève la main pour frapper à la porte, mais mes coups semblent vains, résonnant dans le silence oppressant. Mes poignets commencent à rougir, mais je continue à frapper, plus fort à chaque fois, comme si j'espérais que ma volonté seule pourrait briser la porte. Les larmes coulent le long de mes joues, mais je refuse de me laisser submerger par la haine et la rage qui me rongent. Je suis déterminée à m'en sortir, coûte que coûte.

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